
Turbulence à la Mairie de Saint-André
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Chronique
Un article de Jean-François Reverzy après les conséquences de la canicule en France
1er septembre 2003
Il faudra longtemps avant que La France se relève de cette horreur, qu’elle métabolise son message, qu’elle se détache de ce relent de cadavre. À moins qu’elle ne refoule ou qu’elle ne forclose cet événement qui nous concerne tous.
La vision des halles de Rungis, « le ventre de Paris », transformées en morgue et hâtivement habillées de tentures violettes, comme la vision de ces camions frigorifiques de boucherie halant des corps humains nous bouleverse. Ces cadavres semblent traités comme des carcasses, comme de la viande bovine ou porcine ou des restes d’équarrissage.
Serions-nous déjà si proches en 2003, d’univers inhumains et angoissants imaginés par les auteurs de science-fiction ? Celui de "Soleil vert", dont le film tiré du roman de Fleischman était sorti en 1976. Il décrivait un monde étouffant, où le suicide et le massacre sont devenus un ordinaire banalisé et régenté : les cadavres sont charriés en masse par des pelleteuses dans des camions poubelles avant d’être recyclés ensuite en croquettes, qui sont devenues l’alimentation de base d’une humanité dévastée par la surpopulation et les changements climatiques.
Nous pensons aussi à ces scènes décrites dans une autre fiction, "L’arrache cœur", de Boris Vian écrit en 1948 : cette foire aux vieux devenus une coutume villageoise banale ou des vieillards sont bradés à l’encan, comme des bestiaux dérisoires, pour devenir la proie cruelle d’enfants ou d’adultes, qui s’amusent en les torturant à mort.
Que les Chirac, les Raffarin, les Mattei, Fillon, Sarkozy et quelques autres contemplent leur œuvre actuelle ! Le croque-mort au Moyen-âge croquait le gros orteil des morts pour vérifier qu’ils étaient bien passés de vie à trépas. Ces figures nationales ne seraient-elles pas devenues les croque-morts ou les fossoyeurs d’une France morte qui pue le cadavre ?
Nul ne saurait supporter cela. Car ce qui fonde notre humanité, c’est le respect de la mort et la vénération du corps mortel de nos semblables. Ces semblables qui survivront à notre propre existence mortelle devront respecter aussi notre dépouille : c’est cela - avec quelques autres symboles - qui fondent notre pacte d’humanité, notre lien social.
Quelles que soient nos croyances et nos valeurs, nous tenons à ce que ce moment ultime de séparation avec ce corps inanimé, déshabité et sans souffle se ritualise et que la lumière d’un sacré religieux ou laïc vienne l’éclairer. Ce en quoi l’on ne saurait mêler le corps de notre frère humain avec celui d’une carcasse animale.
Notre corps ne peut se confondre non plus avec un espace entreposant un objet alimentaire. Chaque lieu et chaque site voués à l’un ou l’autre usage social doivent demeurer séparés. Les mesures prises - certes par défaut et dans l’urgence - à Paris transgressent deux tabous aussi fondamentaux que l’inceste et le meurtre : celui de la pourriture et de l’alimentaire, celui de l’alimentaire animal et du cadavre.
Ces tabous renvoient au fantasme du cannibalisme d’un côté, par continuité de la chaîne froide qui protège de la décomposition de la chair, et de l’autre de la pourriture de la chair humaine et animale confondue, de la contamination, de la décomposition...
Il y a quelques années à La Réunion, après le cyclone Firinga, un restaurateur saint-pierrois avait été mis en accusation par l’opinion via la presse : pour sauvegarder la viande entreposée dans sa chambre froide, dont la conservation était menacée par la panne électrique, il avait utilisé du carboglace et autres produits utilisés par les pompes funèbres locales pour conserver les corps avant les obsèques.
La thèse du Père Mollet, faisant du famadihny - le rituel de retournement des morts pratiqués sur les Hauts plateaux malgaches - une survivance d’un rite plus ancien de manducation des morts, soit du fait de manger le cadavre de l’ancêtre mort et décomposé, a pu susciter de vives controverses : il touche aussi à cet interdit cannibalique et plus largement de la consommation de viande morte non abattue et dite fraîche.
Si nos dirigeants s’avéraient dignes de respect - ce dont je doute depuis toujours -, ils devraient donner l’ordre immédiat, une fois la crise passée, de destruction des camions frigorifiques et des hangars réfrigérés qui ont accueilli les corps des disparus de la canicule. S’ils ne le font pas, ils prennent le risque d’une profanation ou d’un blasphème contre notre humanité.
Car imaginez, en achetant votre steak ou votre cagette de viande métro, à Cora ou chez Champion, dans quelques mois, que les carcasses bovines ou porcines dont ils ont été extraits aient séjourné au départ dans ces mêmes lieux, transité dans ces mêmes camions où des corps humains se décomposaient lentement... Imaginez aussi, que touchés par le drame, vous deviez vous rendre maintenant, dans ces palais de la viande hâtivement travestis pour devoir, en descendant de votre avion à Orly, reconnaître à Rungis le corps d’un être cher, d’une grand-mère ou d’un grand-père, d’un père ou d’une mère, d’un enfant...
Le fléau qui vient de frapper en quinze jours la France métropolitaine ne peut que susciter colère, indignation et inquiétude : 5.000, puis 10.000 et 14.000 morts présumés selon les pompes funèbres. L’enchaînement des causes et des effets met en évidence trois fléaux : le premier est naturel et concerne la géopolitique planétaire, le dérèglement climatique sur lequel, ici, Paul Vergès n’a eu de cesse d’insister (démonstration évidente cette année : en août, neige à La Réunion, canicule en France) ; le second est social, avec le rejet et la solitude des personnes âgées mais aussi d’autres populations comme les malades mentaux ; le troisième est politique, avec la défaillance du système hospitalier public et de la santé publique.
Certes, cela se passe en métropole. Mais alors, me direz-vous, qu’est que ça serait si un tel drame venait à se produire ici ? On sait en effet à quel point les ultra-périphéries insulaires sont menacées beaucoup plus encore que l’Europe par les catastrophes naturelles.
Certes, on pourrait relativiser ce drame français face à la misère quotidienne vécue par la majorité des pays du monde : Afrique, Asie, Amérique du Sud et, tout près de nous, Madagascar ou les Comores. Cette majorité humaine du monde jouit d’une espérance de vie sans commune mesure avec la nôtre. Et que penser de la canicule métropolitaine quand en Irak la canicule est permanente, alors que manquent l’eau, l’électricité et la climatisation à cause des bombardements de la guerre ?
La France se veut pourtant la mère patrie de l’humanisme et de la culture. Ne serait-elle pas en train de devenir, comme d’autres États européens, la patrie de l’inculture, de la défaillance éthique des valeurs républicaines et religieuses, de l’égocentrisme narcissique et hédoniste, au nom d’un libéralisme économique de seconde zone qui ne fera jamais le poids face aux maîtres capitalistes du marché mondial ?
Et que dire d’une certaine haine de la pensée importée des USA, qui s’impose à la masse des populations par l’effet d’un audio-visuel indigent ? Une fois de plus, la comparaison s’impose avec la Rome impériale dans son déclin : du pain assistantiel - remède à l’inactivité - et des jeux y garantissaient la reproduction du pouvoir.
La France se targue - à tort - de disposer du meilleur système de santé du monde, tant dans l’hexagone que dans les pays d’outre-mer. Celui-ci conjuguerait paraît-il avec bonheur les pratiques libérales et publiques, permettant l’accès gratuit aux soins, sans - soi-disant - n’exclure personne.
Le drame qui vient de se produire a déjà révélé pourtant au grand jour sa faillite ou son imposture et le fait qu’une population en est exclue : les vieux... Il a de plus révélé les lourdes responsabilités à la fois du gouvernement actuel qui avait décrété récemment une restriction draconienne sur les budgets d’aide aux personnes âgées dépendantes mais aussi de ses prédécesseurs qui n’ont fait guère mieux. Les vieux, comme bien d’autres populations minoritaires ou bientôt majoritaires, sont de plus en plus en plus abandonnés et laissés pour compte.
L’autre évidence est celle des insuffisances du système hospitalier français et en particulier des urgences mais aussi de politiques réelles de prévention. Cela ne surprend pas. Depuis cinquante ans, nous avons surtout assisté, derrière la trompeuse façade de progrès spectaculaires, à la dégradation de l’appareil de santé publique et des hôpitaux publics.
Gouvernements et ministères ont fait un choix pour eux sans retour : l’hôpital-entreprise et l’administratif gestionnaire contre la thérapeutique, l’économie contre l’offre de soins, la promotion du privé et de l’hospitalisation à but lucratif comme alibi intéressé. La gestion d’abord. D’où la multiplication exponentielle des postes de directeurs et de cadres administratifs. À l’Assistance publique de Paris et aux Hospices de Lyon comme à La Réunion, le nombre de gestionnaires et de mètres carrés occupés par des bureaux en lieu et place des services de soins et des lits à créer s’est multiplié. La formation des cadres infirmiers s’est dévoyée aussi vers le gestionnaire. Ce qui a émergé au-dessus, c’est la politique de santé-spectacle et cela en particulier à La Réunion.
Alors que la médecine générale et la santé publique étaient en pleine dégringolade, directeurs d’Agence régionale de l’hospitalisation (qui tiennent les cordons de la bourse), directeurs d’établissements et élus se sont surtout livrés à des mascarades publicitaires mettant en avant des services techniques de pointe et de prestige au coût élevé et faisant illusion.
Quant à la médecine préventive, elle n’a jamais été réellement prise en compte et developpée, alors que le préventif devrait prendre dans les orientations et les budgets de santé nationaux la première place.
De plus, la mise en place du dispositif national de la RTT (réduction du temps de travail) a donné le coup de grâce au système hospitalier français. Inapplicable dans les hôpitaux sans un rattrapage massif de créations d’emplois, il s’est mis en place sur un mode bâtard, colmatant les insuffisances créées et cassant la dynamique des équipes hospitalières : travailler plus, moins bien, dans des conditions toujours plus précaires, qui font désinvestir l’amour du travail et le remplacer par l’amour du congé, voilà le résultat…
Les morts de la canicule évoquent en résonance un autre drame : celui des 60.000 morts dans les hôpitaux psychiatriques pendant la dernière guerre mondiale. Cette euthanasie sournoise a été menée par le gouvernement de Vichy et avec la parfaite et impuissante complicité passive des acteurs du système de soins : directeurs, médecins-directeurs, médecins, infirmiers. Pourtant, tous étaient d’honnêtes français, de "braves gens", comme les responsables des hôpitaux, les directeurs de l’ARH et de la Santé publique aujourd’hui. Mais ils ont fait le choix exécrable de la passivité bureaucratique ou inconsciente face à ce drame, comme les policiers et les gendarmes qui organisaient les rafles des enfants juifs pour Drancy et Auschwitz.
Pourtant bien de ces décideurs de haut en bas étaient hier et sont aujourd’hui de bons chrétiens de toutes confessions se retrouvant aux assemblées dominicales, des laïcs appartenant pour certains à des associations humanistes ou philanthropiques. Comment peut-on en arriver là ?
Un responsable, puisqu’il en faut un, doit être montré du doigt, c’est la règle : Jean-François Mattei, le ministre de la Santé, auteur de l’incommensurable plan Hôpital 2007. Démission et sanctions pénales s’imposent, comme ce fut le cas dans l’affaire du sang contaminé de sinistre mémoire. Mais il faut voir plus loin : ce sont surtout toute une culture, des mentalités et des habitudes qu’il faut d’urgence remettre en question.
Une révolution culturelle urgente doit se mettre en route pour redonner aux véritables opérateurs de la santé publique la première place : moins de directeurs gestionnaires, d’évaluateurs, de PMSistes (évaluation et contrôle informatique des activités - soit la directive de passer son temps devant les écrans au lieu de soigner les malades) et de qualiticiens de tous poils (qualité soin : label de marketing, style grande surface, importé sur le mode obscène dans les hôpitaux) - et autres engeances surgies du néant ces dernières années, inutiles et même nuisibles à l’évidence, au-delà du grotesque, dont la pullulation acarienne et informatique est en train de parasiter le corps hospitalier public.
Tordons le coup une bonne fois pour toutes à toutes les bureaucraties ! Ce qu’il faut - et cela d’urgence -, c’est beaucoup plus d’infirmières, de travailleurs sociaux, de médecins engagés pleinement dans leur travail avec leurs patients et ses résultats tangibles ; c’est aussi une nouvelle génération de médecins et d’opérateurs de santé publique qui ne s’en cagnardent plus dans leurs bureaux mais travaillent enfin comme les autres médecins sur le terrain, en ne trahissant pas leur idéal médical.
Tout est à revoir face aux désastres accomplis en quelques années par les technocrates qui se sont succédé Place de Ségur et à l’École de Santé de Rennes. Les filières de formation, les objectifs de formation sont à revoir de A à Z. Redonner l’amour et l’idéal de l’engagement thérapeutique, mettre en second la gestion de la santé et la subordonner à ce premier objectif concerne tous les citoyens…
Serge Klarsfeld, dans une parution récente du journal "Le Monde", évoquait cet honneur de la France citoyenne qui a été de résister, souvent dans la discrétion et l’humilité, aux rafles organisées avec la complicité de Vichy. Cette France qui résiste est toujours là, vivante et pugnace. Et surtout dans les DOM, qui souvent ont donné l’exemple...
Que tous ces militants se rassemblent pour condamner un gouvernement inique et sa galerie de fantoches locaux : les élections approchent : elles sont aussi la meilleure arme du changement.
Séminaire sur l’Histoire de la schizophrénie |
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Troisième séance le mardi 2 septembre à 17 heures dans la salle polyvalente du G.H.S.R. à Saint-Pierre. Entrée libre. À la différence de Karl Gustav Jung, Sigmund Freud laissera deux études consacrées aux états psychotiques. Il s’appuiera surtout sur l’histoire et le récit de Daniel Paul Schreber, "Les mémoires d’un névropathe". C’est à partir de ce texte qu’il développera son interprétation du processus psychotique qui paraîtra dans ses "Cinq psychanalyses". Daniel Paul Schreber, né en 1842, était issu d’une famille illustre de Leipzig du Nord puisque son père, Moritz Schreber, médecin orthopédiste, hygiéniste et éducateur, était lui-même considéré comme un notable philanthrope. Après de brillantes études de droit, il fera une carrière dans la magistrature et sera en particulier président de la Cour d’Appel de Dresde. Il sera même un candidat au Reichstag en 1894. Il présentera cependant à deux reprises des épisodes délirants qui amèneront finalement son internement dans l’Asile du Sonnenstein de 1893 à 1903. Il mettra en route une procédure juridique pour faire annuler la mesure d’internement dont il était victime. Ce à quoi il parviendra finalement. Il écrira également un récit de plus de 300 pages, dans lequel il raconte ses expériences délirantes. Celles-ci sont d’une richesse singulière avec en particulier des thèmes de transformation en femme, de communication avec Dieu en reprenant le système dualiste de la religion zoroastrienne… Analysant les contenus de ces processus délirants, Sigmund Freud posera la question du diagnostic : panaroïa ? ou état paranoïde de type schizophrénique ? Freud mettra en particulier en évidence que le processus délirant intervient comme un processus de guérison face à l’état originaire de la psychose. L’histoire du cas Schreber sera largement reprise par la suite, notamment par Jacques Lacan dans son séminaire sur les psychoses de 1955. Transposons l’histoire du président Daniel Paul Schreber à l’heure actuelle et à La Réunion. Imaginons à l’heure actuelle qu’un procureur de la République ou qu’un président de Cour d’Appel issu d’une vieille famille réunionnaise et par ailleurs voulant faire une carrière politique et se présenter aux législatives soit interné à l’hôpital de Saint-Paul ou à la clinique des Flamboyants au Port et entame une procédure contre les personnes qui l’ont mises là, gagne son procès et qu’ensuite il publie des mémoires dans lesquels il raconte ses fantasmes transsexuels !… J.-F. R. |
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