Comores : discours du président Sambi à Anjouan

Mohamed Bacar « ne mérite pas d’être la cause d’une dégradation des relations entre la France »

10 avril 2008

La première visite du Chef de l’Etat samedi 5 avril 2008 à Anjouan, son île natale où, depuis un peu plus de 9 mois, il était « interdit de séjour » par les rebelles, s’est inscrite dans l’Histoire post-indépendance des Comores comme le jour de « l’enterrement du séparatisme ». Voici quelques extraits du discours prononcé par le président Sambi.

« Un jour de 1997 », déclarera-t-il en substance, un homme a, au nom des Anjouanais, déclaré aux Comoriens et au monde entier : “nous avons fait sécession”. Aujourd’hui, je proclame, en votre nom, aux Comoriens et au monde entier : « J’ai uni et rassemblé le pays. Nous avons définitivement enterré le séparatisme ».
Tout au long de son discours de près d’une heure, le Président Ahmed Abadallah Sambi, solennel et pédagogue, a abordé des sujets aussi essentiels que l’unité nationale, les relations entre les Comores et la France, la nécessité du juger Mohamed Bacar et les rebelles, avant de rendre un vibrant hommage à l’Armée Nationale de Développement et d’exprimer la gratitude du peuple comorien envers les troupes de l’Union Africaine et les pays qui ont aidé à la libération d’Anjouan.
« La France n’est pas notre frère, elle n’est pas notre ennemie, elle est notre amie. C’est un Etat qui connaît et qui défend ses intérêts, rien de plus, tandis que nous, le plus souvent, nous ne savons même pas où se trouvent les nôtres. La France a fait une chose qui nous a offensés et provoqué notre colère. Notre attitude est claire. Chaque fois qu’elle nous fera du bien, nous en parlerons et exprimerons notre gratitude. Mais lorsque nos intérêts seront bafoués, nous le dirons également ».

Mayotte : solution dans le dialogue

Le Chef de l’Etat a ainsi salué l’importante contribution de la France au débarquement à Anjouan et le soutien précieux qu’elle a apporté aux Comores devant les institutions de Bretons Wood.
« Mais entre la France et nous, il y a le litige de Mayotte, notre territoire où on veut nous interdire de nous rendre. Pour nous, la présence française à Mayotte n’est pas légitime. La France prétend le contraire. Je souhaite que le dialogue que le Président Sarkozy et moi-même avons préconisé entre dans les faits pour trouver une solution rapide et acceptable à ce litige, d’autant plus que la preuve vient d’être faite, une fois de plus, que nos malheurs transitent le plus souvent par Mayotte ».
« Aujourd’hui, l’affaire Bacar est venue s’ajouter à la frustration des Comoriens », a poursuivi le Président Sambin, qui estime toutefois que « Mohamed Bacar qui a commis tant de crimes dans son pays ne mérite pas d’être la cause d’une dégradation des relations entre la France, le pays des droits de l’Homme, et les Comores ».

« Planter l’arbre de l’honnêteté »

Evoquant l’argument de l’existence de la peine de mort aux Comores, avancé pour écarter l’extradition et le jugement devant les tribunaux comoriens, le Président Sambi dira qu’il n’est « pas question que Bacar et ses acolytes restent impunis, même s’il faut, pour cela, les faire juger à Arusha ou à La Haye ».
Le Chef de l’Etat a ensuite longuement rendu hommage au Maroc, « qui a permis à notre armée de se moderniser en l’équipant bien avant qu’on ait songé à un éventuel débarquement », au Soudan, « où de nombreux cadres comoriens ont été formés » et où il a lui-même séjourné comme étudiant, « à la Libye pour sa générosité et pour le financement des opérations militaires », à la Tanzanie, « si proche de nous, tant par la distance que par la langue et qui s’est acquittée de son devoir de bon voisinage », et enfin aux troupes et au Chef d’état-major de l’AND qui, ayant libéré le pays, « doivent désormais s’atteler à la tâche noble de défense de l’intégrité territoriale des Comores et de la protection des biens et des personnes dans le pays ».
« Il ne faudra plus que notre espace terrestre, maritime et aérien soit violé. Des hélicoptères ne doivent plus se poser chez nous sans notre autorisation », a-t-il martelé.
« Et maintenant que séparatisme est mort, qu’allons-nous faire ? », a demandé à l’assistance le Président de la République. Et de donner en conclusion cette réponse : « Nous allons planter l’arbre de l’honnêteté, de la transparence et de la bonne gouvernance pour sortir le pays de la misère et de la précarité ».

De notre correspondant A. Mohamed


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Messages

  • Le Président des Comores a raison :
    Où va t-on si les pays se voient amputés d’une partie de leur territoire ?
    Mayotte est une partie de l’archipel des Comores et doit lui revenir !


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