Menacée d’expulsion par l’Administration

Sursis pour Marahaba

4 avril 2009

Marahaba Ahamada, une ressortissante comorienne menacée d’expulsion, a été autorisée par la Préfecture à présenter une demande d’admission exceptionnelle au séjour sur le territoire français. En attendant la décision du préfet, la sexagénaire pourra rester à La Réunion où elle séjourne clandestinement depuis 18 ans.

Marahaba Ahamada était arrivée dans l’île avec un visa de tourisme d’une quinzaine de jours pour voir l’une de ses filles. Elle n’est jamais repartie. Elle a même trouvé un emploi sur place. Il y a quelques mois, elle a fait l’objet d’un arrêté de reconduite à la frontière confirmé par le Tribunal administratif le 29 septembre 2008. Le 6 mars 2009, sa demande d’asile était rejetée par l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides). Dès lors, l’expulsion de la sexagénaire devenait imminente.
Un comité de soutien se formait autour d’elle et manifestait devant la Préfecture jeudi 26 mars afin d’obtenir l’annulation de l’arrêté de reconduite à la frontière. Dans un communiqué publié ce vendredi 3 avril 2009, la Préfecture annonce avoir accepté que Marahaba Ahamada présente « une demande d’admission exceptionnelle de séjour ». À ce titre, note la Préfecture, « Madame Ahamada s’est engagée d’une part à expliquer précisément ses moyens d’existence durant ces 18 années à La Réunion, et d’autre part à suivre une formation à la langue française. En fonction des engagements pris, le Préfet prendra la décision de délivrance ou non d’un titre de séjour ».
Le préfet précise aussi que « la présence à La Réunion de Madame Ahamada pendant d’aussi longues années n’a pu être possible qu’en raison de comportements de personnes sans scrupule qui n’ont pas hésité à employer illégalement l’intéressée, lui permettant ainsi de survivre dans des conditions aussi indignes que précaires ». Le préfet saisira le Comité local unique de lutte contre la fraude afin que « des poursuites puissent être engagées à l’encontre de ces employeurs peu scrupuleux ».
Malgré tous ces arguments, le fond du problème réside dans l’absence de libre-circulation entre les îles de l’océan Indien. Ce qui est possible pour un résident d’un pays de l’Europe, continent situé à 10.000 kilomètres de La Réunion, ne l’est pas pour un citoyen d’un pays avec qui nous avons pourtant d’importantes affinités historiques et culturelles. Car comment se fait-il qu’un être humain soit obligé de vivre pendant des années dans la clandestinité pour la simple raison qu’il n’est pas né au "bon endroit" ?
Car si Marahaba Ahamada avait pu vivre au grand jour, aurait-elle été obligée de travailler dans les conditions les plus précaires qui soient ?
Or, à la différence des êtres humains, les marchandises des pays de la région peuvent arriver sans problème à La Réunion : plus que quota, ni de droit de douane. D’un côté, l’intégration économique afin de réaliser davantage de profits financiers, mais de l’autre, les barrières subsistent pour empêcher les habitants de notre région de circuler librement.

Spécial 50 ans du PCR

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Messages

  • Ce genre de situation illustre bien la difficulté d’une intégration économique des pays membres de la COI où la libre circulation des personnes et des biens reste un voeu pieu. S’il est vrai que pour un ressortissant comorien un visa d’entrée à Maurice ou à Mdagascar est obtenu automatiquement à Moroni pour la Grande île et une fois sur place à Maurice, c’est un vrai parcours du combattant pour La Réunion, même si la réciprocité fait qu’un Réunionais a son visa sur place à Moroni. Même un visa pour un séjour à la Réunion dans le cadre d’échanges culturels peut vous être refusé par l’ambassade de France à Moroni !

    Et vive la COI !


Témoignages - 80e année


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