Fin de ramadan

L’effervescence des grands jours

1er octobre 2008

La tradition sera respectée, chaque enfant aura bien droit à des habits et des chaussures neufs pour la fête de la fin du ramadan. En dépit de la crise économique aigue, les Comoriens se bousculent depuis quelques jours dans les magasins et surtout auprès des vendeurs ambulants.

frénésie d’achat durant les derniers jours du ramadan
(Photo Ali)

Depuis le marché de Volo-volo jusqu’à la place Ajao en passant par le quartier Magoudjou, les voitures, les vendeurs et les acheteurs se suivent, se croisent et se bousculent. Ils viennent par milliers de tous les coins de l’île pour faire les courses. Les meilleures affaires se font ces derniers jours. Ce n’est pas le choix qui fait défaut, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Ceux qui sont prêts à mettre le prix se rendent dans les magasins de prêt-à-porter situés dans les banlieues de Moroni où se vendent les "made in France".
Les magasins du centre-ville proposent une gamme très variée d’articles pour les enfants et pour la maison venant principalement de Dubaï. Conjoncture oblige, les plus sollicités sont les vendeurs ambulants qui bradent tout à prix cassés. Les vêtements, les chaussures, les ustensiles de cuisine, les produits de toilette jusqu’aux téléviseurs et lecteurs DVD, vous pouvez les négocier dans la rue trois fois moins cher.
La pression des commerçants depuis des années contre ces vendeurs à la sauvette vient de porter ses fruits. En effet, à l’initiative de la Chambre de Commerce de Ngazidja, les vendeurs ambulants viennent d’être regroupés au Stade Baumer de Moroni. Au départ, il y a eu beaucoup de résistance et de protestation contre cette décision de priver le petit vendeur de son gagne-pain pour faire plaisir aux commerçants installés dans les magasins. Toutefois, au final, le lointain stade est devenu en l’espace de 15 jours le nouveau centre-ville. Il s’est créé une route du commerce entre ce nouveau pôle d’activité du Sud de la capitale et le marché de Volo-volo situé à l’extrême Nord. Et comme les Comoriens aiment bien regarder, toucher, renifler, comparer avant d’acheter, ce sont des milliers de personnes qui traversent la ville toute la journée. Les petites boutiques de la médina peu fréquentées d’habitude se frottent désormais les mains.

Cette frénésie d’achat des derniers jours du ramadan n’a d’égal que l’effervescence qui secoue l’île de La Réunion et les autres nations d’occident à la veille de noël. Car ici également l’enfant est roi. Quelques que soit la condition sociale, et malgré la crise économique aigue chaque enfant aura ses habits et ses chaussures neufs.

A l’assaut des voiles syriens

Et pourtant, les commerçants continuent de se plaindre. « Nos autorités doivent réglementer les activités économiques des étrangers. Ils doivent investir dans les domaines qui nous dépassent et non vendre des babioles dans les rues ». Ce qui rend irascible Daroueche Salim depuis son magasin de Magoudjou, c’est la foire organisée au foyer de femmes de Moroni par des commerçants venus de Syrie. Certains articles sont très concurrentiels, notamment les ustensiles de cuisine, les produits de toilette, les nappes, les rideaux et les draps. Tout étant aujourd’hui dans le prix, cela captive beaucoup de clients et amène quelques désagréments. Il faut garder fermement collé à soi son enfant car il risque de vous échapper tant la circulation dans cette immense salle couverte est difficile. Ceux qui résident à Moroni préfèrent venir la nuit après la rupture du jeûne et la prière, afin d’éviter la chaleur à défaut des bousculades.
Contrairement à ce que l’on peut penser, le produit qui se vend le mieux, c’est le voile. Les jeunes filles les plus coquettes prennent de plus en plus un plaisir certain à se couvrir, mais pas avec n’importe quoi. Il n’y a plus de place pour l’austère polyester noir. Les voiles des jeunes Comoriennes sont faits de tissus fins dont la qualité, la couleur, les motifs et les prix sont sensiblement variables.
A propos du commerce des étrangers, un journaliste explique que c’est le patronat local qui n’est pas cohérent. « Les trois quarts des opérateurs font leurs affaires à Daresalam, Majunga et surtout à Dubaï et dans quelques autres pays de l’Orient. Au prix où ils revendent les marchandises à Moroni, les Malgaches, les Tanzaniens et les Syriens préfèrent venir eux-mêmes vendre sur place ».
Et bien entendu, ce ne sont pas les consommateurs comoriens qui vont les boycotter.

De notre correspondant
A. Mohamed


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