Après le cyclone Gafilo

La disparition du ’Sam Son’ renforce l’enclavement des Comoriens

17 mars 2004

La disparition du ferry comorien "Sam Son" fait qu’à l’heure actuelle il n’existe aucun moyen légal, pour un citoyen ordinaire comorien, de se rendre à Madagascar sans passer par un pays tiers. Il faudra surtout demander un visa de transit à l’ambassade de France, soit pour La Réunion, soit pour Mayotte, ce type de demande étant rejeté dans près de 90% des cas. « Certes, on peut toujours passer par Nairobi, mais cela coûte trop cher », indique un diplomate comorien.

Depuis que le gouvernement malgache a suspendu les liaisons aériennes entre les Comores et la Grand Île, le "Sam Son", qui a disparu dimanche en mer avec 120 passagers à bord, était devenu le seul moyen de transport régulier entres les deux pays. « L’avantage de ce bateau est qu’il était régulier. Les hommes d’affaires pouvaient aller à Madagascar effectuer leurs achats, embarquer leurs marchandises dans d’autres bateaux plus grands avant de rentrer ensuite par ce ferry », explique un opérateur économique comorien familier de la Grande Île. Le "Sam Son" transportait les hommes d’affaires spécialisés dans les produits malgaches, mais aussi les malades se rendant sur l’île pour des soins et surtout les étudiants comoriens, sans parler de la cohorte de tous ceux qui s’y rendaient pour des raisons familiales, beaucoup de familles étant liées entre les deux pays. Sa capacité à ramener du fret n’était pas élevée : seulement 150 tonnes, mais cela ne lui permettait pas moins d’approvisionner le marché comorien en denrées divers comme le poisson sec, les matelas, les grains, l’oignon, l’ail, etc. Jusqu’à l’arrêt d’importation des zébus, décidé par Antananarivo, c’est le "Sam Son" qui en assurait le transport. « Un chargement de zébus pouvait rapporter jusqu’à 300.000 francs français au bateau », explique à la PANA Said Djaé, un homme d’affaires qui connaît bien le secteur.

Le ferry effectuait deux rotations par mois et prenait à son bord jusqu’à 200 personnes pour des billets aller-retour d’un coût de 200 euros pour une traversée de 30 heures en général. L’embarcation avait été fabriquée à Verksted, au Danemark, et mise à l’eau en 1967. Elle était dans la zone de l’océan Indien depuis 1996. Long de 46,90 mètres, ce navire en acier aurait servi dans le transport au Danemark avant de se retrouver à Madagascar. La dernière révision générale du moteur a eu lieu en décembre dernier dans l’atelier Vincent à Mahajanga, selon Nadir Joulette, son armateur.


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