Droits humains

Colère du président Wade contre les charters vers le Sénégal

14 avril 2003

Le président sénégalais Abdoulaye Wade a déploré jeudi à Paris les conditions dans lesquelles la France procède à l’expulsion par vols spéciaux dits ’groupés’ des ressortissants sénégalais, affirmant que ce procédé posait « un problème de dignité ».

« Ces immigrés ne sont pas des voyous. Ils venaient simplement chercher du travail. Je n’accepte pas qu’ils soient ramenés au pays par charters comme du bétail. C’est une question de dignité », a déclaré le chef de l’État sénégalais en visite privée dans la capitale française. Abdoulaye Wade a invité la France à prévenir désormais les autorités sénégalaises en cas d’expulsions afin qu’elles viennent rapatrier leurs ressortissants dans des conditions plus « décentes ».

Au moins quatre vols dits "groupés", selon la nouvelle terminologie officielle, ont été organisés récemment par le ministère français de l’Intérieur pour expulser des Ivoiriens et des Sénégalais retenus dans les zones d’attente pour personnes en instance (ZAPI). Avant les critiques du président Wade, de nombreuses associations françaises, parmi lesquelles l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (ANAFE), avaient mis en cause la formule des "vols spéciaux" porteuse, selon elles, de violences policières contre les expulsés.
Ces associations ont, pour étayer leurs accusations contre le gouvernement, publié de nombreux témoignages de personnes expulsées, affirmant avoir été entravées, traînées par terre, battues et souvent même délestées de leurs biens personnels. Contestant ces accusations, le ministère français de l’Intérieur a décidé d’accepter dans les derniers "vols groupés" la présence d’un secouriste de la Croix-Rouge française censé rassurer les expulsés et calmer la tension à bord. Il a également diffusé récemment à l’attention d’un groupe de journalistes un film réalisé lors d’un de ces vols spéciaux par un fonctionnaire de la Police aux frontières (PAF).

Ces mesures des autorités françaises ont été qualifiées de tentative d’allumer un contre-feu par les milieux associatifs qui estiment, comme le président Wade, que les charters inaugurés en 1986 par Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, ne sont pas la solution aux problèmes de l’immigration en France.


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