Les deux tiers des Français jugent la politique économique « mauvaise »


2 juin 2008

Selon le baromètre BVA-“Les Echos”-France Inter, la politique menée par Nicolas Sarkozy bat des records d’impopularité. Ce qui n’empêche pas deux sujets de satisfaction : la réforme des institutions et le contrôle des chômeurs.

Que Nicolas Sarkozy redouble d’efforts pour faire de la pédagogie à propos des réformes et montrer qu’il est au front sur les questions économiques et sociales ne doit rien au hasard. Le chef de l’Etat, en déplacement dans l’Oise, au marché de Rungis, puis longuement sur RTL, sait les Français inquiets et sceptiques. Le résultat du dernier baromètre BVA-“Les Echos”-France Inter, réalisé à la veille du week-end, est, à cet égard, sans appel : 67% des personnes interrogées jugent « mauvaise » la politique économique menée par le gouvernement, soit une progression de 7 points en 1 mois. La part des bonnes opinions recule, elle, de 4 points à 29%.
C’est un niveau d’impopularité record depuis que Nicolas Sarkozy est entré à l’Elysée (il ne sera parvenu qu’à marquer une pause avec son intervention télévisée fin avril). Inégalé, même, depuis la crise traversée il y a deux ans par le gouvernement Villepin avec le CPE. Si la politique économique n’est soutenue - en termes de préférence partisane - que par les seuls sympathisants UMP, la désaffection n’épargne aucune classe d’âge, ni aucune catégorie socioprofessionnelle.

« Désaveu très profond »

Moindre chez les cadres supérieurs (59% de mécontents), elle est particulièrement importante parmi les employés (73%) et les ouvriers (77%), qui s’étaient pourtant tournés vers Nicolas Sarkozy à la Présidentielle. « Le désaveu est très profond et c’est un désaveu de fond : les Français attendaient des résultats et ne les voient pas venir », explique Gaël Sliman, le directeur délégué de BVA.
L’exécutif pourra se consoler avec les réponses des sondés sur la réforme des institutions et le projet de loi de modernisation de l’économie. Des enquêtes d’opinion avaient déjà montré que les Français approuvent le principe du dispositif de contrôle des chômeurs prévu par Christine Lagarde et Laurent Wauquiez. On sait désormais, grâce à ce sondage, qu’ils sont à 67% prêts (37% « certainement » et 30% « probablement ») à accepter pour eux-mêmes, après 6 mois de chômage, un emploi rémunéré jusqu’à 15% de moins que leur ancien salaire. Le “oui” est majoritaire dans toutes les catégories professionnelles, mais il reste plus fort parmi les cadres (76%) que parmi les employés (64%) et ouvriers (62%), pour lesquels la baisse de salaire serait plus douloureuse. Mieux : les intéressés, c’est-à-dire les sans-emploi eux-mêmes, s’y disent favorables à 67%.
Le résultat est un peu moins tranché sur le projet de réforme constitutionnelle, qui prévoit - était-il précisé dans la question posée - d’accorder de nouveaux pouvoirs au Parlement et de permettre au chef de l’Etat de venir s’exprimer devant lui. La moitié des sondés (51% exactement) souhaite que leurs députés votent le texte, 21% souhaitant qu’ils s’y opposent. Mais la part des indécis et des abstentionnistes reste importante (28% au total), signe, selon Gaël Sliman, que le sujet « n’est pas pour les Français une priorité du moment ». Ce n’est pas une surprise, mais les sympathisants de gauche sont tout particulièrement désorientés : 41% d’entre eux se disent favorables à la réforme, 31% sont d’un avis contraire, 21% s’abstiennent et 7% n’ont pas d’opinion. A la veille du vote public à l’Assemblée, ce sondage-là ne va pas simplifier la tâche de la Direction du PS...

Pierre-Alain Furbury, Les Echos

Sondage réalisé les 23 et 24 mai auprès d’un échantillon de 1.006 personnes selon la méthode des quotas
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