Société

Retraites : des pensions réduites de moitié

Conséquence des projets du gouvernement

7 mai 2003

Contrairement aux affirmations du ministre, son projet entraînerait une forte dégradation du niveau de pensions, pour les salariés du public comme pour ceux du privé. Dans un article paru hier, ’l’Humanité’ donne plusieurs exemples, chiffres à l’appui.

Le projet Fillon n’"assure" pas un niveau élevé de retraite, mais programme la baisse de celui-ci. Et cette baisse sera d’autant plus sévère qu’elle s’ajoutera à la dégradation provoquée par les mesures Balladur qui ne seront pas "stoppées" mais poursuivies et même accentuées. En voici les preuves. Les estimations ont été réalisées à l’aide des informations communiquées par le ministère des Affaires sociales aux syndicats. À partir d’un même salaire de référence, 1.400 euros, elles montrent l’importance de la chute de revenu à laquelle il faudrait s’attendre.
Pour les fonctionnaires, le décrochage résulte de l’allongement à 40 ans, d’ici à 2008, puis à 42 ans en 2020, de la durée de cotisation requise pour une retraite à taux plein, et de l’application d’une décote par annuité manquante : de 3%, dès 2004, puis 5% à l’horizon 2020. Pour un homme ayant cotisé 37,5 ans à l’âge de 60 ans (soit une carrière un peu plus longue que la moyenne actuelle), la perte est lourde : jusqu’à 27% en 2020, par rapport à ce que serait sa pension s’il la liquidait aujourd’hui. Elle l’est, logiquement, plus encore pour une femme ayant seulement 32 annuités, cas de plus de la moitié d’entre elles : jusqu’à 51%. Précision : les estimations prennent en compte ce que "rendrait" l’instauration d’une retraite complémentaire assise sur les primes, envisagée par le ministre de la Fonction publique, Jean-Paul Delevoye, sur le modèle du régime existant pour le privé (ARRCO).

Pour le privé, les projections enregistrent d’abord l’impact des mesures Balladur, qui s’appliquent progressivement jusqu’en 2008, mais aussi, deuxième cas de figure, leur aggravation telle que la prévoit Fillon : la pension sera calculée au prorata des 160 trimestres de cotisation (40 ans) exigés, au lieu de 150 trimestres comme c’est encore le cas jusqu’à présent. Ensuite, les estimations illustrent l’effet de l’allongement de la durée de cotisation à 42 ans, à partir de 2008, et de l’application de la décote, qui passerait de 10% à 5% par annuité manquante afin de converger avec celle du public. Salée pour un homme ayant 40 annuités à 60 ans (40% de perte, comparé à ce qu’il aurait touché avant Balladur), l’addition s’alourdit (51%) pour celui qui n’aurait que 37,5 annuités (durée moyenne de carrière actuelle). Précision : ces chiffres s’appuient sur l’hypothèse du maintien en l’état de la retraite complémentaire, alors qu’on sait que le MEDEF voudrait le réformer en durcissant les abattements.


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