Décentralisation

La Corse se rapproche des îles autonomes

Un article paru dans "Corse matin" du 4 mai

7 mai 2003

Invitée à la rencontre des ’Parlements des régions insulaires’ au sein de l’Union Européenne, la Corse s’intéresse au pouvoir législatif dont bénéficient ces îles pour gérer leurs « affaires intérieures ».

Symbolisant l’évolution de sa situation, la Corse a été invitée cette semaine à Cagliari, en Sardaigne, à la première rencontre des "Parlements des régions insulaires" qui, des îles Aland (Finlande) à la Sicile, tentent d’affirmer leur autonomie, entre les États et une Europe de plus en plus influente.
Dans l’hémicycle du Conseil régional de Sardaigne, la Corse a mesuré la distance la séparant encore des autres îles européennes dotées d’un statut particulier.
Les présidents des assemblées des Açores au Portugal, de la Sicile en Italie ou des Baléares en Espagne y ont détaillé le pouvoir législatif dont bénéficient ces îles pour gérer leurs « affaires intérieures », des infrastructures à l’éducation en passant par l’aide sociale, la culture ou l’environnement, voire la poste ou la police dans les îles Aland.
Cet archipel de la mer Baltique, dont l’autonomie très poussée a été engagée en 1919, dispose même d’une « citoyenneté régionale », qui donne accès à des droits dont ne bénéficient pas les autres citoyens de la Finlande, a expliqué le « speaker » de son parlement, Viveka Eriksson.
Au total, le pouvoir législatif concerne sept régions insulaires, regroupant 9,5 des 10 millions d’habitants vivant dans des îles de l’Union européenne. Parmi ces dernières, ne sont pas comptées Jersey, Guernesey ou le Groenland, qui ont décidé de rester au dehors de l’UE « par crainte de perdre leur autonomie ».

« Pas la panacée »

La Corse ne fait pas partie de ces régions autonomes mais s’en approche, ont reconnu les participants à la rencontre de Cagliari. « Hier considérée comme aventurière dans un modèle français ultra-centralisé, la Corse fait aujourd’hui figure de précurseur en matière de décentralisation », s’est félicité José Rossi, le président (UMP) de l’assemblée de Corse. La Corse a vu en effet ses compétences s’élargir de manière significative depuis son premier « statut particulier » en 1982. « Dans le domaine des transports, on peut considérer qu’elle dispose d’un pouvoir plus étendu que les autres îles de l’Union Européenne (UE) parce qu’elle gère l’enveloppe de la continuité territoriale », à savoir les liaisons maritimes et aériennes avec le continent, selon Jean-Didier Hache, secrétaire exécutif de la Conférence des régions périphériques maritimes (CRPM).
« De toute façon, le pouvoir législatif n’est pas forcément la panacée », a soutenu Salvo Fleres, vice-président de l’assemblée de Sicile. Car, « son application se heurte de plus souvent à une législation communautaire qui ne cesse de s’étendre », a-t-il ajouté.

Dans ce contexte, des participants se sont dits « préoccupés par l’impact de l’élargissement de l’Union Européenne à des pays éloignés des façades maritimes et encore plus pauvres que la majorité des régions insulaires ». Ces dernières ont donc lancé, vendredi, un appel commun à la Convention chargée de réfléchir à une nouvelle constitution européenne afin qu’elle n’oublie pas les spécificités et les handicaps des îles.


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