Développement

Des quotas d’énergies renouvelables

Proposition de Roselyne Bachelot

19 mai 2003

L’énergie est l’élément fondamental de tout développement durable. Sa production, sa consommation doivent être maîtrisées. Et cela ne peut se faire que par une volonté politique forte comme celle manifestée par la Région Réunion. Timidement, ce concept d’énergies renouvelables fait son chemin...

En juillet 2002, la Région, l’ADEME, l’EDF et l’État avaient renouvelé leur convention "maîtrise de l’énergie et développement durable". Un accord entrant dans le cadre du contrat de plan État/Région/Département, allant de 2000 à 2006. Pour le programme 2002, deux axes avaient été proposés : un volet "énergies renouvelables" et un volet "maîtrise de l’énergie". Au titre des énergies renouvelables, les actions menées et à poursuivre concernaient principalement les chauffe-eau solaires et le photovoltaïque mais aussi l’énergie éolienne ou le biogaz.
La maîtrise de l’énergie est indispensable à La Réunion. Elle implique la prise de conscience de tout un chacun, car il n’est pas facile de rompre avec ses habitudes de surconsommation ou de gaspillage. Et il est encore plus difficile d’adhérer à l’idée que l’énergie n’est pas seulement produite par le fioul, le gaz ou autre mais qu’elle provient également d’éléments naturels : le soleil, le vent etc...
Et comment trouver l’énergie nécessaire, non seulement pour aujourd’hui, mais pour demain ? En effet, les spécialistes de EDF ont estimé à 2.255 millions le nombre de KWh nécessaires en 2005. Une augmentation impressionnante, puisqu’il s’agit, à La Réunion, de doubler la puissance tous les 10 ans. Avec quelles énergies ? La part d’électricité produite par les énergies renouvelables (bagasse et hydraulique) était de 40% en 2001. Celle issue des sources fossiles est de 60%, dont 25% pour le fioul et 35% pour le charbon. Il conviendrait donc de modifier le rapport.

Quotas

C’est un pas vers cela que vient de faire Roselyne Bachelot. En effet, le ministre de l’Écologie et du Développement durable a proposé, à l’occasion d’un colloque organisé par le syndicat des énergies renouvelables, de créer « des quotas obligatoires d’énergies renouvelables pour les électriciens ». « Il faut dès maintenant se préparer à une ouverture du marché européen de l’électricité renouvelable qui pourrait prendre, d’ici à quelques années, la forme d’un marché de certificats verts dans le cadre de quotas d’électricité verte » a-t-elle expliqué.
Il existe en France des mécanismes financiers de soutien aux énergies renouvelables, sous forme de garantie de vente du courant vert à un prix plus élevé que le courant classique. Le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Italie, la Belgique, l’Autriche, la Suède et l’Australie ont déjà instauré ces quotas.

Brigitte Girardin à l’UNESCO
L’énergie renouvelable dans la loi-programme

La ministre de l’Outre-mer, intervenant dans le cadre d’une réunion de l’UNESCO consacrée aux énergies renouvelables, a expliqué en quoi son projet de loi-programme pour l’outre-mer comporte « plusieurs dispositions intéressant le développement des énergies renouvelables ».

Rappelant que la population est de 2 millions 200.000 habitants, elle soulignait que celle-ci va connaître une croissance de 2 à 10 fois supérieure à celle de la métropole : « les besoins en énergie croissent rapidement, entre 4 et 12% par an, alors qu’aucun réseau électrique n’est interconnecté ». Elle précisait que « Le développement des énergies renouvelables permet à l’outre-mer de répondre à deux défis majeurs : celui de la sécurité énergétique et celui du développement durable ». Et de l’indépendance énergétique qui est posée outre-mer « avec une acuité particulière ».

Se référant aux énergies renouvelables disponibles, le soleil, l’eau, la géothermie avec l’activité volcanique, l’éolien, et la biomasse, la valorisation des déchets incinérés, elle soulignait que « cette diversification permet à nos collectivités d’outre-mer de relever plus facilement le défi de l’indépendance énergétique en valorisant leurs propres ressources naturelles ».

Enfin presque...

Et La Réunion, alors ?

Rappelant que le deuxième défi est « celui du développement durable », elle évoquait les conséquences du réchauffement climatique : les équilibres qui pourraient être affectés, modification de la pluviométrie et accroissement des effets des sécheresses, l’augmentation de la fréquence et la puissance des cyclones, l’élévation du niveau de la mer qui « pourrait aussi conduire à rayer de la carte certaines îles et à aggraver les risques littoraux alors que la présence humaine s’est de tous temps concentrée sur le littoral de ces territoires ».

Et de préciser : « L’outre-mer se doit donc d’apporter une contribution significative à la politique de développement durable de la France ».

Rendant un vibrant hommage à ce qui se fait en Guadeloupe, elle proposait que celle île devienne « un centre d’expertise et d’exportation dans la zone Caraïbes, le Pacifique et l’océan Indien qui bénéficient des mêmes conditions climatiques ».

C’est un peu vite oublier que La Réunion a, elle aussi, un savoir faire, qu’elle a signé la charte de l’Agenda 21 pour un développement durable, que la maîtrise de l’énergie est l’un des axes forts de la politique de la Région...

Vers l’international...

Elle soulignait que « les pouvoirs publics, et l’État en particulier, doivent apporter leur concours au développement de ce secteur d’activité essentiel. Car, lorsque l’État intervient dans la promotion du développement durable, il faut savoir, qu’outre-mer, il contribue aussi à créer des emplois dans des collectivités où le taux de chômage dépasse les 20% ».

Et de se référer au projet de loi-programme pour l’outre-mer qui « prévoit de nouvelles mesures sociales et fiscales pour favoriser la relance de l’investissement dans ce domaine » : défiscalisation, exonérations de charges sociales, et les mesures concernant les logements alimentés à partir de l’énergie solaire.

Et de conclure sur « l’intérêt du développement des énergies renouvelables outre-mer pour le rayonnement de la France », les DOM, avec leur savoir-faire et leur expérience, pouvant « trouver une application dans des pays voisins aux caractéristiques géographiques et climatiques similaires ». Y compris pour « poursuivre leur développement à l’international » et pour « participer à la mise en œuvre de projets de coopération régionale dans la Caraïbe, l’océan Indien et le Pacifique ». L’idée est intéressante. Mais ce volet coopération régionale et développement international n’est pas abordé dans la loi programme...


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus