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Étienne Pinte (UMP) : nous sommes dans une crise très grave du logement social

31 juillet 2008

Curieux timing. La ministre du Logement, Christine Boutin, a présenté lundi dernier au Conseil des ministres son projet de loi sur le logement bien avant qu’Étienne Pinte n’ait rendu son rapport au Premier ministre François Fillon. Le dossier doit être remis fin août, comme l’indique son blog. ’lepoint.fr’ a joint le député UMP pour recueillir ses impressions sur des mesures qui seront examinées par les parlementaires cet automne, et qui font déjà débat parmi les associations, quand elles ne sont pas tout simplement rejetées.

"lepoint.fr" : Le plan précède la remise de votre rapport. Le gouvernement veut-il vraiment tenir compte de vos propositions ? Cela ne semble pas très logique si c’est le cas...

Étienne Pinte : Je n’ai d’abord pas compris cette démarche. Et puis je me suis laissé convaincre, car nous avons des problèmes de calendrier. Si le projet de loi n’avait pas été inscrit dès maintenant, nous risquions de perdre plusieurs mois avant de pouvoir faire passer la loi, vu le nombre de textes à examiner au Parlement. Or, cette loi doit être une priorité. Je reste optimiste parce que Christine Boutin est très volontaire. Il est vrai qu’elle a ses contraintes... Mais j’en ai moins, en tant que parlementaire, et je peux aller plus loin qu’elle. J’ai déjà listé toute une série de propositions qui semblent aller dans le bon sens. Certaines avaient été présentées en janvier à François Fillon et sont reprises dans le projet présenté. D’autres lui seront proposées fin août. Il y a cependant un point important que je n’ai pas retrouvé et qu’avait accepté le Premier ministre : la proposition d’accorder aux préfets le droit de préempter des terrains et de délivrer des permis de construire afin d’inciter les communes à construire. Une arme de dissuasion à utiliser en dernier recours mais qui pourrait être très efficace face aux communes qui ne remplissent pas l’objectif de 20% de logements sociaux. Je compte évidemment remettre cette proposition dans mon rapport.

Mettre le paquet sur le locatif social et très social.

D’un côté, Christine Boutin propose d’intégrer les accédants sociaux à la propriété, dont les bénéficiaires de la maison à 15 euros par jour, parmi les 20% de logement sociaux obligatoires pour les communes de plus de 3.500 habitants - ce que dénoncent les associations - et de l’autre, il y a un grand nombre d’élus UMP que ce dispositif embarrasse...

- Les associations ont raison, la priorité doit être donnée au logement social avec des prix correspondant au niveau de vie des catégories les plus modestes. Je me demande pour quelle raison Christine Boutin a inscrit cette mesure dans le projet de loi. Certainement pour être en adéquation avec l’objectif du président de la République de 70% de propriétaires. Mais c’est une erreur. Il faut mettre le paquet sur le locatif social et très social. La maison à 15 euros par jour, tout comme la maison à 100.000 euros de Borloo, ne va pas régler le problème. L’impact de telles mesures favorisant la propriété est très marginal car le problème du logement en France est locatif, notamment dans un contexte de plus grande difficulté à obtenir un crédit auprès des banques. Quant au groupe UMP, il est partagé sur cette question, et ce ne sera pas simple. Le gros point, qui pose problème à mes collègues, c’est l’obligation des 20%.

Plus largement, nombreux sont ceux qui trouvent que le projet tel que présenté par Christine Boutin ne va pas assez loin...

- Je les comprends. Il faut que les Français, tout comme le gouvernement, se rendent compte que nous sommes dans une crise très grave du logement social. L’Insee a annoncé récemment que 7 à 8 millions de nos concitoyens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Nous avons 20 à 30 ans de retard en matière de logement. La crédibilité du Président, comme celle du Premier ministre, et de son gouvernement dans son ensemble, serait mise en cause si la politique de logement n’était pas à la hauteur des promesses de la campagne présidentielle. Notamment le souhait que d’ici deux ans, il n’y ait plus de SDF en France, alors qu’ils sont encore entre 80.000 et 100.000.


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