Comores / Union européenne

Lancement du programme de coopération décentralisée

22 décembre 2006

De notre correspondant permanent A. Mohamed

Au cours de l’atelier, la cellule de gestion a dévoilé l’articulation du programme, le calendrier d’exécution et le mode d’intervention aux acteurs institutionnels et à la société civile. Doté d’une enveloppe budgétaire de 10.25 millions d’euros, ce programme va appuyer la décentralisation des institutions, le renforcement des organisations de la société civile, les initiatives de développement local et le traitement des déchets.

C’est en présence du Ministre de la Justice chargé de la Décentralisation, le Secrétaire général du Ministère des Finances Ordonnateur suppléant du FED, du Président de la Cour constitutionnelle que s’est ouvert le premier d’une série d’ateliers visant à présenter les objectifs et le processus d’exécution du programme aux acteurs et bénéficiaires. Audrey-Anne Robson, chargée de mission de la Délégation de la Commission européenne, représentait le bailleur au coté de Moudjmal Mohamed Issa, chargé de programme à la Cellule d’Appui à l’Ordonnateur National du FED, le maître d’ouvrage.

C’est l’équipe technique de BDPA, le cabinet international retenu pour la mise en œuvre de ce colossal chantier, qui a animé l’atelier. Après l’exposé, les bénéficiaires qui sont également les acteurs n’ont pas manqué d’exprimer leur préoccupation quant à la difficulté des couches les plus démunies de monter les dossiers de demande de subvention et de trouver les 25% de participation exigée.

Les contributions de certains participants, notamment le Fond d’Appui au Développement Communautaire FADC, ont été bien accueillies par les organisateurs de la rencontre. En effet, Mihidhoir Sagaf, le Directeur national de cet organisme financé par la Banque mondiale, a révélé à l’assistance son approche en matière de politique de développement local en cours d’expérimentation dans certains villages.

Les responsables du projet et la représentante de l’Union européenne ont rassuré les uns et les autres, en expliquant que le renforcement des capacités, l’implication des acteurs bénéficiaires, la recherche des complémentarités contribueront à lever les obstacles rencontrés en cours de route. Par ailleurs, le concept “approche processus” constitue, selon un des conférenciers, un outil pertinent car il permettra de s’adapter au contexte et aux situations.

Priorité à la collecte et au traitement des déchets

Pour Saïd Mohamed, représentant d’une des organisations de la société civile, ce programme est bienvenu au moment où le pays s’engage dans la décentralisation à tous les niveaux : « Je reconnais que le mode d’intervention choisi est susceptible d’éviter les erreurs du passé en favorisant une plus grande considération des bénéficiaires, mais entre les intentions et les actes, l’histoire sera témoin ».

De tous les axes d’intervention de ce projet, le plus attendu est sans nul doute celui qui va appuyer la gestion des déchets. En effet, aucune ville jusqu’ici ne dispose d’un système formel de collecte des ordures ménagères. Une association de Mitsamiouli, au Nord de Ngazidja, essaie tant bien que mal depuis 10 ans d’assurer la propreté de la ville et surtout le littoral sans grands résultats.

Toutefois, c’est la capitale qui en souffre le plus. Une entreprise privée née à la fin des années 80 faisait le ramassage pour ses abonnés, mais ses moyens limités, le manque de sensibilisation et le faible pouvoir d’achats dans certains quartiers ont rendu aléatoire le service.

Par ailleurs, en 2001, un programme d’urgence financé par l’Union européenne avait expérimenté pendant quelques mois un programme de ramassage des ordures ménagères à Moroni. Aujourd’hui, c’est une entreprise privée en contrat avec l’Etat qui opère, mais les difficultés de se faire payer, le non respect des lieux et des horaires de dépôts compliquent sérieusement la tâche, selon Oumi Saïd Abdérémane, la gérante : « C’est difficile de payer régulièrement son personnel et les engins de location, lorsque l’Etat accuse des mois de retard, mais c’est la fermeture du site d’entreposage de Séléa qui bloque notre activité et indispose les habitants de la capitale comme ce week-end », poursuit-elle au bord du découragement.

En fait, jusqu’ici, il n’existe aucune forme de traitement des déchets. C’est une décharge à ciel ouvert au Sud de Moroni qui accueille les ordures ménagères, et le village voisin exige de temps à autre un meilleur traitement du site et des dédommagements financiers.

A. M.


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Messages

  • Suite à l’article sur le traitement des ordures ménagères aux Comores, ensemble avec avec des collègues français, nous sommes en train d’élaborer un projet sur le compostage des ordures ménagères aux Comores en utilisant un ferment organique afin d’accélerer la décomposition. Cependant, un des problèmes majeur est le tri des ordures biodégradables à partir des foyers avant d’effectuer un dernier tri à l’usine. Ce projet pourrait aussi engendrer un autre sur la valorisation des graines de Jatroha curcas en utilisant les tourteaux comme bioferilisant et l’utilisation de l’huile comme bicarburant et/ou la production du savon local. Le 1er projet pourrait coûter entre 20 et 25. 000.000 Fc et le 2ème entre 6 et 10.000.000Fc. Je voudari savoir si le programme sur la coopération décentralisée pourrait financer au moins un de ces deux projets dont les avantages socio-économiques, agricoles et environnementaux sont importants et auront un impact positif sur le développement durable et la lutte contre la pauvreté.

    Said Omar S. H.


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