Biodiversité

Le mérou se réinstalle en Méditerranée

25 avril 2003

Dans un second article, ’Le Monde’ donne un aspect déjà visible du réchauffement des eaux avec le repeuplement du littoral méditerranéen en mérous.

Avec sa grosse lippe pendante, ses bajoues, sa peau tavelée et son œil rond de vieux pirate blasé, il a toutes les chances d’attirer l’attention. D’autant que ce poisson ne résiste pas à la curiosité dès l’approche d’un étranger ! Cette familiarité a été largement fatale au mérou, qui disparaissait de la Méditerranée. Or le voilà qui s’en revient depuis une quinzaine d’années, du fait d’un léger réchauffement des eaux et aussi de l’arrivée progressive de jeunes femelles (30 à 50 centimètres de longueur) en provenance du Sud de la Méditerranée. Mais c’est indéniablement le moratoire interdisant la pêche sous-marine depuis 1993 qui est à l’origine de ce changement.
« C’est pourquoi il était impératif que ce moratoire, qui se terminait en décembre 2002, soit reconduit tout en étant étendu à la pêche à l’hameçon, car on constate que les jeunes mérous se réinstallent progressivement sur le littoral, au-delà des zones protégées, sans atteindre la capacité maximale d’accueil des habitats », selon Philippe Robert, président du Groupe d’étude du mérou (GEM), créé en 1986. C’est désormais chose faite, la préfecture régionale de Provence-Alpes-Côte d’Azur ayant pris un arrêté qui protège l’espèce jusqu’au 31 décembre 2007.

Doublement de la population

En France, cinq zones protégées (les réserves corses des bouches de Bonifacio et de Scandola, celles de Banyuls, le Parc marin de la Côte bleue et Port-Cros) permettent au GEM d’observer les mérous, le suivi de leurs populations et de leur habitat. Et c’est à Port-Cros que l’on note un retour significatif de ces poissons depuis 1983, avec un doublement de la population tous les trois ans. On en comptait 160 en 1993 et 410 cette année, où l’augmentation n’a été que de 37%, ce qui « traduit un palier, un état d’équilibre progressif », selon Philippe Robert. D’autant que le mérou a une dynamique de reproduction très lente.
C’est vers 5 ans, alors que ce poisson atteint la taille de 50 centimètres, qu’il parvient à sa maturité sexuelle et devient femelle, jusque vers 12 ans. Sa croissance ralentit et il change à nouveau de sexe pour finir sa vie - qui peut atteindre 30 ans - comme mâle.

Mais il ne suffit pas d’être mâle pour devenir reproducteur. Sur cinq ou six mérous, seul le dominant pourra y prétendre, vers l’âge de 15 à 17 ans. Au prix d’une présence vigilante, d’une défense de son territoire et de ses femelles. Nous sommes en été. Alors peut commencer la parade nuptiale, qui se déroule tôt le matin ou tard le soir, dans la zone où les eaux sont chaudes.
Objet de rudes compétitions entre mâles, la danse nuptiale est orchestrée par les femelles, qui se frottent contre les mâles, écailles contre écailles. Le couple jaillit vers la surface, à plusieurs reprises, et, brusquement, lors d’une dernière ascension, mâle et femelle émettent, en même temps et au même endroit, leurs produits génitaux respectifs.
Cette fécondation en pleine eau attire une nuée de poissons pélagiques, qui dévorent la majeure partie de la ponte. Sur les milliers d’œufs émis, une dizaine de larves subsisteront. Et, pendant ce temps, les mérous amoureux ont tendance à oublier la présence de l’homme. La réciproque ne jouant pas pour sa survie.


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