Sortie de crise au Comores

Une embellie politique et financière

25 juin 2010

Après l’acceptation du calendrier électoral de l’UA par toutes les parties, le président Sambi a réajusté son gouvernement le week-end dernier pour intégrer des représentants des 3 gouverneurs des îles. Le lendemain, le FMI annonce l’éligibilité des Comores à un programme qui ouvre la voie à un effacement de la dette publique.

Après plusieurs mois de tension politique au sujet de la présidence tournante, des palabres à n’en plus finir et des rebondissements plus ou moins spectaculaires, l’ensemble des acteurs se sont mis d’accord sur un calendrier consensuel. En fait, c’est le document préparé par l’Union africaine en collaboration avec les autres partenaires au développement qui a été validé. Même quand ils sont d’accord, les politiciens comoriens se plaisent à démontrer le contraire.
Alors que la classe politique de l’île de Mohéli, soutenue par l’opposition nationale, exigeait des élections et un transfert du pouvoir avant la fin de l’année, le dialogue s’est rompu parce que le gouvernement de l’Union maintenait sa position de débuter les opérations électorales en novembre 2010 et faire la passation en mai 2011.
Pour dénouer la crise, le commissaire de l’Union africaine en charge de la Paix et de la Sécurité, Lamtane Lamamra, s’est engagé à préparer un document à l’appréciation de tous. À grand renfort de suspens et de médiatisation, Francisco Madeira, l’envoyé spécial de l’UA, a réuni toute la classe politique à huis clos pour présenter un calendrier qui fixe les primaires au 7 novembre, les générales au 26 décembre et l’investiture entre janvier et mai 2011. Pour s’assurer du respect de ces échéances, il a été proposé d’ouvrir le Gouvernement de l’Union à des représentants des gouverneurs et de confier à un Mohélien le ministère en charge des Élections. Comme par enchantement, tout le monde se dit satisfait.
Mieux encore, alors que la cérémonie solennelle de signature de cet accord-cadre s’est déroulée au Palais présidentiel de Beit-Salam à Moroni, le gouverneur Mohamed Ali Said a refusé de s’y rendre et a organisé sa cérémonie à lui à Mohéli, à l’endroit où ont été signés les Accords de Fomboni en février 2001.

Prochaine étape, la fonction publique

Et comme cela ne suffisait pas, des centaines de sympathisants du président Sambi se sont réunis au Palais du Peuple pour dénoncer l’accord conclu et surtout le diktat de l’Union africaine sur un pays souverain. Endossant ses habits de Chef d’État, Sambi a répondu qu’il était de son devoir d’accepter tout ce qui peut ramener la paix et la sérénité dont le pays a besoin. Il a précisé qu’il ne voulait pas hypothéquer lui-même les retombées économiques et financières de sa mandature : « Ce que j’attends de vous, c’est de prier pour que le Conseil d’administration du FMI qui se réunit en ce moment reconnaisse nos efforts en matière de gestion des finances publiques et nous accorde son appui », a-t-il dit en substance.
Le lendemain, c’est avec fierté que Sambi a reçu les hauts cadres de l’Administration pour annoncer la décision du Fonds monétaire international de rendre les Comores éligibles au Programme dit PPTE.
Dans la pratique, cette décision du Conseil d’administration du FMI devra être validée par la Banque mondiale le 29 juin prochain et ouvrira la voie à un programme de 2 ans au cours desquels les indicateurs de performance macroéconomique seront toujours sous surveillance.
Dans l’immédiat, le pays bénéficiera d’un effacement partiel de sa dette multilatérale et pourra donc affecter les 600 millions d’euros mensuels du service de la dette publique dans les services sociaux, selon Nourdine Moeva de la direction Nationale du Budget. Par ailleurs, le FMI va décaisser dans les prochains jours une aide budgétaire de 2,3 millions de dollars et une deuxième tranche sera versée après la prochaine évaluation des indicateurs en novembre.
Mohamed Ali Soilihi, initiateur de ces réformes économiques et financières, en tant que ministre des Finances entre 2007 et 2009, ne cache pas sa satisfaction. Aujourd’hui député, il encourage son successeur à ne pas baisser la garde car, dit-il : « On vient de gagner une bataille, mais la guerre est encore longue ». En effet, le Chef de l’État a lui-même fixé la prochaine étape qui est l’assainissement de la fonction publique afin qu’elle soit en adéquation avec les besoins et les ressources financières du pays.

De notre Correspondant A. Mohamed


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus