Enseignement

« Que les familles s’investissent davantage dans la vie des établissements scolaires’

Entretien avec Hervé Lauret, président de la FCPE

24 septembre 2003

Le 14 septembre dernier, la Fédération de conseils de parents d’élèves de La Réunion (FCPE) tenait son congrès à Sainte-Rose. Comme le rappelait Hervé Lauret, président en titre dans son rapport moral, « un congrès est toujours un moment où l’on trace des orientations futures, mais aussi où l’on regarde avec lucidité , les événements passés pour qu’à la lumière de ceux-ci, nous puissions mieux appréhender l’avenir ». Au cours de ce congrès, il fut aussi question des valeurs mêmes de la FCPE. Valeurs qui se résument dans les mots de laïcité, citoyenneté, République, service public, égalité et gratuité. Sur ces valeurs, sur les événements qui ont secoué le monde de l’éducation durant le dernier trimestre de l’année scolaire passée, mais aussi sur les orientations et les actions que la FCPE compte mener dans les prochains mois, Hervé Lauret fait le point dans un entretien accordé à ’Témoignages’.

• "Parents, parents d’élèves et citoyens", tel était le thème de ce congrès départemental de la FCPE. Des thèmes qui donnent le ton sur les orientations de la FCPE dans les mois à venir…
Hervé Lauret - Bien sûr. Nous pouvons être parents, parents d’élèves, mais il y a aussi la forme citoyenne. Je crois que l’éducation des enfants passe par une certaine forme de citoyenneté. Il est important de rappeler aux parents que l’éducation commence avec la famille et se poursuit avec l’école. C’est pour cela que nous parlons de co-éducation. C’est là un thème qui a été défini par la FCPE et qui, pour nous, passe par les parents, les enseignants et bien sûr l’enfant. À nos yeux, il est important qu’aujourd’hui, les familles s’investissent davantage dans les établissements scolaires.

• Autre thème qui fut débattu lors de ce congrès, et sur lequel vous avez été interpellé à de nombreuses reprises : la participation de la FCPE au mouvement de grève qui a secoué le monde de l’enseignement à La Réunion au cours du troisième trimestre de l’année scolaire précédente…
- Quand les valeurs sur lesquelles reposent la fondation même de la FCPE sont menacées, nous nous devons de réagir. Quelles sont ces valeurs ? Nous avons toujours milité pour une école publique, laïque et gratuite. Nous avons senti à un certain moment qu’il existait des menaces réelles, et qu’il risquait d’y avoir une cassure, une fracture. Dès lors, on ne peut pas se permettre de courir le risque que nos enfants payent demain des choses qui se décident aujourd’hui et qui menacent leur avenir. Nous l’avons expliqué aux parents. Effectivement, du fait de cette grève, il y a eu une perte d’enseignement pour les enfants. Et si nous avons été dans ce mouvement, c’est parce qu’à nos yeux, les valeurs que nous défendons sont menacées et qu’il y va de l’avenir de nos enfants.

• Justement, il a beaucoup été question de "l’avenir de nos enfants", mais à la rentrée scolaire d’août dernier, beaucoup d’élèves sont restés sur le carreau faute de place pour les accueillir dans les établissements !

- Lors de ce congrès, nous avions mis en place trois ateliers qui ont eu à traiter des thèmes suivants : l’orientation des enfants, de la place de l’enfant handicapé et de la place des parents dans l’école. Certes, il y a eu ces deux mois et demi de grève. Et cela a certainement eu des répercussion sur l’orientation des enfants. Mais pourquoi avons-nous eu ces deux mois et demi de grève ? Parce que nous avons eu en face un gouvernement qui ne voulait pas discuter ! Quand aux orientations, elles ont été tellement mal faites qu’aujourd’hui des élèves se retrouvent dans des filières qu’ils n’ont pas choisies ou alors, ils restent effectivement sur le carreau.
On ne peut pas caser les enfants comme on ferait de simples objets. Il en va de la crédibilité même de l’éducation. Il y a une orientation qui doit être faite. Et là, à la FCPE, nous allons faire des formations pour les parents, que ce soit dans l’orientation des enfants, mais aussi le rôle qu’ils ont à tenir dans les comités d’établissement ou d’école, dans les conseils d’administration. Ce sera d’ailleurs un axe de travail pour la FCPE cette année.

• Au cours de ce congrès, parmi les ateliers mis en place, il a été question de la place de l’enfant handicapé dans les système scolaire…

- Il faut le rappeler : les enfants handicapés dans le système scolaire ont un problème énorme de déplacement. Or, aujourd’hui, on se rend compte que les auxiliaires de vie scolaire (AVS), qui s’occupent des enfants handicapés dans le milieu scolaire, ne sont pas en poste. Pourtant ils jouent un rôle fondamental dans l’insertion des handicapés dans le milieu scolaire. Or, à ce jour, personne ne s’inquiète de l’absence des auxiliaires de vie scolaire dans le milieu éducatif. Ces AVS, il faut aussi le rappeler, sont issus du milieu associatif pas de l’Éducation nationale. Il y a eu un décret disant que ces AVS seront repris par l’Éducation nationale. Mais à ce jour, rien n’a été fait et les enfants handicapés se retrouvent encore plus handicapés, faute de personnels pour s’occuper d’eux et leur permettre de suivre une scolarité normale.


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