Emploi

23.000 postes de travail supprimés en un trimestre dans le privé

Publication d’une étude de la DARES

5 janvier 2004

La Direction de l’animation de la recherche des études et des statistiques (DARES), organisme du ministère du Travail, a publié le 23 décembre dernier une étude sur l’état de l’emploi salarié en France. La DARES relève qu’au troisième trimestre, l’industrie a détruit 33.000 emplois, des pertes loin d’être compensée par le secteur tertiaire qui a créé pendant la même période 10.000 emplois. Un constat d’autant plus inquiétant que ce dernier secteur a vu son dynamisme ralenti par 5.000 suppressions d’emplois dans le commerce. Le secteur marchand se porte mal en France. Nous reproduisons ci-après la synthèse de l’étude.

Au troisième trimestre 2003 le secteur concurrentiel supprime près de 20.000 emplois salariés (-0,1%). L’industrie en détruit 33.000 et accentue la baisse de ses effectifs entamée neuf trimestres auparavant (-0,8% après -0,6% au trimestre précédent). La construction en crée 3.000, sur un rythme qui rompt avec le trimestre précédent (+0,2% après +0,7%). Le dynamisme de l’emploi salarié dans le secteur "conseils et assistance" explique l’essentiel de la croissance dans le tertiaire (+0,1%, soit +10.000 salariés).
Au cours du troisième trimestre 2003, l’emploi salarié du secteur concurrentiel non agricole recule de près de 20.000 postes. Sur un an, entre le 30 septembre 2002 et le 30 septembre 2003, 22.000 postes sont supprimés. Employant un quart des effectifs salariés, l’industrie supprime plus de postes ce trimestre (-33.000 contre -24.000 au trimestre précédent) en dépit d’une légère amélioration des anticipations des entrepreneurs industriels.
Tous les secteurs industriels détruisent des postes ce trimestre excepté la pharmacie, parfumerie et entretien. En particulier, les industries des biens intermédiaires en perdent 13.000 (soit -0,9%), sur le même rythme depuis le début 2002. Les industries des biens d’équipement enregistrent une forte baisse (-8.000 après -5.000 en moyenne sur les cinq derniers trimestres). Pour la première fois depuis le troisième trimestre 2002, des emplois sont détruits dans les industries agro-alimentaires (-2.000). La construction crée à nouveau des emplois et cela pour le sixième trimestre consécutif, mais sur un rythme toutefois moindre : +0,2% après +0,7% au trimestre précédent.
Le tertiaire continue de créer des emplois mais à un rythme trois fois moins rapide qu’au trimestre précédent (+0,1% après +0,3%). Ce ralentissement est principalement dû au recul dans le commerce qui détruit 5.000 emplois après en avoir créé 15.000 au deuxième trimestre 2003. Ce repli est imputable au commerce de détail et réparations (-5.000) bien que les entrepreneurs aient anticipé une progression de l’activité.
Les transports renouent avec la croissance en créant 1.000 emplois après un repli ponctuel au deuxième trimestre. Tirés par le "conseils et assistance" qui poursuit son redressement, les services aux entreprises est le sous secteur du tertiaire le plus créateur d’emplois (+14.000 postes).

155.200 emplois détruits depuis début 2002
Parmi les principales filières affectées, les industries métalliques (-4.400) et la métallurgie (-4.900) alors que le textile et l’habillement auront encore perdu 15 000 emplois dans l’année. Cette diminution confirme un processus profond et continu de dégradation qui s’est traduit par la destruction de 155.200 emplois industriels depuis le premier trimestre 2002. Pour la première fois, le nombre de salariés dans ce secteur est passé sous les 4 millions sur les 15 millions que compte le secteur marchand.

À l’image d’Alcatel, qui aura supprimé 6.000 emplois en France en 2003, le secteur de l’électronique et des télécommunications reste durablement affecté. Le secteur français des composants, qui a employé jusqu’à 82.000 personnes en 2001, en compte désormais moins de 60.000, en raison des délocalisations dans les pays de l’Est et en Asie, particulièrement en Chine. Dans l’automobile, les groupes PSA et Renault ont réduit l’emploi intérimaire tandis que les équipementiers Valeo, Magnetti-Marelli... ont été contraints de revoir à la baisse leurs effectifs.

Les menaces pour l’année 2004 se profilent dans la chimie et la pharmacie. Après Atofina (groupe Elf), Rhodia a déjà annoncé 1.000 suppressions d’emplois. Aventis et Pfizer ont également décidé de réorganiser leurs unités. Les entreprises publiques ne sont pas épargnées. Les syndicats ne manquent pas de dénoncer le solde négatif des effectifs chez France Télécom (-5.000) comme à EDF (-10.000).


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