
C’était un 30 juin
30 juin, par1993- La disparition de Lucet Langenier. Elle a été brutale, prématurée et a frappé douloureusement non seulement sa famille mais aussi ses (…)
Social
Vincent Cellier, secrétaire départemental de la F.S.U.
16 mai 2003
Après la manifestation unitaire public-privé de mardi dernier à Saint-Paul à l’appel de l’intersyndicale, et après la nouvelle journée de grève et d’actions dans l’Éducation nationale hier, ’Témoignages’ a voulu faire le point sur la mobilisation des forces sociales à La Réunion face aux projets du gouvernement. Nous avons interrogé Vincent Cellier, secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (F.S.U.), principale organisation dans l’Éducation nationale et membre de l’intersyndicale.
Ce jeudi c’était la rentrée des classes pour la dernière période de l’année scolaire. Quels ont été le niveau et la nature de la mobilisation ?
- L’ensemble des coordinations se sont réunies pour un bilan de la mobilisation d’aujourd’hui (hier - NDLR). Il ressort que l’action de grève a été reconduite dans l’immense majorité des établissements scolaires de La Réunion. Les actions ont repris avec une fermeté plus grande qu’avant les vacances. Les déclarations de mépris du gouvernement poussent l’ensemble des personnels à radicaliser leur action. Dans les jours qui viennent, des actions très fortes seront mises en place.
Mercredi, l’Intersyndicale considérait qu’un collègue en grève est en droit de refuser les services qu’on voudrait lui imposer, y compris la surveillance des examens. Désormais, la menace sur les examens n’est plus taboue.
Aujourd’hui (hier - NDLR) au lycée Antoine Roussin de Saint-Louis, la moitié des élèves n’a pas pu passer l’examen du BTS, tandis qu’une autre moitié a pu entrer. Il y a rupture d’égalité devant l’examen. À la FSU, nous considérons qu’il faudra que l’épreuve soit annulée. Une réunion de l’Intersyndicale déterminera ce vendredi notre position devant les épreuves de BTS.
Quoi qu’on en dise, d’autres épreuves ont été annulées dans le passé, pour des erreurs administratives. Dans tous les cas, les épreuves ont pu être reportées. Il faut rassurer les élèves.
Pour la suite, la FSU soutiendra toutes les actions qui tendront à assurer un dénouement rapide du problème. Nous appelons tous les collègues à se mettre en grève reconductible ou illimitée, à l’exemple des personnels des lycées agricoles, en grève illimitée depuis ce jeudi matin.
Quel est l’état d’esprit général dans les établissements et autour d’eux ? Pas seulement chez les grévistes, mais les élèves, les parents… ?
- Je pense qu’il y a une inquiétude générale. Malgré tout, nous continuons à avoir un très large soutien. Plus le temps passe, plus le mouvement sera difficile. Il serait bon que le gouvernement réponde aux attentes des personnels. Mais c’est dans le rapport de forces qu’on arrivera à le faire plier.
En France, 57 départements sont aussi dans la grève reconductible.
L’appel du lundi 19 est un mouvement qui concernera toutes les Fonctions publiques. Je pense que le mouvement de lundi sera suivi très largement. La politique actuelle du gouvernement est dramatique pour l’ensemble des services publics et nous dénonçons fermement leur démantèlement par le désengagement de l’État. Ce gouvernement est dans un schéma idéologique ultra-libéral consistant à réduire les dépenses de l’État plutôt que d’augmenter ses recettes, avec des conséquences directes sur la qualité des services publics.
La grève vous a-t-elle permis d’instaurer un large débat sur ces questions, dans les établissements, pour faire passer les informations relatives aux réformes ?
- Depuis un mois, nous avons tenu des assemblées générales, avec les personnels de toutes catégories, tous réunis, et les échanges ont été très riches. Nous avons eu des contacts entre enseignants et non enseignants allant bien au-delà de ce qui se fait en général dans les mouvements de grève de 24 heures.
De nombreuses réunions se tiennent aussi avec les parents, les élèves. Le débat se fait aussi au travers des médias. Les réunions des quatre coordinations régionales et de la coordination Réunion, qui regroupe leurs élus, sont le lieu de débats et de prises de décision concertées avec les organisations syndicales et intersyndicales. C’est tout cela qui participe à la réussite du mouvement actuel.
Quel objectif vous paraît-il prioritaire d’atteindre ?
- La première exigence est que le gouvernement prenne conscience que nous avons besoin à La Réunion d’un service public d’enseignement de qualité. Nous avons besoin d’un enseignement qui réponde aux difficultés sociales des familles.
La direction actuelle prise par le gouvernement va à l’opposé de cette attente. Le précédent plan de rattrapage n’allait pas au-delà de la prise en compte de la croissance démographique. Nous voulons aujourd’hui un plan permettant l’amélioration qualitative et quantitative de l’enseignement. Tous les indicateurs des taux d’encadrement montrent que La Réunion est la dernière académie de France. Il faut prendre la mesure de ces difficultés et se donner les moyens d’y répondre.
Concernant les transferts de personnels, les Réunionnais voient bien les conditions de précarité existant dans la Fonction Publique Territoriale : je pense aux 80% d’employés communaux sans statut ; je pense à la croissance du nombre de vacataires dans les administrations.
L’orientation du gouvernement veut généraliser ces pratiques. Il faut au contraire une responsabilité et des engagements plus forts de l’État. C’est un choix de société différent. L’éducation est un investissement nécessaire. On ne peut pas imaginer un développement de société qui ne repose pas sur une éducation solide.
Et sur les retraites, de quelle alternative votre mouvement est-il porteur ?
- Pour les retraites, le problème est le même. On ne peut pas envisager une société qui impose la pauvreté aux retraités. On demande aux agents de cotiser plus longtemps, pour une retraite plus faible. Un enseignant, ayant débuté à 25 ans, arrive à 60 ans avec 35 annuités : avec la réforme du gouvernement, il ne toucherait pas la moitié de son dernier salaire (48 ou 49% de son dernier salaire). Il y a une rupture de traitement très importante.
Le gouvernement veut appauvrir fortement les futurs pensionnés pour les pousser à la capitalisation. En fait, seuls les riches pourront payer des compléments gérés par des grosses boîtes d’assurance qui joueront leurs retraites en Bourse. Tous ceux qui n’auront pas ces compléments seront acculés à la pauvreté. C’est un retour en arrière de cinquante ans. Là encore, c’est un choix de société.
D’une part, on peut mieux répartir l’assiette de cotisation, en faisant participer davantage les revenus financiers et en demandant à l’État de consacrer une part plus importante des richesses issues de la croissance et des impôts. C’est une exigence normale, dans un pays où la population vieillit. C’est un problème d’équité. C’est ce que les syndicats proposent depuis des mois.
Le gouvernement ne répond pas pour des raisons idéologiques. Au lieu de cela, il ment aux Français en essayant de les diviser. La force qui naît dans la rue en ce moment a pris conscience de cette stratégie et n’est pas prête à se laisser faire.
Quelles solidarités proposez-vous pour La Réunion, où le contexte est très différent de ce qu’il est en France sur la question des retraites mais aussi dans l’éducation, l’emploi etc… ?
- À La Réunion, le contexte économique est en effet différent : plus de la moitié des retraités sont au minimum vieillesse, et le chômage frappe plus de 30% de la population active. On a besoin de plus de solidarité : celle-ci existe de fait dans le système par répartition. Ici plus encore qu’en France, il est aberrant de retarder les départs à la retraite. Ce sont les jeunes qui sont privés de l’accès à l’emploi. Le départ à 65 ans plutôt qu’à 60 supprimerait 300.000 emplois au plan national.
Ici, dans le décompte des annuités de la Fonction publique, trois ans comptent pour quatre, ce qui permet à un grand nombre de collègues de partir à taux plein à 60 ans ou d’aller vers les dispositifs de cessation d’activité. C’est pourquoi nous avons dénoncé, dans le projet de loi-programme, le fait qu’il reprenne sans l’améliorer le dispositif du congé-solidarité de la LOOM. C’est totalement inefficace : il n’est pas suffisamment incitatif pour permettre aux salariés de retenir cette solution.
Concernant la loi-programme justement, quelles propositions avez-vous fait ?
- La FSU, devant la loi-programme, condamne l’absence totale du volet éducatif. Nous réclamons un plan de rattrapage et nous sommes solidaires des autres syndicats qui dénoncent le manque d’ambition et de cohérence de la loi. Elle ne sera pas efficace en l’état. C’est encore un projet de loi qui fait la part belle aux entreprises, sans garantie d’embauche et de créations d’emplois.
L’intersyndicale quant à elle travaille à élargir le mouvement à l’ensemble de la Fonction Publique et à toucher également le secteur privé. Les réformes démantèlent l’ensemble de la société. Il faut que les salariés du privé prennent conscience de la méthode et de la stratégie du gouvernement. C’est tous ensemble qu’on arrivera à le faire plier.
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