Début de ramadan

L’inflation s’enflamme

4 septembre 2008

Le mois sacré de ramadan a débuté dans des conditions assez difficiles pour le commun des Comoriens. La grave pénurie des produits pétroliers du mois dernier n’a pas fini de léser une économie déjà malade.

Lundi dernier, les Comoriens ont commencé le jeûne du ramadan. Durant ce mois de recueillement, la journée d’abstinence est coupée habituellement par de grands festins le soir. Cependant, cette année, plusieurs éléments sont venus ternir le quotidien des Comoriens. Si la hausse des produits pétroliers s’est répercutée naturellement sur le reste des produits de consommations, la pénurie qui a duré plus d’un mois continue à hanter les esprits et à désorganiser davantage le commerce déjà peu réglementé.
Mohamed Issa trouve que c’est une grave erreur de gestion de limiter les quantités vendues à la pompe : « les longues files qui continuent de s’étirer devant les stations-service alimentent la psychose et encouragent l’inflation sauvage. Il faut laisser les gens stocker le carburant chez eux car ils arrêteront d’eux-mêmes lorsqu’ils vont regarder leur portefeuille ou si une ou deux maisons prennent feu ».
Il est avéré en effet que c’est le temps perdu pour s’approvisionner qui sert de prétexte à la hausse des prix des taxis et, par ricochet, à l’ensemble des denrées de premières nécessités.
La course en taxi dans Moroni est passée de 300 à 325 kmf (franc comorien - ndlr), mais dans la pratique, c’est l’anarchie. Selon la tête du passager, on lui fait payer 350, 400 et parfois 450f aux heures de pointe.
« Nous savions qu’en cette période, le manioc et la banane sont toujours hors de portée de notre bourses, mais il y avait le pain, la farine et le lait... ; cette fois-ci, on nous asphyxie complètement en nous enlevant la possibilité de nourrir nos enfants », se plaint l’agent de sécurité en faction devant un bâtiment administratif. De son côté, le patronat local déplore les pertes subies par les importateurs de produits carnées durant la pénurie d’hydrocarbure et se plaint de l’absence de dialogue avec les autorités.

Mon pays va mal

Pendant ce temps, tout le corps médical est en grève depuis plus d’un mois pour exiger la reconnaissance de son statut particulier. Les enseignants réputés grévistes ont quant à eux mis en veilleuse leurs revendications salariales le temps d’organiser les examens nationaux avec près de deux mois de retard sur le calendrier scolaire. À propos des examens, il faut noter au passage qu’ils ont été entachés par de nombreux cas de fraudes, de fuites d’épreuves et de... très mauvais résultats (près de 6% d’admis au premier groupe du Bac).
Ce sombre tableau ne saurait se refermer sans donner un aperçu des contre-performances chroniques de la société MAMWE en charge de la distribution de l’électricité et de l’eau. Elle vient d’opérer le choix de délester les 3/4 de l’île pour alimenter la capitale une partie de la journée et la moitié de la nuit tout simplement parce qu’elle n’arrive pas acheter suffisamment de carburant pour faire tourner normalement ses générateurs.
En guise de conclusion, après des heures de palabres devant le siège du Trésor Public, un ancien ministre a paraphrasé le chanteur ivoirien en disant : « mon pays va mal et manque et ses médecins vont encore plus mal ».
En effet, la veille du début du mois de ramadan, le président de l’île et celui de l’Union ont souhaité un bon ramadan à leurs concitoyens à travers les ondes. Tous deux ont longuement disserté sur les origines et les causes des crises sans proposer de mesures concrètes pour atténuer ses effets sur les franges les plus vulnérables de la société. C’est un Imam qui a trouvé la meilleure formule en disant que Dieu a provoqué cette crise pour éprouver la foi des musulmans : « les actes de piété effectués dans des conditions difficiles multiplient leurs valeurs ».

De notre Correspondant,
A.Mohamed


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