Extradition de Mohamed Bacar

Le RIDJA demande le soutien de l’Union africaine

1er avril 2008

Saïd Larifou, que certains reprochaient de n’avoir pas été là pour manifester aux côtés des opposants de Mohamed Bacar, est revenu sur l’actualité à Anjouan, appelant à travailler à l’avenir de l’île et de l’archipel dans son ensemble. Le RIDJA qu’il préside interpelle l’Union Africaine, pour qu’elle exige des autorités françaises l’extradition de Mohamed Bacar et de ses hommes de mains.

Se félicitant du « succès de l’intervention militaire menée conjointement par l’armée nationale comorienne et les forces de l’Union africaine pour rétablir l’ordre constitutionnel et surtout réaffirmer l’autorité de l’Etat dans l’une des îles composantes de l’Union des Comores », l’avocat franco-comorien, bien connu à La Réunion, Saïd Larifou, président du parti comorien Rassemblement pour une initiative de développement avec une jeunesse avertie (RIDJA), « remercie les pays amis dont la contribution a permis d’éviter les pertes en vies humaines, et les dégâts matériels que l’on redoutait ». Des pays amis qui ont contribué à une première phase du rétablissement de l’autorité de l’Union des Comores à Anjouan. L’avocat rappelle également à la France les lignes de sa nouvelle politique africaine, prônée par le Président Nicolas Sarkozy, lors de sa dernière visite présidentielle en Afrique.
L’autorité de l’Union des Comores doit être respectée, autant par l’Union africaine, que par la France. Cela apaiserait la frustration des Comoriens, à l’intérieur comme à l’extérieur des Comores. Le sentiment de colère, d’indignation et de révolte du peuple comorien est largement compréhensible. Et il a tout droit de se questionner sur l’attitude française quant à l’accueil sur son sol d’un dictateur, n’ayons pas peur de le dire.

« Un climat de sérénité »

Si l’on peut déplorer les événements à Mayotte, on peut encourager l’engagement des Comoriens, d’où qu’ils vivent, à faire entendre le message fondamental : Mohamed Bacar et ses hommes doivent être extradés à l’Union des Comores, qui a toute légitimité pour juger un de ses citoyens. Il faut juste que l’Etat comorien certifie que la vie de Mohamed Bacar soit épargnée.
« Nous sommes conscients que le climat d’extrême tension existe aux Comores, consécutif à la libération de l’île d’Anjouan et marqué par la fuite de Monsieur Mohamed Bacar ne permet pas en l’état d’assurer son retour dans le calme et la sérénité nécessaire et requis. C’est pour cette raison que le RIDJA estime que la coopération entre la communauté internationale et les autorités comoriennes permettrait de préparer son retour aux Comores dans un climat de sérénité pour y être jugé conformément aux dispositions de la charte de l’Union Africaine, qui assurera à Mohamed Bacar ses droits en tant que personne prévenue ou bien accusée, mais qui assure aussi au peuple comorien sa demande légitime pour un procès pour Les Comores et pour l’histoire », explique Saïd Larifou. Oui, pourquoi s’abaisser à croire que l’Union des Comores soit incompétente pour juger un des siens ?

Extrader Mohamed Bacar

On l’aura compris, le RIDJA veut exprimer sa voix, saluant le pas vers une reconnaissance de l’autorité comorienne par la communauté internationale, et annonçant l’espoir d’un « tournant prometteur dans la lutte contre les crimes commis contre les institutions de l’Etat comorien, marquée par les événements qui secouent notre pays depuis l’indépendance, mais surtout depuis mars 1997, notamment par la crise séparatiste de l’île d’Anjouan », selon les mots de Saïd Larifou. « Ce qui s’est passé aux Comores ces deux dernières semaines est la traduction souhaitable de la coopération internationale que nous souhaitons nourrir, enrichir, avec tous les pays amis des Comores. Maintenant, il y a un autre problème qui se pose, c’est le problème lié à la fuite de l’ex-président de l’île d’Anjouan monsieur Mohamed Bacar vers Mayotte, et puis maintenant sa présence ici un territoire Réunionnais, en territoire français. Cette fuite a créé au sein de la population comorienne une grande frustration, et un profond sentiment d’indignation, de colère, voire de révolte », déclare-t-il également. Il faudrait dire les choses clairement.
Il est temps de se demander pourquoi les clandestins anjouanais de Mayotte sont enfin sortis de l’ombre, pour malheureusement attaquer les “Blancs de Mayotte”, synonyme de présence française, d’autorité française. Pourquoi, eux, sont pourchassés de Mayotte, continuellement, avec acharnement, alors qu’un criminel avéré peut librement circuler sur un sol dit français ? L’asile politique est-il réservé aux seuls dictateurs des anciennes colonies françaises ?

S’approprier son destin

Mohamed Bacar est sûrement un des éléments explicatifs de la situation misérable anjouanaise, et les actes condamnables qu’il aurait commis doivent être examinés par une justice compétente. Pourquoi ne serait-elle pas comorienne ? Le Ministre de l’Outre-mer Yves Jégo, en annonçant l’appel du Parquet de Saint-Denis, et l’éventualité de nouvelles procédures judiciaires à l’encontre de Mohamed Bacar et de ses hommes, laisse-t-il entendre que la France jugera les actes criminels commis pendant sa présidence autoproclamée de l’île d’Anjouan, ou qu’elle s’attardera davantage sur les deux chefs d’accusation, à savoir l’entrée illégale et l’introduction d’armes de guerre sur le sol français ?
C’est largement du ressort de la diplomatie entre les deux Etats, l’un faisant valoir l’autorité judiciaire comorienne, l’autre affirmant l’intégrité de son sol national. Mais la France entendra-t-elle la question comorienne ? L’Union Africaine saura-t-elle aboutir à l’extradition de Mohamed Bacar aux Comores ? « Le peuple comorien souhaite que l’ancien dirigeant anjouanais Mohamed Bacar puisse être jugé aux Comores, d’une part pour qu’il réponde des faits qui pourraient lui être reprochés, et surtout pour que son éventuel procès soit l’occasion pour les Comoriens de s’approprier de leur destin », déclarait Saïd Larifou.
Pour l’heure, il importe que la communauté internationale reconnaisse l’autorité comorienne, et notamment La France qui doit remettre aux Comores un citoyen comorien accusé d’actes condamnables. Un Comorien installé à La Réunion me posait une question fort intéressante : si un candidat malheureux aux élections françaises s’autoproclamait Président de La République, et que chassé du pouvoir par des forces internationales il trouvait refuge aux Comores, les Comoriens doivent-ils l’extrader à qui de droit ?

Willy Técher


RIDJA : Envisager l’avenir des Comores

Saïd Larifou, au nom du RIDJA, préfère appréhender l’avenir des Comores. L’opération “Démocratie aux Comores” est-elle bien nommée ? Il faut réunir toutes les conditions pour que cela soir réelle. Cela commence par l’élection au plus vite, et dans un climat pacifié, du président d’Anjouan, sans aucune pression intérieure ou d’ailleurs. « Nous appelons au renouvellement rapide des assemblées des îles d’Anjouan et de Mohéli, dont les mandats sont arrivés à terme le 17 mars dernier », lance Saïd Larifou.
L’avenir des Comores se jouera également lors de la Conférence intercomorienne demandée par le Président Sambi, qui réunira toute la classe politique comorienne.
Le RIDJA demande que cette conférence se tienne après l’élection de l’île d’Anjouan. Cette conférence abordera la question du séparatisme, ses causes et ses conséquences. Comment envisager le développement, économique, sociale, culturel ? Peut-être en revisitant l’architecture institutionnelle des Comores ? Ou encore en se basant sur les investisseurs étrangers, notamment les Emirats Arabes Unis ? Le RIDJA ne manque apparemment pas de propositions.


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