Comores : Pressions diplomatiques et militaires

Les jours du Colonel Bacar sont comptés

21 février 2008

L’imminence d’une intervention militaire à Anjouan se précise, avec la livraison à Moroni d’hélicoptères de combat. Pendant ce temps, le Ministère français des affaires étrangères vient de confirmer sa participation aux cotés de l’Union Africaine, de la Tanzanie et de l’Afrique du sud à une ultime médiation le 22 janvier pour éviter un bain de sang à Anjouan.

Le Colonel Bacar (à droite) avec le président de l’île de Ngazidja.

Le rétablissement de l’ordre sur l’île comorienne d’Anjouan est désormais le seul sujet de conversation dans l’archipel. À Mutsamudu, le chef-lieu de l’île rebelle, la population majoritairement proche de Sambi et subissant pour cette raison des exactions de toutes sortes, attend impatiemment le débarquement militaire.

Les habitants de Fomboni, dans la petite île de Mohéli, se sont réjouis au départ de l’arrivée des officiers de l’armée venus préparer la logistique du centre des opérations. Pour eux en effet, ces mouvements ont brisé la monotonie d’une ville où il ne se passe jamais rien. Cependant l’arrivée des 600 hommes et des dizaines de véhicules militaires défilant à toute allure dans les rues poussiéreuses commence à agacer. Maintenant tout le monde à hâte de voir ces hôtes encombrant quitter les lieux, mais pas pour retourner à Moroni : « Ces militaires polluent notre tranquillité, mais nous les supporterons encore à condition qu’ils aillent effectivement à Anjouan », explique un enseignant à une vingtaine de personnes autour de lui.

Quant à Moroni, capitale de l’île de Ngazidja et en même temps capitale de l’Union des Comores, c’est l’effervescence depuis des mois. Ici, en plus des nombreuses places publiques et des médias communautaires dédiés aux palabres, l’activité politique est très intense. Des partis politiques en veilleuse et d’autres nouvellement créés ont trouvé une occasion de s’exprimer : pour ou contre l’intervention militaire.

La France pour l’Unité des Comores

Depuis quelques jours cependant, les positions ont beaucoup évolué et l’unanimité semble se constituer autour de la légitimité du recours à la force. Le dernier revirement en date est celui de Maître Said Larifou, président du “parti Ridja”. En effet, début janvier, cet avocat avait pris à partie le président de l’Union avec des mots très durs, sur sa gestion du dossier d’Anjouan et la conduite des affaires de l’État en Général. Or, dans une interview téléphonique depuis l’île de la Réunion où il réside, il vient d’appeler la classe politique et les Comoriens en général à soutenir les actions du président Sambi dans la gouvernance du pays, et en particulier dans sa décision d’envoyer l’armée contre le Colonel Bacar.

Pour le syndicaliste Msahazi Soulé, la vox populi s’étant exprimée pour le recours à la force, les hommes politiques ont peur d’aller à contre-courant : « Sambi lui-même cherche à éviter la guerre, mais il est pris à son propre jeu et il ne peut plus reculer ».
Il s’avère pourtant qu’une porte de sortie vient de s’ouvrir pour tout le monde. En effet, dans un communiqué publié le 18 février, le Quai d’Orsay a confirmé sa disponibilité à participer à une mission dite de la dernière chance le 22 février.

Programmée depuis plusieurs jours, cette mission de médiation devrait comprendre outre la France, l’Afrique du Sud qui coordonne les efforts des pays de la région dans cette crise, ainsi que la Tanzanie qui préside l’organisation panafricaine et qui dispose déjà de 300 militaires aux Comores. Le diplomate Mozambicain Francesco Madeira, chargé du dossier par la Commission de l’Union Africaine, sera évidemment de la partie.

Par ce communiqué, la France, accusée souvent par certains Comoriens de soutenir le séparatisme, vient d’exprimer une position claire en faveur de la restauration de l’Unité des Comores. Un haut fonctionnaire au ministère comorien des relations extérieures estime que le renforcement du dispositif militaire avec l’arrivée d’hélicoptères de combat a basculé l’équilibre des forces et devrait favoriser une issue pacifique.

De notre correspondant,
A. Mohamed


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