Comores / Société

Le Ramadan valorise les produits agricoles

5 octobre 2006

Tenues vestimentaires de circonstance notamment pour les femmes, grande affluence dans les mosquées pendant les prêches et aux heures de prière caractérisent Moroni ces derniers jours. Toutefois, cela ne serait pas vraiment le Ramadan s’il manquait cette fiévreuse agitation devant les étales des produits agricoles dans les marchés.

Déjà difficile d’accès tous les jours pendant tous les mois de l’année, le Marché de Volo-volo a pris depuis quelques jours des allures de Mina, ce haut lieu du pèlerinage à la Mecque. En essayant de réguler la circulation, la police ajoute de la confusion.
Personne ne daigne jeter un coup d’œil aux dizaines de marchands ambulants massés sur les trottoirs et autour du bâtiment, leur heure de gloire sonnera à la fin du mois. Ces jours-ci, il n’y a que pour les vendeurs de bananes, manioc, tarot, noix de coco, etc...
Et pour cause, ces “produits pays’’ consommés en général en milieu rural, constituent la base du régime alimentaire des populations urbaines durant le mois du Ramadan. Conscients de cette forte demande momentanée, les cultivateurs, et surtout les revendeuses, ne se privent pas de faire monter les enchères.
Hadidja, mère de famille et secrétaire dans une administration publique, ne retient pas sa colère : "Chaque année, c’est la même chose, les autorités fixent des prix, mais dans la réalité, les revendeuses ne font qu’à leur tête. Cette fois-ci, nous avons élu un Président sur la seule promesse de baisser les prix des denrées de première nécessité, alors nous refusons que l’on nous arnaque une fois encore".
De son côté, Mariama, enseignante dans un collège, présente ses achats en critiquant la hausse arbitraire des prix : "Ce tas de maniocs qui fait moins de 2 kg m’a coûté 2.000 francs (4 euros). Mon mari aime bien les bananes frites, mais il va devoir s’en passer car c’est au-dessus de mes moyens".

Consommateurs et cultivateurs sans intermédiaire

En fait, il n’y a pas que les produits agricoles qui ont flambé, le poisson et la viande ont également suivi la courbe ascendante. Cependant, ce qui préoccupe la plupart des ménages, c’est la disparition des incontournables ailes et cuisses de poulets durant les premiers jours du mois, et la distribution actuelle au compte goûte à des prix fortement majorés.
C’est d’ailleurs l’argument massue des vendeurs pour justifier les prix qu’ils affichent : "Je sais bien que ce tas de maniocs que je vends à 2.000 francs ne suffit pas à nourrir une famille, mais je n’ai pas le choix car il me faut acheter du poisson et des produits importés qui coûtent tout aussi cher".
Sa voisine renchérit en disant que "nous sommes des vendeuses, mais aussi des consommateurs, la pression du gouvernement ne doit pas s’arrêter sur nous".

Prenant la mesure du problème, le gouvernement de l’Union a essayé en vain de maîtriser l’inflation. Cependant, sa nouvelle trouvaille se révèle un véritable succès.
Chaque samedi, la Chambre de Commerce et d’Agriculture, en collaboration avec le Syndicat National des Agriculteurs, organise une foire dans laquelle consommateurs et cultivateurs se rencontrent sans intermédiaire.
Ali Hadji, cultivateur de la région de Mboudé, estime que cette initiative vient à point nommé pour instaurer une pratique commerciale saine. En effet, les organisations professionnelles ayant mis à leur disposition des moyens de transport, un espace et des clients assurés, les cultivateurs gagnent du temps et les ménagères font de bonnes affaires.

M. Aliloifa


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