Dérives racistes en France : Couleurs de peau, religion, tout y passe...

On licencie les barbus

24 mai 2004

La répression est plus que jamais en route. Les dérives racistes se multiplient. La couleur de peau, la religion, tout y passe. Un agent communal employé dans une commune dirigée par l’U.M.P. ne va pas être titularisé car il refuse de se couper la barbe...

Les dérives racistes s’accumulent en France. Un Réunionnais en a fait les frais, il y a quelques jours (voir “Témoignages” de vendredi). Quelques semaines auparavant, c’était un leader syndical, lui aussi d’origine réunionnaise, que l’on voulait inscrire au fichier des empreintes génétiques. Une “mesure” qui, dit-on, serait destinée à favoriser les enquêtes menées lors d’affaires sexuelles.
Et quand ce n’est pas la couleur de peau, c’est le port de la barbe qui est “condamnable”.
Un agent technique de la piscine municipale de Villemomble (Seine-Saint-Denis) ne sera pas reconduit dans ses fonctions parce qu’il refuse de se tailler la barbe. C’est le maire UMP de la commune qui l’exige, pour raison de sécurité. Il explique qu’il a "l’obligation de protéger (ses) agents". Selon lui, ladite barbe empêcherait "l’étanchéité du masque que doit porter le jeune homme quand il nettoie la piscine avec des produits dangereux, à raison de deux fois dix minutes par semaine".
L’équipe municipale a fait pression sur l’employé : s’il se taille la barbe, il est titularisé. S’il refuse, il ne le sera pas...
Mais ce n’est pas n’importe quelle barbe, que condamne le maire UMP, qui regrette à plusieurs reprises que "la langue française désigne par un même mot toutes sortes de barbes. Vous avez la barbe à la Gainsbourg, et celle des sikhs, par exemple, qui tombe jusqu’au ventre".
Mais si l’agent n’est pas reconduit officiellement pour “motif de sécurité”, pourquoi le maire ne lui a-t-il pas signalé que ses lunettes sont, elles aussi “incompatibles”, comme il est écrit dans la notice d’utilisation ?
Réponse du maire : "Vous avez les lunettes à la Michou, et les lunettes avec des petites montures, qui ne menacent pas l’étanchéité".
Pour le maire de l’UMP, il ne s’agit pas d’une question religieuse : "Je ne tiens pas une église mais une mairie. Je n’ai pas à juger de la religion de X ou Y. Ce monsieur veut nous amener sur ce terrain-là ; c’est son choix, pas le mien". La bonne blague.

Un précédent

Car dans la lettre qu’il a adressée au jeune homme, en février dernier, le dernier paragraphe est sans ambiguïté : "Par ailleurs, l’expression extérieure d’une conviction religieuse ne peut être tolérée dans une piscine municipale ouverte à tout public et au sein de laquelle sont dispensés des cours de natation aux élèves d’établissements scolaires publics et privés professionnels".
Des propos qui rappellent étrangement ceux de l’ex ministre de l’éducation nationale, qui proposait à l’Assemblée nationale d’interdire le port de la barbe en tant que "signe ostentatoire d’appartenance religieuse ou politique". La proposition avait alors provoqué un tollé et n’avait pas été reprise dans le texte définitif de la loi.
La position du maire UMP est illégale. En effet, la loi stipule : "aucune distinction, directe ou indirecte, ne peut être faite entre les fonctionnaires en raison de leurs opinions politiques, syndicales, philosophiques ou religieuses".
Un exemple de plus des dérives racistes et xénophobes lancées par une certaine partie de l’UMP.

D. B.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus