La distribution des invitations n’ayant pas satisfait une bonne partie de la population, des cartons scannés ont circulé pendant les dernières 24 heures à Moroni, comme dans les autres localités. C’est le moyen que certains ont trouvé pour contourner les services du protocole, et assister à tout prix à cet événement. C’est difficilement que les hautes personnalités nationales et étrangères se sont frayé un chemin avec l’aide de l’AMISEC, la force interafricaine omniprésente et fortement visible.

Hommage aux acteurs clés

Le président sortant Azali a tenu à rendre hommage à certaines personnalités. Le président de l’Afrique du Sud, Thabo Mbéki, le président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Omar Konaré, et le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, Abdou Diouf ont ainsi été élevés au grade de Commandeur de l’Étoile d’Anjouan.
D’autres acteurs clés du processus de réconciliation ont été décorés du Croissant Vert des Comores, à commencer par l’infatigable Francesco Madeira, envoyé spécial du président de l’Union africaine qui s’est investi personnellement depuis quatre ans pour la normalisation institutionnelle aux Comores. Cet insigne honneur a été également décerné à P. André Wiltzer, ancien ministre délégué à la Coopération, Jacques Sylla, Premier ministre de Madagascar, Paul Bérenger, ancien Premier ministre de Maurice et Wilfrid Bertile, ancien secrétaire général de la COI, actuellement vice-président du Conseil régional de La Réunion. Véritable héros de ces dernières élections, le Commandant de l’AMISEC a eu droit également à cette distinction.

Au rang des invités de marque, on notait la présence d’un fidèle ami des Comores, en la personne de Paul Vergès. Soucieux de promouvoir les relations de coopération et de bon voisinage, le Président du Conseil régional de La Réunion a toujours été aux côtés du peuple comorien. Ainsi, il était présent à l’investiture du président Azali, et à celle des présidents des îles autonomes en 2002 comme il a participé à la signature des accords de Beit-Salam en décembre.

Satisfactions pour le passé, vœux pour l’avenir

Dans un rituel émouvant, la Cour constitutionnelle présidée par Abdallah Souret a proclamé solennellement les résultats des élections du 14 mai, et a prié Ahmed Abdallah Sambi, Idi Nadhoim et Mohamed Iklilou, les vice-présidents, à prêter serment devant Dieu et les hommes d’accepter et de respecter les devoirs de leurs charges.

Puis, plusieurs personnalités ont pris la parole : les représentants de la Commission de l’Union africaine, de la Ligue des États arabes, de l’Organisation internationale de la Francophonie, de la France et de l’Union européenne, de l’Etat malgache, de Tanzanie, et de la République sud-africaine.
Elles ont rappelé les efforts déployés par les organisations et les pays amis des Comores pour accompagner les Comores dans cette phase décisive de son histoire. Ils se sont tous félicités du déroulement des élections et ont remercié le peuple comorien pour sa maturité, et le président sortant pour avoir permis l’expression du suffrage universel et cette alternance pacifique. Félicitant le nouveau président, ils lui ont tous assuré de leur disponibilité à œuvrer à ses côtés pour relever l’autre défi majeur qui est la relance de l’économie en vue d’améliorer les conditions de vie des Comoriens.

Prenant la parole à son tour, le colonel Azali à quant à lui remercié la communauté internationale pour son appui multiforme et ininterrompu pendant toute cette période, et grâce à qui la réconciliation nationale s’est enracinée. Il a remercié le peuple comorien pour sa conduite exemplaire durant le processus électoral, et demandé pardon à tous ceux et celles qui auraient été lésés directement ou indirectement pendant son règne. Il a enfin souhaité bonne chance à son successeur à la tête de l’Union des Comores.

Tenir ses promesses

L’excitation du public massé à l’arrière des invités s’est trouvée à son comble, lorsque vint le tour du nouveau président de prendre la parole en trois langues. En comorien d’abord, il a rassuré ses électeurs que son discours de candidat ne sera pas différent de son discours de chef d’État, en particulier pour ce qui concerne sa volonté d’assainir l’appareil judiciaire, et de poursuivre les dirigeants reconnus coupables de détournement de deniers publics.

En français, il a remercié les amis des Comores pour les efforts consentis pour son pays, notamment pendant la préparation et le déroulement des élections présidentielles. Au président sortant, il a exprimé toute sa gratitude pour avoir fait réintégrer les Comores dans le concert des nations et pour son engagement personnel dans la réussite de la conférence de Maurice en faveur de l’archipel.

Après avoir affirmé son engagement à respecter les accords et conventions signés par son pays notamment sur les droits de l’Homme, la protection de l’environnement et la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, il a, dans une anaphore bien scandée, ironisé sur l’image d’islamiste qu’on veut lui coller à la peau : "si être un islamiste, c’est respecter les valeurs morales et culturelles de son pays, alors je suis un islamiste ; si être un islamiste, c’est œuvrer pour la justice, alors je suis islamiste ; si être islamiste, c’est éprouver de la compassion pour les plus démunis, alors je suis un islamiste..."

M. Aliloifa