Election d’Anjouan

Un fidèle de Sambi à la tête de l’île

1er juillet 2008

A l’issue d’une campagne lourdement handicapée par la pénurie de carburant dans l’île, le second tour de la Présidentielle d’Anjouan s’est déroulé dans le calme avec une avance de Moussa Toybou sur son challenger Mohamed Djaafari. Ces résultats provisoires attendent d’être homologués par la Cour constitutionnelle, si elle retrouve sa sérénité.

Il était prévisible que le duel serait serré entre Mohamed Djaafari, ancien vice-président de l’Assemblée nationale, et Moussa Toybou, l’ingénieur en Génie civile qui a bénéficié de la faveur du Président Sambi. De part et d’autres, les amitiés, les moyens financiers et les empoignades sur le terrain ont été utilisés pour décrocher la mise. Les organisations de la société civile ont été très présentes durant la campagne et dans la journée de dimanche pour sensibiliser la population et apaiser les sources de tensions. Le comité de vigilance, expérimenté lors du premier tour avec le soutien du Programme des Nations-Unies pour le Développement, a montré encore une fois son utilité et sa viabilité car le processus d’appropriation a bien marché.

Toutefois, ce calme sur le terrain n’a pas empêché les soubresauts politico-institutionnels dont les Comores ont seuls le secret. Il s’est avéré en effet qu’une semaine avant la tenue de ce scrutin capital dans la stabilisation du pays, le gouvernent de l’Union ait fait prévaloir l’expiration du mandat du président de la Cour constitutionnelle et procédé à son remplacement. Ce fait est loin d’être anodin du fait que c’est cette instance qui a la charge d’homologuer les résultats des élections. En quelques jours, toute la classe politique est entrée en ébullition, c’est le coup d’envoi du sport national. Les communiqués et les déclarations fusaient de toutes parts, soutenant ou condamnant cette décision. Selon le scénario qui s’est mainte fois déroulé ces dernières années, les représentants de la communauté internationale se sont mobilisés, et Francesco Madeira, l’émissaire spécial du président de la Commission Africaine, a rejoint Moroni en catastrophe pour diriger les navettes entre la présidence de l’Union et le siège de Cour constitutionnelle. Hier dans la journée, les nouveaux membres de cette institution ont prêté serment.

Cette profusion des Comoriens à se singulariser par ces enfantillages au lieu de s’occuper du quotidien de leurs concitoyens commence à agacer de plus en plus. Farouk Ahamada, enseignant à l’Université, explique que « toutes ces crises politiques, parfois tragiques, mais souvent comiques, sont faites pour perpétuer la tradition des sultans batailleurs par une classe de personnes sans aucune profession si ce n’est les réunions avec les diplomates internationaux et une éventuelle place dans une commission ou dans un gouvernement à la sortie de chaque nouvelle crise ».

A Moroni, certains se demandent si la sérénité sera vraiment au rendez-vous lorsque les 7 membres de la Haute juridiction vont devoir, dans les heures qui viennent, valider ou réviser les résultats sortis des urnes anjouanaises dimanche dernier. Ces résultats provisoires donnent une avance de près de 2.600 voix à Moussa Toybou, soutenu par les proches de Sambi, sur son adversaire Mohamed Djaafari, qui l’avait emporté pourtant au premier tour. Jusqu’ici, c’est le calme qui règne dans l’île. Dans les rues de Mutsamudu, un groupe de jeunes qui se sont abstenus de voter estime qu’il est temps que cette farce s’achève : « Il est vrai que depuis le départ du Colonel Mohamed Bacar et les siens, nous sommes libres, mais la liberté ne se mange pas. Nous attendons de nos dirigeants une vie meilleure ».

De notre correspondant
A. Mohamed


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