Répercussions en France du bombardement des Palestiniens de Gaza

La manifestation interdite à Paris dégénère

22 juillet 2014, par Céline Tabou

La manifestation interdite à Paris samedi 19 juillet pour protester contre l’intervention israélienne dans la bande de Gaza a dégénéré, alors que dans plusieurs villes de France, la mobilisation s’est faite dans le calme.

En France, les répercussions de l’offensive israélienne contre les Palestiniens de Gaza donne lieu à une radicalisation des manifestations et des mots d’ordre.

Plusieurs milliers de personnes se sont réunies samedi à Paris, dans le quartier de Barbès, en dépit de l’interdiction de la préfecture de police de Paris. Rapidement, des manifestants ont jeté des projectiles, des pierres et des bouteilles sur les forces de l’ordre qui ont répliqué à coups de gaz lacrymogènes.

Une interdiction vivement contestée

Après la précédente manifestation qui a conduit à des heurts aux abords de deux synagogues, la préfecture de police de Paris a interdit deux nouveaux rassemblements, samedi 19 juillet, à Paris et à Sarcelles. Cette décision a été soutenu par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve et le Président de la République, François Hollande, en déplacement au Niger : « Il ne peut y avoir des manifestations qui se font face et qui représentent des risques pour l’ordre public. Nous ne pouvons rester indifférents lorsque les objectifs ne sont pas simplement de manifester », a-t-il déclaré.
Pourtant elle divise la classe politique et notamment au sein du parti présidentiel, le député Pouria Amirshahi, présent dans la délégation présidentielle en Afrique de l’Ouest, a répliqué que « tout rassemblement comporte des risques, mais la police doit faire son travail le cas échéant ». Plusieurs députés socialistes, dont Alexis Bachelay, Yann Galut et Pascal Cherki, ont exprimé leur désapprobation. « Aujourd’hui, nous refusons la décision trop hâtive du ministère de l’Intérieur et appelons le gouvernement français à lever rapidement cette interdiction de manifester », ont-ils écrit.
Le porte-parole des Verts, Julien Bayou, a vivement critiqué cette décision : « on peut manifester a Tel Aviv ou New York mais pas a Paris. Incroyable interdiction qui va créer plus de trouble a l’ordre public ».

Des manifestations partout

Selon les estimations de la préfecture de police contactée par le quotidien « Le Monde », entre 1.500 et 2.000 personnes ont participé au cortège de Barbès, et 100 et 200 manifestants se sont réunis à la gare du Nord. Sur plusieurs mètres, les manifestants ont scandé « Israël casse-toi, Palestine vaincra » ou autre variante « Israël assassin, Hollande complice », avec des drapeau palestiniens à la main.
Parmi les manifestants, Sandra Demarcq, membre de la direction du NPA a expliqué au Monde qu’il était « hors de question de ne pas venir manifester » car « l’interdiction est illégitime et scandaleuse. De toute façon plus on est nombreux moins il y a le risque de débordements ». Cette dernière a indiqué que « Paris est la seule capitale du monde à interdire une manifestation de soutien à Gaza. Même à Tel Aviv elle a eu lieu ! ».
En effet, ailleurs en France, des manifestations, prévues samedi 19 juillet, se sont déroulées dans le calme. Plus de 5.000 manifestants sillonnés les rues de Lyon, 1.700 à Saint-Étienne, un peu plus d’un millier à Strasbourg, 600 à Clermont-Ferrand, 400 à Montpellier, environ 300 à Bordeaux et 200 à Toulouse. A Nice, environ 90 personnes selon la police, ont bravé l’interdiction préfectorale.
A Londres, plusieurs milliers de personnes ont défilé depuis les grilles du 10 Downing Street, cabinet et résidence du Premier ministre, jusqu’aux abords de l’ambassade d’Israël, située dans le quartier de Kensington, dans l’ouest de la capitale. Les londoniens ont appelé à l’arrêt des attaques : « Arrêtez les attaques israéliennes sur Gaza », mais aussi « Libérez la Palestine », « Gaza, arrêtez le massacre », d’autres ont prit à parti David Cameron : « David Cameron, honte à toi » ou encore « Gaza, Gaza, ne pleure pas, nous ne te laisserons pas tomber ».

La manifestation dégénère

A la manifestation interdite de Paris, samedi peu avant 16 heures, la tension monte, des gaz lacrymogènes sont tirés et un mouvement de foule commence. D’après Le Monde, « les CRS en nombre sont déployés dans les rues adjacentes au boulevard Barbès », tandis que des manifestants comment à leur jeter des pierres et des projectiles. Par la suite, manifestants et passants sont encerclés par les CRS.
« Les manifestants ont tous la même version des faits. Le rassemblement se déroulait bien. Les forces de l’ordre ont tiré sans sommation avec leurs flash-ball et lancé des grenades lacrymogènes », a indiqué la journaliste du quotidien. Par la suite, des manifestants ont jeté des poubelles à terre et des projectiles ont été lancé sur les CRS. Face à la situation, les magasins du quartier de Barbès ont fermé en attendant que la situation revienne au calme.
D’après l’Agence France Presse, 17 policiers et gendarmes ont été blessés et 44 personnes ont été interpellées, dont 19 se trouvaient toujours en garde à vue dimanche matin. « Il y avait des forces de police devant, derrière, sans aucun possibilité de s’échapper. La tension aidant, au bout d’un moment, des frictions ont commencé. Les forces de l’ordre ont envoyé des grenades sur un sit-in qui s’installait à Barbès. Ils ont fait usage de gaz vomitifs et de flash-ball », a expliqué un passant à l’agence, estimant que 8.000 à 10.000 personnes avaient manifesté samedi.
Organisée à l’initiative du « collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens », qui regroupe un panel plus large d’associations, de partis et de syndicats, autre manifestation parisienne est prévue mercredi 23 juillet en soirée.

Céline Tabou

NPA, PCF et Front de Gauche même combat


Dans des communiqués de presse, ces trois organisations politiques ont dénoncé la position de François Hollande dans le conflit israélo-palestinien. Pour le PCF, « le président de la République, son premier ministre et sa diplomatie apportent leur soutien à l’agression israélienne. C’est d’autant plus inacceptable que François Hollande s’était engagé en 2012, à agir pour favoriser la paix et la sécurité entre Israël et la Palestine, à soutenir la reconnaissance internationale de l’Etat Palestinien (engagement 59 du candidat François Hollande) ».
De son côté, le Front de gauche dénonce « la décision du gouvernement Valls qui a conduit à l’interdiction de la manifestation de samedi 19 juillet à Paris au motif d’incidents intervenus le dimanche précédant dont l’origine ainsi que le rôle de la Ligue de Défense Juive donnent lieu à des versions contradictoires. Cette interdiction constitue une atteinte intolérable au droit de manifester ; elle témoigne aussi du choix du Premier Ministre d’une stratégie de la tension qui est insupportable car potentiellement dangereuse pour le débat et la démocratie ! ».
Le NPA, présent lors des précédentes manifestations a réitéré sa solidarité envers le peuple palestinien et condamnés « tous les propos et actes antisémites où qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, du FN comme des amis de Soral et Dieudonné, ou d’autres dangereux irresponsables qui travestiraient la solidarité légitime avec les Palestiniens ».
Assurant ne pas confondre la « population juive, ici ou en Israël, croyante ou non, avec la défense de la politique coloniale de l’Etat d’Israël ». Le parti pointe du doigt le CRIF, qui « affirme que les Juifs de France soutiennent Israël, et de la Ligue de Défense Juive (LDJ) », et qui « appelle à des rassemblements pro-Israël devant des synagogues. Le conflit israélo-palestinien n’est pas un conflit religieux mais bel et bien un conflit politique ».

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