Droits humains

Contre un projet d’expulsion annuelle de 300 Sénégalais

L’Union des travailleurs sénégalais en France dénonce les retours forcés au pays

2 janvier 2004

L’Union des travailleurs sénégalais en France/Action revendicative (UTSF/AR) a exprimé lundi sa « ferme opposition » à un projet d’expulsion de 300 Sénégalais de France, conclu, selon elle, le 15 décembre dernier lors de la visite au Sénégal du ministre français de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy.
« Nous affirmons haut et fort que le gouvernement sénégalais a accepté aux termes d’un accord signé entre M. Sarkozy et Macky Sall, ministre sénégalais de l’Intérieur, l’expulsion, chaque année, de 300 Sénégalais de France. Nous croyons jusqu’à preuve du contraire à l’existence de cet accord et sommes déterminés à nous opposer à cette forfaiture », a déclaré à la PANA Ibrahima Ndiaye, membre du comité directeur de l’UTSF/AR.
Dans un communiqué rendu public à Paris, l’ONG invite « tous les Sénégalais qui voudront bien » à la rejoindre pour « empêcher, par tous les moyens légaux, l’application de cet accord honteux ». « L’UTSF/AR prendra contact avec les associations sénégalaises et tous les Sénégalais pour une grande manifestation, au mois de février prochain, devant l’ambassade du Sénégal à Paris », ajoute le communiqué transmis lundi à la PANA. L’organisation a en outre adressé une mise en garde à tous les fonctionnaires des consulats généraux du Sénégal en France, les invitant à refuser de délivrer les laissez-passer indispensables à l’expulsion des sans-papiers sénégalais.
« L’UTSF considère, à compter de cette date, que tous les fonctionnaires des consulats ou ambassades qui collaborent avec la police française pour faciliter le renvoi de nos compatriotes seront considérés comme des traîtres », avertissent les syndicalistes sénégalais dans une lettre adressée aux quatre consuls généraux du Sénégal à Bordeaux, Le Havre, Marseille et Paris.
Ils s’indignent, par ailleurs, de la décision de Dakar d’envoyer des policiers sénégalais « prêter main forte à leurs collègues français », estimant que ce comportement est contraire à la dignité des Sénégalais et à la souveraineté de leur pays. S’exprimant sur ce point précis, le président sénégalais Abdoulaye Wade avait justifié la présence des policiers sénégalais à bord des "vols charters" par son souci de voir le rapatriement de ses compatriotes se faire dans des conditions plus humaines. L’argument ne semble guère avoir convaincu les Sénégalais de France qui avaient pris à partie le Premier ministre sénégalais Idrissa Seck alors qu’il tentait de leur expliquer, à Paris lors d’une visite, la position de son gouvernement sur cette question controversée.
Une centaine de ressortissants sénégalais ont été expulsés entre juin et août derniers de France à bord de vols charters qui ont suscité l’indignation des organisations de défense des droits de l’homme tant au Sénégal qu’en France. Après avoir tenté d’"humaniser" ces vols groupés par la présence de la Croix-Rouge aux côtés des expulsés, Paris affirme désormais privilégier les reconduites individuelles qui ont l’avantage d’être plus « discrètes ».


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