Relations Maroc/France

Jacques Chirac venu renforcer la présence française au Maghreb

Bilan de la visite du président de la République

14 octobre 2003

L’annonce d’une nette amélioration du statut de la femme a coïncidé avec une visite destinée à resserrer les liens traditionnels entre Paris et Rabat mais au delà entre la France et la région du Maghreb face à la concurrence américaine dans ses pays.

Jacques Chirac a terminé sa visite d’État samedi par un discours devant le Parlement marocain. Il y a réaffirmé un soutien sans faille aux autorités marocaines, sachant que le royaume joue un rôle décisif du point de vue de la « présence française » de plus en plus ouvertement concurrencée par les États-Unis dans le Maghreb et au-delà sur le continent africain. Le chef de l’État n’a pas manqué de saluer à cette occasion les importantes mesures annoncées la veille devant ce même Parlement par le roi Muhammad VI sur l’amélioration du statut de la femme. Il les a qualifiées d’« avancées considérables pour la société marocaine ». Ces décisions, si elles sont effectivement suivies d’applications concrètes, constitueraient bel et bien une transformation considérable pour les femmes. L’amélioration du Code de la famille annoncé par le souverain comporte en effet des réformes décisives. Celles-ci placent notamment la famille sous la responsabilité conjointe des deux époux. Elles n’autorisent plus la polygamie. Elles interdisent la répudiation et portent à 18 ans, au lieu de 15, l’âge légal du mariage des femmes.
La plupart des formations politiques marocaines ont accueilli très favorablement ces dispositions royales. Y compris le parti islamiste Justice et Développement (PJD), soucieux sans doute de conforter une image modérée -cherchant en cela à imiter, pour séduire l’électorat, le parti islamiste parvenu récemment au pouvoir à Ankara-, est allé jusqu’à « saluer et apporter son soutien » au projet de Muhammad VI.

Sur le plan économique, les discussions entre le ministre marocain des Finances, Fathallah Oualalou, et Francis Mer, pour une nouvelle réduction de la dette marocaine détenue par la France, ne semblent pas avoir abouti. Les Marocains obtiennent cependant une aide supplémentaire de 150 millions d’euros, la promesse de Paris d’appuyer les demandes marocaines de bénéficier d’un "statut avancé" avec l’UE et de pouvoir ouvrir des négociations agricoles avec la Commission européenne. La perspective d’une UE à 25 compliquera en effet l’accès du marché européen pour les produits agricoles marocains, qui constituent la principale source de devises du pays avec le tourisme.
En fait, cette visite revêtait surtout une dimension géopolitique. Depuis les attentats du 16 mai, et la percée islamiste aux élections législatives de septembre 2002, l’inquiétude de Paris s’était renforcée. Le Maroc était menacé à son tour d’une déstabilisation. La France ne pouvait rester sans réagir. D’autant que Washington ne s’est pas fait prier pour voler au secours du royaume chérifien en envoyant une équipe du FBI et de la CIA sur place dès le lendemain des attaques terroristes. Surtout la perspective de la signature d’un accord de libre-échange entre Rabat et Washington, qui doit entrer en vigueur en 2004, a confirmé toutes les craintes françaises. Paris avait d’abord réagi en jugeant que le démantèlement tarifaire était incompatible avec l’accord d’association euro-méditerranéen. La France est d’autant plus chatouilleuse sur ce piétinement ostentatoire de ses plates-bandes que les Américains ne font pas mystère de leur intérêt pour l’exploitation offshore de prometteuses ressources pétrolières, pour lesquelles ils auraient déjà fait de nombreuses offres aux autorités marocaines.
Ce forcing de Paris pour préserver ses liens traditionnels avec Rabat explique sans doute aussi le soutien de la France aux revendications marocaines sur le Sahara occidental. Lors d’un récent conseil de sécurité de l’ONU, Jacques Chirac a ainsi affirmé qu’il n’était pas question d’imposer au Maroc une solution qui ne prenne pas en compte ses intérêts. Muhammad VI n’a pas manqué de faire savoir qu’il se réjouissait du concours de la France pour que son pays obtienne un statut particulier auprès de l’UE et que Paris œuvre en faveur « d’une solution juste et réaliste » sur le dossier sahraoui.


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