Éducation

Quel service public pour l’école ?

Analyse de la question de l’éducation par le P.C.R.

2 septembre 2003

Si, en apparence, la rentrée scolaire s’est bien passée, ce n’est pas pour autant que tous les problèmes qui ont accompagné la fin des cours en juillet dernier ont trouvé une issue positive. Certaines questions restent en suspens. Et, au cœur de tout cela, le vaste débat sur l’école que veut engager le gouvernement ; un débat indispensable à La Réunion.
Le PCR appelle l’ensemble des Réunionnais à participer à cette discussion qui doit aborder tous les problèmes liés à l’éducation : aussi bien les programmes d’enseignement que les rémunérations des enseignants, les plans de rattrapage que le calendrier scolaire.
Bref, il s’agit de répondre à une question : quel service public pour l’école ? Question contenue dans celle-ci : quel service public pour La Réunion ?

Si la sortie a été très très agitée, force est de constater que la rentrée, elle, ne l’a pas été, malgré les incertitudes et le fait que des problèmes restent en suspens. Cette rentrée plutôt calme ne cache pas que des problèmes sont toujours là : notamment celui de la décentralisation. Une question reportée à une date ultérieure, probablement après ce fameux débat que veut lancer le gouvernement.
Un débat qui pourrait répondre, ici, à cette question : quel service de l’éducation faut-il à La Réunion ? Un débat lancé pratiquement dans la clandestinité en France, au moment de la discussion du projet de loi sur les retraites. Et ce thème n’a pas, semble-t-il, mobilisé sénateurs et sénatrices ou députés ou députées.
L’organisation de ce débat va, outre-mer, être de la compétence tant du préfet que du recteur. Pour l’instant, ceux-ci n’ont pas encore communiqué sur le sujet. Peut-être est-ce dans l’attente du « guide du débat » comme le soulignait Huguette Bello, hier lors d’une conférence de presse du PCR. Un débat réunionnais qui sera donc un préalable au débat national.

Climat

Ce ne sont pas les problèmes qui manquent, analysait la députée de la deuxième circonscription : la poussée démographique va encore faire augmenter les effectifs scolarisables, ce qui implique la construction de collèges et de lycées encore pendant une bonne vingtaine d’années. Et, comme l’a fait la Région pour le lycée de Saint-André 3, la construction doit et devra se faire pour répondre à des conditions climatiques précises (chaleur, cyclones...).
Et dans la foulée de ce problème de construction, la nécessité de parler du calendrier scolaire. Là aussi, un vrai débat s’impose, comme en France est lancée la discussion sur la semaine de 4 jours.
Autrement dit, des efforts toujours conséquents et durables de la part du Conseil régional et du Conseil général. Des collectivités qui doivent, en plus, aider au financement du bâti scolaire et participer aux frais de fonctionnement (aide à l’achat du petit matériel) des établissements.

Avec quel personnel ?

Pour faire fonctionner ces écoles, collèges, lycées, il faut - et faudra encore plus - du personnel, tant enseignant que non enseignant. Et là, autre gros problème. Le plan de rattrapage - qui n’a pas tout rattrapé - s’est arrêté en 2002, le déficit en poste, déjà conséquent, s’aggrave. « Les syndicats estiment qu’il manque encore plus de 2.000 postes pour l’académie », soulignait Huguette Bello. Uniquement pour les enseignants.
Ce personnel doit être formé à La Réunion. Et le personnel travaillant pour certaines administrations doit, lui aussi, être recruté à La Réunion. « Lorsqu’un haut fonctionnaire arrive avec son équipe, c’est pour les Réunionnais une véritable discrimination. La Réunion a des jeunes formés, qualifiés, diplômés. Je le dis de la manière la plus sereine qu’il soit : nous subissons une discrimination ». Et personne ne peut dire comment cet affront sera vécu, par les jeunes générations.
Quant aux non-enseignants, la suppression des dispositifs d’aides-éducateurs et de maîtres d’internat et surveillants d’externat (MI-SE) a aggravé une situation difficile. « Aujourd’hui, nous avons pour notre académie 416 postes temps plein d’assistants d’éducation, auxquels il faut rajouter les 30 postes issus de la rallonge donnée par le gouvernement, ces fameux 4.000 postes d’assistants d’éducation ». En tout, 619 postes à temps plein.
Et selon ce qui a été dit au rectorat, il n’y aurait que deux tiers des demandes émanant des anciens aides-éducateurs qui seraient pris en compte. On est donc loin du "aucun jeune ne restera sur le bord du chemin". Et si la "première vague" de recrutements devait commencer le 1er septembre, la deuxième vague, celle qui concerne le premier cycle, devrait se situer vers le 1er novembre... « Tout cela est loin de faire le compte », conclut Huguette Bello.

Place au débat
Si les questions de financement d’équipements, de taux d’encadrement, de plans de rattrapage sont aussi à lancer dans ce vaste débat sur l’école - tout en y incluant le calendrier scolaire -, il est bien évident qu’il faudra aussi, parler des questions de rémunérations et de formation des prix. Quand on aborde un problème, il a des répercussions partout. L’école n’échappe pas à cette règle.

La démonstration d’Élie Hoarau et d’Huguette Bello était claire : « l’école a des répercussions économiques, sociales, culturelles plus importantes qu’en France métropolitaine. Et que poser le problème de l’école, c’est poser aussi tous ces problèmes. Nous ne pourrons pas faire l’économie d’un débat sur les prix et sur les rémunérations, si l’on veut trouver des solutions aux problèmes de l’école, comme aux problèmes des journaliers communaux ».

Pour Huguette Bello comme pour Élie Hoarau, la question est aussi celle de la décentralisation. Comment faire pour que l’image de la fonction publique communale ne soit plus dévalorisée ? Une fonction publique qui accueille une petite minorité de personnel titulaire au salaire indexé, une grande majorité de "sans statut" si ce n’est celui de journalier autorisé, plus un troisième groupe, celui des précaires.

Et les deux responsables de poursuivre : « Nous souhaitons que toute La Réunion s’exprime sur ce sujet de l’école, de l’éducation. Qu’elle s’exprime en masse, que ce débat ne soit pas uniquement l’affaire de spécialistes ou de technocrates ».

Un débat qui a bien montré, il y a quelques mois, qu’il allait être passionnel et passionné. Car l’une des raisons qui a fait descendre des milliers de personnes dans la rue, c’est l’inquiétude de voir le service public être remis en cause. Le service public, pas seulement l’éducation. Et de conclure sur ces deux questions : « quel service public pour l’école ? quel service public pour La Réunion ? ».

Quelques chiffres
• 250.000 Réunionnais fréquentent l’école, le collège, le lycée ou l’université. Soit un Réunionnais sur trois. « C’est probablement cette proportion qui fait que, à La Réunion plus qu’ailleurs, la société vive "à l’heure de l’école" » note Huguette Bello : tous les jours, au moment des rentrées et des sorties, pendant les "vacances" avec l’organisation de loisirs. Mais c’est aussi un moment économique important.

• Selon une étude de la Confédération des familles, en France, le coût de la rentrée pour un enfant rentrant en CM2 est de 17% du SMIC, pour un élève de 6ème, c’est 35%, pour un élève de Seconde, c’est 60% et pour un BEP, c’est 71%. « Ce sont des chiffres donnés pour la France métropolitaine. Vu le coût de la vie à La Réunion, ces chiffres doivent être augmentés », précisait Huguette Bello. Et quand bien même il y a l’ARS (allocation de rentrée scolaire), quand bien même les familles ne vont pas à la papeterie mais dans une "solderie", le coût d’une rentrée est très très chère.

• Si le coût de la rentrée scolaire augmente toutes les années (20% selon certaines sources françaises), il n’en va pas de même pour « le fonds d’aide à la scolarité (qui) a baissé de moitié cette année. La contribution des familles modestes va devoir être plus importante », rapporte Huguette Bello.

• Le taux de scolarisation des enfants de deux ans est extrêmement faible : « 31 pour 1.000 à La Réunion contre 65 pour mille en France. Idem en ce qui concerne le taux d’accueil en milieu scolaire d’enfants handicapés : 8 pour mille en France, 5 pour mille à La Réunion », déplore la députée de la 2ème circonscription.

• 700 millions de francs : c’est le montant estimé de la prime d’éloignement qui était versée aux enseignants exerçant à La Réunion. Depuis le vote de la LOOM, et en vertu des décrets d’application, cette prime a été supprimée. Que sont devenus ces 700 millions de francs ? « Nous souhaiterions qu’un point soit fait à ce sujet », réclame Huguette Bello.

• 300 millions d’euros : c’est le montant de la coupe sombre effectuée par le gouvernement « au titre des crédits pédagogiques », s’insurge la députée.


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