Droits sociaux

Le droit à la retraite au cœur des luttes sociales

Après l’annonce du plan Raffarin

4 février 2003

Dans un discours hier devant le Conseil économique et social, le Premier ministre a donné le coup d’envoi de la réforme des retraites. Il est favorable à une réforme à horizon 2020, à un maintien de l’âge légal de la retraite à 60 ans et à la mise en place d’une épargne volontaire. Il souhaite que le texte de loi soit voté avant juillet.

« La réforme a trop tardé », a déclaré le Premier ministre ce lundi devant le Conseil économique et social « et nous nous sommes déjà assez défaussés sur l’avenir ». Jean-Pierre Raffarin a donné, par ce discours, le signal du départ sur la réforme des retraites. Il a dessiné la méthode et précisé le calendrier.
L’enjeu de la réforme des retraites est « clair », il consiste à « sauver notre système de répartition ». Jean-Pierre Raffarin a estimé que c’était « l’immobilisme » qui tuait la répartition. La réforme proposée par le gouvernement se fera progressivement et de façon évolutive. Mais dans l’immédiat il s’agit d’assainir la situation à horizon 2020. Les partenaires pourront ensuite se revoir régulièrement, « tous les cinq ans par exemple ». Autre point : le pouvoir d’achat des retraités doit être garanti. « Il y a beaucoup de petites retraites, trop nombreuse et trop petites », a notamment déclaré le Premier ministre. Le gouvernement ne remet pas en cause l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans mais souligné qu’il fallait limiter le recours aux « départs » pour les moins de 60 ans.

Encourager l’épargne

Au sujet des différences de régime entre les salariés du privé et ceux du public, Jean-Pierre Raffarin a estimé que la prise en compte de leurs « spécificités » ne devait pas « faire obstacle aux exigences de l’équité, qui veulent que la situation de personnes placées dans des situations comparables soit harmonisée ». « Je pense notamment aux durées de cotisation », a-t-il ajouté.
« La première urgence est de faire augmenter l’activité des salariés de plus de 55 ans » a notamment estimé le chef du gouvernement. Il a également précisé que si en France le taux de fécondité repassait à 2,1 (il est de 1,9 enfant par femme aujourd’hui), « ce serait presque 10% des besoins pour financer les retraites qui seraient couverts ».
Jean-Pierre Raffarin a également affirmé que ceux qui veulent travailler plus longtemps pour une retraite plus importante seront encouragés. Il veut également encourager une épargne volontaire dont il faudra d’ailleurs déterminer la part dans la totalité des prestations. Le Premier ministre souhaite étendre à tous les Français des aides à l’épargne volontaire, tout en prenant soin de souligner que « les régimes de capitalisation sont étrangers à notre histoire sociale ».

Vote avant juillet

Dans le cadre de cette réforme, plusieurs rencontres sont prévues avec les partenaires sociaux. Un calendrier dévoilé hier lors du discours du Premier ministre devant le Conseil économique et social. Ainsi, à partir de jeudi prochain, les ministres François Fillon, chargé de la réforme pour le privé et Jean-Paul Delevoye, de celle du public, recevront les organisations syndicales une par une et ce pendant tout le mois de février. Ensuite, les discussions formelles entre le gouvernement et les syndicats occuperont le mois de mars.
Après ces différentes réunions, le gouvernement proposera son projet au et il sera discuté au Parlement. L’objectif est un vote avant juillet. Le Premier ministre a déclaré qu’il était « prêt à engager la responsabilité du gouvernement » devant le Parlement sur cette réforme.

Des raisons de s’inquiéter selon le PS
La porte-parole du Parti socialiste, Anne Hidalgo, a que le projet annoncé par Jean-Pierre Raffarin devant le Conseil économique et social sur la réforme des retraites est « prudent », mais lourd « d’inquiétudes ». Elle y voit « quand même quelques signes forts de principes d’une réforme qui nous paraît très contestable ».
La première adjointe au maire de Paris pointe ainsi « trois grosses zones d’inquiétude ». « Il ne parle plus du tout de négociation dans sa méthode, donc ça veut dire que la place des partenaires sociaux sera particulièrement résiduelle et se limitera à des discussions, à de l’information », a-t-elle déploré.
Anne Hidalgo accuse ensuite le Premier ministre d’« opposer » salariés du privé et du public. « Il y a quand même danger à opposer ces catégories entre elles et à laisser entendre que les uns voleraient les autres. Le sujet est beaucoup plus compliqué que cela ». « Le système du public n’est pas né du hasard », a-t-elle ajouté, observant notamment que les salaires progressent moins vite dans le public.
Enfin, la porte-parole du PS a vivement dénoncé le souhait de Jean-Pierre Raffarin de « faciliter l’épargne retraite ». « On ne peut pas à la fois dire qu’il faut maintenir le système par répartition et dans le même temps mettre en place les outils qui vont l’assécher et qui nous font basculer sur un système par capitalisation », a-t-elle conclu.

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