Deux gendarmes visés par une information judiciaire

Questions autour de la mort d’un jeune cambrioleur

5 mars 2003

Une information judiciaire été ouverte par le parquet de Nîmes après la mort d’un adolescent, tué lors d’une course-poursuite avec des gendarmes.

La mort de Mourad, un jeune cambrioleur tué par les gendarmes, met sous tension la cité du Valdegour à Nîmes (dans le Sud de la France), dont il était originaire. Cet adolescent de 17 ans avait été mortellement blessé par balle, dans la nuit de samedi à dimanche, à Durfort, village proche d’Alès, alors qu’il s’enfuyait après un cambriolage avorté.
Le procureur de la République de Nîmes Robert Gelli a annoncé lundi soir l’ouverture d’une information judiciaire pour coups mortels. Confiée à l’inspection technique de la gendarmerie nationale sous l’autorité d’un juge d’instruction, l’enquête devra déterminer si le recours à la force armée était "absolument nécessaire", conformément au règlement de gendarmerie. Remis en liberté à l’issue de leur garde à vue, les deux gendarmes concernés restent à la disposition de la justice, en attendant de savoir de quelle arme provient la balle mortelle, encore logée dans le crâne de la victime, une expertise qui pourrait prendre deux à trois jours.

Récent arrêt de la Cour de cassation

Lundi matin, deux jeunes hommes de 19 ans, originaires de la cité nîmoise, s’étaient rendus aux autorités, sur le conseil d’une association du quartier, en se présentant comme les complices de la victime, déposée dimanche à l’aube, quelques heures avant son décès, devant un hôpital de Nîmes.
Leur défenseur, Me Nicolas Chambaret, a mis en cause l’attitude des gendarmes, affirmant, sur la base d’un récent arrêt de la Cour de cassation, qu’« il fallait qu’il y ait une nécessité absolue » pour justifier des tirs. « Ce qui est douteux dans cette affaire, c’est qu’il s’agissait d’une simple tentative de cambriolage », a dénoncé l’avocat, en estimant que les trois jeunes n’étaient « pas armés » et qu’ils « n’étaient pas des malfaiteurs dangereux qui venaient de tirer ou qui avaient kidnappé ».
D’après les premiers éléments de l’enquête, la victime conduisait un fourgon qui avait tenté de pousser la voiture de gendarmerie dans un fossé lors de la poursuite. Il avait ensuite rejoint ses complices à bord d’une Peugeot 206, avant d’être touché d’une balle dans la tête.
Les quatre militaires du PSIG de la gendarmerie du Gard, dont deux ont tiré une quinzaine de fois sur les cambrioleurs, affirment avoir ouvert le feu après les sommations d’usage, une version contestée par les deux jeunes cambrioleurs placés en garde à vue. Une enquête préliminaire est toujours en cours, dans leur cas, pour vols aggravés multiples, refus d’obtempérer et mise en danger de la vie d’autrui.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus