France

La Fédération de l’hospitalisation privée déplore les « pénuries de personnels »

Alors que le chiffre de 13.000 victimes de la canicule a été annoncé

22 août 2003

Alors qu’hier se tenait un Conseil des ministres à l’issue duquel le président de la République a fait une déclaration (voir encadré) , la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) a tiré un premier bilan de l’hécatombe qui a tué des milliers de personnes. La FHP a salué « la qualité du travail des personnels des cliniques privées » face à la canicule, tout en soulignant les « pénuries de personnels ».
Face à la canicule « qui a fait tant de victimes », cette fédération, qui représente quelque 1.300 cliniques en France, 120.000 salariés et 40.000 médecins, a souligné que ces établissements ont des services d’hospitalisation et des services d’urgences « où tous les patients (...) ont été pris en charge, suivis et soignés par un personnel qui a su se mobiliser, assumer ses missions ».
La FHP regrette que, « dans une situation aussi grave (...), des critiques non argumentées se concentrent sur le système de soins et ses plus hauts responsables ». Et ce, « alors que ce sont les mêmes personnes qui, avec les moyens dont elles disposaient, ont su, en bout de chaîne sociale, prendre leurs responsabilités à tous les niveaux ».
Le fond du problème, selon la FHP, c’est que « les établissements privés, tout comme l’hôpital public, souffrent de pénuries de personnels. Il conviendra, avec les pouvoirs publics et la Sécurité sociale, d’en tenir compte rapidement en termes de salaires et de postes ». De ce fait, la FHP souhaite être associée aux réunions de bilan et de réflexion sur les modifications des dispositifs d’alerte et de réponse à l’alerte que le gouvernement a mis en place.
Autre organisation de professionnels de santé à s’être exprimée hier, la Fédération française des médecins généralistes (MG France) a évoqué les estimations de plus de 10.000 morts liées à la canicule. Elle estime que « le nombre annoncé traduit une catastrophe sanitaire qui est sans précédent dans notre pays » et qui « appelle une remise en cause profonde de la qualité de notre système de santé ». Le syndicat de médecins note que « l’insuffisance du recueil des données épidémiologiques au quotidien devient une évidence. Elle devrait pourtant se situer au plus près des premiers acteurs de soins, soignants libéraux en ville et services d’urgences pour les hôpitaux ».

Des changements nécessaires
À l’issue du Conseil des ministres d’hier, le président de la République a fait une déclaration dans laquelle il tire des enseignements de la crise sanitaire que vient de connaître la France. Jacques Chirac s’est engagé à tout faire « pour remédier aux insuffisances que nous avons constatées dans notre organisation sanitaire ».

Exprimant sa solidarité aux victimes et aux familles touchées, le chef de l’État a rendu hommage à tous ceux, « professionnels et bénévoles, qui se sont mobilisés, dans cette période si difficile ». Il a indiqué avoir demandé au gouvernement « que les causes des drames que nous venons de vivre soient analysées en profondeur, et dans la plus totale transparence ». « Toutes les conséquences devront en être tirées afin de prévenir le retour de telles situations », a-t-il ajouté, précisant que les systèmes de prévention et d’alerte seront revus, alors que les services de secours et d’urgence devront être mieux reconnus.

Rappelant que « de nombreuses personnes fragiles sont mortes seules à leur domicile », le chef de l’État a appelé à davantage de solidarité. « Dès le mois d’octobre, le gouvernement fera les propositions indispensables pour rendre cette solidarité plus forte, plus active, plus efficace », a-t-il promis.

Plusieurs partis de l’opposition ont réagi au discours du chef de l’État. Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste français, a regretté que Jacques Chirac « n’ait pas pris la dimension de la catastrophe humanitaire que connaît notre pays ». La secrétaire nationale du PCF estime « qu’il faudrait dès maintenant réunir l’Assemblée nationale et commencer à débattre des mesures indispensables et du budget ».

Pour sa part, le président du groupe PCF à l’Assemblée nationale, Alain Bocquet, a estimé hier qu’il y a urgence à « faire toute la clarté et tirer tous les enseignements de ce drame national » qu’est la canicule. Face à cette « catastrophe humanitaire », il a demandé que l’Assemblée nationale soit « réunie sans délai ».

Selon Alain Bocquet, les quelque « 10.000 morts » liés à la vague de chaleur ne constituent « pas un coup de tonnerre dans un ciel serein : c’est le résultat d’une logique politique initiée par le tristement célèbre plan Juppé de 1995 ». Ce plan a « imposé des restrictions dans le domaine de la santé » notamment avec « la fameuse maîtrise comptable ».

« À force de compter à un sou près les frais de santé des Français », a-t-il précisé, « on en vient un jour à compter les morts ». « C’est ce qui arrive aujourd’hui et ce n’est pas une fatalité contrairement à ce que pensent certains. On mesure combien cette société, où l’argent a pris la place des humains, a atteint ses limites ».

Pour le premier secrétaire du PS, François Hollande, « la compassion tardive de M. Chirac ne peut exonérer le gouvernement de sa propre responsabilité ». François Hollande a renouvelé sa demande d’une « véritable commission d’enquête ».

Pour sa part, Marie-Hélène Aubert, porte-parole des Verts, estime qu’« on attendait mieux du président de la République qu’une intervention compassionnelle et culpabilisante, vide de toute proposition concrète. Les Verts attendaient notamment une prise de conscience de l’inadaptation du système de santé actuel à deux problèmes majeurs auxquels est confrontée notre société : les conséquences du réchauffement climatique et l’augmentation très importante des personnes âgées ».


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