Née il y a à peine trois ans, la jeune Université des Comores s’affirme jour après jour. Les enseignements se font au sein de trois facultés : les Lettres et Sciences humaines, les Sciences et techniques, le Droit et les Sciences économiques, ainsi que dans des instituts comme l’École de médecine et de santé publique qui forme des infirmiers et des sages femmes, l’Institut de formation et d’enseignement et de recherche (IFERE), qui prépare les maîtres d’école, et l’IUT qui donne accès aux métiers de la gestion des entreprises, l’administration des collectivités, le tourisme, la conception de logiciel, l’urbanisme et l’habitat.

Des partenariats porteurs

Les Fac de Lettres et de Droit localisées sur le site universitaire de Mvouni dans les hauteurs de la capitale Moroni totalisent 2 tiers des 2.319 étudiants. Les études qui fonctionnent selon le système LMD s’arrêtent pour l’instant à la Licence, toutefois un Master en Droit est dispensé en partenariat avec l’Université française de Perpignan. Ce partenariat avec Perpignan fonctionne également dans une Licence délocalisée de “Qualité des aliments”. Selon le docteur Kamaliddine Afraitane, Doyen de la Fac des Sciences, cette dernière filière a déjà à son actif des réalisations concrètes. En plus de leur travail dans le contrôle qualité des aliments produits sur place et importés, les étudiants et leurs encadreurs ont mis au point une formule qui permet de transformer et de conserver des fruits locaux durant un an. C’est une nouvelle très encourageante pour ce pays tropical qui a plusieurs variétés de fruits qui périssent dans les arbres à chaque saison.
"Le partenariat, c’est l’axe prioritaire de la politique de notre Université", explique Youssouf Saïd Ali, directeur des Relations universitaires internationales, avant d’énumérer les actions réalisées par ses services.
En décembre 2005 une forte délégation de l’Université de La Réunion a fait le déplacement de Moroni... Elle était conduite par son président Serge Svizzero. Cette mission était composée des responsables des principaux départements, notamment le service commun des relations internationales, la bibliothèque centrale, le centre multimédia et des enseignants chercheurs. Elle a jeté les bases d’une coopération qui va des stages de formation dans la gestion des affaires universitaires, à la possibilité offerte aux enseignants comoriens de préparer des thèses à La Réunion en passant par la venue de mission d’enseignement et de recherche aux Comores. Une convention similaire impliquant la participation financière de la coopération française a été signée entre le président de l’Université des Comores et son homologue de Perpignan. Ce dernier avait fait le déplacement à Moroni avec nombre de ses collaborateurs. Des relations de coopération existent également avec des universités malgaches et du monde arabe.

Expertise comorienne

Cependant, ce qui fait la fierté du directeur des relations internationales, c’est la réciprocité des échanges qu’entretient la jeune institution avec ses partenaires de la sous-région.
En effet, le docteur Moussa Saïd, Doyen de la Faculté de Lettres, a déjà animé une conférence sur les contes, les traditions et les mythes à l’Université de La Réunion. De même, Monsieur Saïd Hachim Kassim, statisticien et enseignant chercheur à l’Université des Comores a dispensé des modules d’enseignement portant sur le recueil des données, et la compréhension des informations économiques et sociales à l’attention des étudiants de DEA en Sciences économiques et sociales de la santé de l’Université de Tamatave à Madagascar. Cette première expérience a été appréciée puisque cette Université a souhaité la poursuite de l’expertise comorienne dans les années à venir.

M. Aliloifa

Mise en place des unités de recherche

Depuis trois ans qu’elle existe, l’Université des Comores cherche encore ses marques sur le plan de la recherche. En novembre dernier, un bureau de coordination de la recherche a été mis en place et après quelques mois de gestation, les premières unités de recherche commencent à voir le jour.
Des chercheurs de l’Université des Comores opérant dans diverses disciplines, notamment des linguistes, des chercheurs en sciences de l’éducation, des didacticiens, et des professeurs de français, ont constitué une unité de recherche en Linguistique avec l’aide de linguistes malgaches sur un financement d’Agence universitaire de la Francophonie (AUF).
Cette unité travaillera en réseau avec l’Université de La Réunion et les universités malgaches sur la pratique de la langue française. Il s’agit d’étudier les difficultés liées à la pratique de la langue française et voir dans quelle mesure, l’apprentissage du système et du mode de fonctionnement des langues maternelles que ce soit le créole, le comorien ou le malgache permet de lever une bonne partie de ces difficultés.

M. Aliloifa

L’histoire de l’Afrique passe par les Comores

Dans la même semaine, les plus hauts responsables du réseau africain d’archéologie et des universitaires venus de Tanzanie, Ouganda et Madagascar sont venus relancer le travail qu’ils faisaient auparavant avec le Centre national de documentation et de recherche scientifique (CNDRS), en impliquant la toute jeune université.
Selon le professeur Jean-Aimé Rakotoarosoa, directeur du musée des arts et d’archéologie de l’Université de Tananarive, l’Afrique a atteint une certaine maturité dans l’expertise et il est temps qu’elle forme ses propres cadres et réécrivent son histoire. Et comme il n’est pas envisageable de travailler sur les mouvements de peuplement de l’Afrique de l’Est sans s’intéresser aux Comores, l’appui des collègues comoriens est nécessaire. Ce groupe de recherche aux Comores est composé d’anthropologues et d’historiens dont le plus éminent est Monsieur Damir Ben Ali, président de l’Université.

M. Aliloifa

Le volcan et les plantes

Toujours dans la même semaine, après leurs travaux réalisés avec leurs collègues des Comores, le Docteur Nassor Hamidou volcanologue à l’observatoire du Piton de la Fournaise, chercheur associé à l’Université de La Réunion et le Professeur Jean-Noël Labat, botaniste au Muséum d’histoire naturelle de Paris ont animé chacun une conférence à l’université.
Les étudiants, les chercheurs comoriens, les humanitaires et les responsables associatifs présents ont pris une part active dans les débats très enrichissants que ce soit sur la nature et les conséquences des trois dernières éruptions du Karthala ou l’herbier entre tradition et modernité.

M. Aliloifa