Enseignement supérieur

Première crise à l’Université des Comores

18 décembre 2006

C’est la confusion dans la toute jeune université des Comores. Les démissions et limogeages intervenus au cours du week-end ont perturbé lundi le fonctionnement de l’administration centrale, mais aussi les cours à Mvouni, le principal site universitaire.

C’était sensible, palpable, la tension qui régnait dans ce haut lieu de la recherche et du savoir. Mines serrées, visages crispés, les enseignants et les responsables des administrations affichaient leur appréhension sur la suite des événements. Au sortir d’une réunion de crise, Mahamoud Youssouf, un enseignant, n’a pas caché son soulagement : « Malgré nos divergences de vue, nous nous sommes mis d’accord pour ramener les étudiants en cours et assurer le fonctionnement de l’Université ».
Le premier incident a pour cause le fameux test d’admission à l’Université, organisé à l’attention des lauréats du Bac d’Anjouan. Le Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines a démissionné pour exprimer son désaccord à l’entrée à l’Université des admis au fameux test, car il conteste les conditions de son organisation.
A ce sujet, tout en acceptant la légalité et la sincérité du test, les enseignants et les responsables des administrations, après un long débat, ont exprimé leur mécontentement quant aux conditions de son organisation.
Juste après avoir reçu la démission du Doyen, le Président de l’Université a lui-même rédigé la sienne. Dans sa lettre, Damir Ben Ali, qui dirige cette institution depuis sa création en 2003, a évoqué le séparatisme rampant à l’université, et les décrets qui ont limogé et remplacé deux de ses collaborateurs et certains enseignants. Il s’avère que toutes les personnes visées sont des proches de l’ancien président.

Le Bac d’Anjouan n’a pas fini de diviser

Les étudiants, eux, ont perturbé les cours, brandi des banderoles pour exiger le renvoi des étudiants qui n’ont pas obtenu le Bac national. Ils ont fait des démarches auprès des responsables de Facultés et instituts pour demander qu’on ne puisse pas accéder à l’Université avec le test d’admission. Selon un des responsables de l’université, « le test d’admission à l’université est prévu dans les textes et il n’appartient pas aux étudiants de le mettre en cause ».
Mardi, les cours ont repris normalement, mais il semble que le feu continue de couver et qu’une descente dans la rue n’est pas à exclure. C’est ce qui inquiète pour l’heure ceux qui expédient les affaires courantes.
Le Directeur des Relations universitaires internationales a déclaré que l’arrivée de deux missions d’enseignement venant de La Réunion et de Perpignan a été suspendue afin de s’assurer que tout est revenu dans l’ordre.
Est-ce une coïncidence ? Cette crise éclate au moment même où le Parlement de l’Union examine le projet de loi sur le fonctionnement de l’université.

A. Mohamed


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus