L’Etat se sert la ceinture, le service public a la vie dure

9 avril 2008

7 milliards d’économies sur le budget de l’Etat pour la période 2009-2012. Quelle promesse ! Plus de 160 mesures ont été préconisées par Nicolas Sarkozy lors de son discours à Bercy le 4 avril dernier. A noter la confirmation du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Est-ce pour autant que les dépenses publiques seront équilibrées d’ici 2012 ? Si oui, quel en est le prix ?

Après les 97 mesures de réformes préconisées par le premier Conseil de Modernisation des Politiques Publiques (CMPP), le Président de la République Nicolas Sarkozy en remet une couche, un beau millefeuille de 166 mesures de réforme à déguster sur le bout des doigts. « Le temps de la réforme est venu », déclare le Président Sarkozy, indiquant qu’il n’y pas d’autres choix. Tous les ministères sont concernés. Les effectifs de fonctionnaires sont réduits, mais promet Nicolas Sarkozy, cela n’aura aucune incidence sur la qualité du service public. Allons bon ! Il lance pour slogan « service public mieux rendu, moyen mieux utilisé ». C’est le “mieux” qui reste flou. Tenez, les 3 armées devront mutualiser différents services, d’achat, d’alimentation, d’habillement, et les services administratifs. C’est par souci d’économie, insinue le président. Alors combien coûte l’envoi de 1000 soldats supplémentaires en Afghanistan ? Sans vouloir contraindre la qualité opérationnelle des armées, le chef de l’Etat estime que cette mutualisation des services permettra une gestion plus économe. Seules, la police et la gendarmerie ont le mérite de conserver leurs effectifs, sans pour autant être dédouanées de quelques efforts pour maîtriser le coût de leurs interventions, sur le transfert des prisonniers par exemple.

Suppression de postes

On l’attendait, les syndicats de fonctionnaires davantage. C’est aujourd’hui confirmé. Il y aura bien non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. L’Education Nationale serait concernée par une suppression de plus de 11.000 postes cette année, et les autres ministères n’échapperont pas à la règle. La réduction des effectifs de l’Etat est aujourd’hui une réalité menaçante, dénoncée par les syndicats. Allez ! Même Bernard Kouchner, le “brillant” Ministre des Affaires étrangères devra s’y coller, et revoir les effectifs du corps diplomatique. 721 personnes travaillent au sein des cellules diplomatiques du Sénégal, alors que seulement 271 sont en postes en Inde. Nicolas Sarkozy entend mieux adapter la présence diplomatique française. Bref ! L’Etat veut économiser le moindre euro, mais promet en même temps l’amélioration de la qualité des services publics. Qui peut le croire ? Beaucoup émettent déjà de sérieux doutes sur la pertinence qualitative de cette réforme tant désirée par le Président Nicolas Sarkozy, et les syndicats n’ont pas attendu pour tirer la sonnette d’alarme. Sarkozy impose un cap, mais a-t-il au moins une bonne boussole ?

Que du flou

Ces annonces se font au sein de Bercy, signe d’un changement de cap dans la gestion de l’appareil étatique. « Ce ne sont pas les économies qui feront la réforme, c’est la réforme qui fera des économies », assurait Nicolas Sarkozy. Il appelle à juger sur les résultats et non plus sur les moyens. Assistera-t-on à dégradation des services de l’Etat ? Nicolas Sarkozy estime que non. Assistera-t-on à la paupérisation des agents de l’Etat ? Il dit vouloir redistribuer le fruit des économies, à savoir donc 7 milliards, au profit des fonctionnaires. Est-ce qu’il y aura donc augmentation des salaires des fonctionnaires, et notamment ceux de Métropole, qui ne profitent pas de la prime de la vie chère ? Cela étonnerait plus d’un. D’ailleurs, le président s’est exprimé sur les retraités métropolitains qui venaient se couler une paisible retraite au soleil ultramarin, en s’assurant de l’octroi de la prime de la vie chère, « alors même qu’ils n’ont jamais œuvré en Outre-Mer », constate-t-il. Est-ce la voie tracée vers la suppression de la prime de vie chère pour les fonctionnaires exerçant dans les DOM ? Et puis, l’Etat a clairement indiqué qu’il souhaitait faire des économies au bénéfice du logement social. 70% des Français peuvent prétendre à un logement social, alors qu’il n’était que 60% il y a encore dix ans. Le président envisage de revoir le plafond des ressources, afin de donner priorité à ceux qui en ont davantage besoin. Est-ce que cela mettra en péril la situation de nombreuses familles ? Si une famille dépasse le plafond de seulement 10, voire 20 euros, sera-t-elle privée de son logement, au profit d’une autre qui sera juste à 10 ou 20 euros en dessous du plafond de ressources ? L’État prévoit même de revoir le 1% logement ? Oui, sûrement que l’Etat, à force de serrer sa ceinture, présentera en 2012 des finances équilibrées, mais est-ce que cela assurera un service qualité ?

W.T.


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