Retraites

Se rassembler pour contraindre le gouvernement à négocier

Bernard Thibault (CGT) demande de surseoir au vote de la loi

12 juin 2003

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, demande aux députés de surseoir au vote du projet de loi sur la réforme des retraites afin que des négociations puissent avoir lieu. Par ailleurs, il souhaite un élargissement du mouvement et appelle aux prochains rendez-vous de mobilisation aujourd’hui et dimanche. La méthode utilisée par le gouvernement pour imposer la réforme des retraites est inquiétantes pour l’examen d’autres dossiers, comme la Sécurité sociale, estime le dirigeant syndical.

« Rouvrir les négociations avec les organisations syndicales sur d’autres bases nécessite de revoir le calendrier », déclare-t-il dans un entretien publié mardi dans "L’Humanité". « C’est pourquoi nous demandons aux députés de surseoir au vote, ce qui n’empêche pas le débat à l’Assemblée nationale », explique-t-il. « J’attends du débat qu’il éclaire les salariés sur l’avenir qu’on leur réserve, sur les dispositions précises du texte et leurs conséquences. Cela peut aider à de nouvelles prises de conscience », a-t-il ajouté tout en soulignant que « le changement ne peut venir que de la mobilisation pour une réouverture des négociations ».
Pour Bernard Thibault, « chaque jour et chaque initiative comptent » car « le gouvernement veut conclure pour le 14 juillet ». Cela s’explique par le fait que « le gouvernement a fait de cette loi un symbole de sa capacité à réformer la France. C’est devenu aussi un enjeu au sein même de sa majorité, mais cela n’est pas notre problème. Toujours est-il qu’il veut imposer avec brutalité son point de vue, ce qui augure mal de sa capacité à traiter une série d’autres questions comme celle de la Sécurité sociale ».
Au sujet des perspectives de la mobilisation, « nous devons conjuguer des actions multiples et quotidiennes avec des temps forts interprofessionnels », précise Bernard Thibault qui annonce que la CGT va proposer à ses partenaires syndicaux « d’autres rendez-vous pour les 12 et 15 juin ». « Chacun doit avoir conscience que c’est le rassemblement le plus large qui peut créer les conditions pour faire revenir le gouvernement à la table des négociations », a-t-il poursuivi.
Bernard Thibault appelle à la vigilance vis à vis des risques de provocations ou de divisions. « Il faut que nous soyons attentifs », prévient-il. « Alors que le gouvernement a refusé le débat public et contradictoire que nous propositions, nous n’avons pas intérêt à donner des arguments qui lui permettraient de faire dévier le débat sur autre chose que l’avenir des retraites ». Et de préciser que « l’opinion publique lui étant défavorable, des incidents, avec caméras naturellement présentes, servent le gouvernement. Il faut que nous soyons attentifs » : « ce n’est pas nouveau, l’expérience syndicale est pleine de ce que l’on peut appeler des provocations de tous bords. À chaque fois que les enjeux sont importants, les provocations apparaissent pour discréditer l’action des salariés ».
Pour Bernard Thibault, jusqu’à présent, « c’est le syndicalisme qui a marqué des points » au sujet de la gestion du dossier des retraites. « Les jours à venir sont très importants mais il me semble que d’ores et déjà le gouvernement devra s’y prendre autrement sur d’autres sujets comme la Sécurité sociale ».

Appels à la grève et à manifester aujourd’hui
Un mouvement élargi pour la défense des retraites

Dans une déclaration intersyndicale diffusée mardi soir, la CGT, FO, l’UNSA et la FSU appellent à une « nouvelle journée nationale interprofessionnelle de grèves et de manifestations » aujourd’hui.

« La journée de grèves et de manifestations du 10 juin, la 7ème journée d’action depuis le début de l’année, aura été un démenti au gouvernement qui tablait sur "l’essoufflement" du mouvement et sa dérive vers des formes violentes. Le succès de ce 10 juin est la démonstration que, loin du repli, nous avons été capables d’élargir le mouvement, de l’inscrire dans la durée et de conserver l’adhésion de l’opinion publique.

Le refus de négocier sur les retraites apparaît encore plus injustifié. Il n’est pas question pour les organisations syndicales de tourner la page.

Elles confirment la nouvelle journée nationale interprofessionnelle de grèves et de manifestations le 12 juin avec le meeting-manifestation de portée nationale de Marseille. Une forte mobilisation est à nouveau possible sans bloquer les épreuves du baccalauréat .

Elles prendront toutes les initiatives nécessaires pour renforcer, élargir le mouvement et obtenir l’ouverture de négociations ».

Interfédérale de l’Éducation : un nouveau temps fort

L’Interfédérale FAEN, FERC-CGT, FNEC-FP/FO, FSU, SGEN-CFDT, UNSA-Éducation estime que malgré l’ouverture du dialogue, le compte n’y est pas. Et d’appeler à faire de ce jeudi « un nouveau temps fort d’expression, de grève et de manifestations ».

« Il aura fallu des mois de mobilisation des personnels avec leurs organisations syndicales pour que le gouvernement accepte enfin d’ouvrir le dialogue.

Les annonces faites lors de la table ronde du 10 juin marquent des avancées, l’abandon du transfert des conseillers d’orientation psychologues, des assistantes de service social et des médecins scolaires qui resteront fonctionnaires d’État.

Par contre le maintien du transfert des 100.000 personnels TOS reste toujours injustifié et inacceptable.

Des intentions budgétaires, notamment en faveur du 1er degré, restent à confirmer.

Aucune réponse satisfaisante n’a été apportée sur l’avenir des MI-SE et des aides éducateurs.

Les propositions sur les retraites sont à la marge et restent dans le cadre du projet de loi que les ministres nous ont répété ne pas vouloir négocier.

Dans ces conditions, les organisations syndicales FAEN, FERC-CGT, FNEC-FP/FO, FSU, SGEN-CFDT, UNSA-Éducation, appellent dès maintenant les personnels à faire de la journée du 12 juin un nouveau temps fort d’expression, de grève et de manifestations.

Elles rappellent, à cette occasion, leur attachement au droit de grève.

Soucieuses de l’intérêt des jeunes, les organisations syndicales réaffirment leur opposition à toute forme de boycott, de blocage, d’action de nature à nuire au déroulement des
examens ».

Manifestation suivie d’un meeting interconfédéral à Marseille
Privés d’accès au stade Vélodrome par le maire UMP de Marseille qui refuse toute « manifestation politique » dans cette enceinte sportive, les syndicats ont appelé à un « meeting unitaire devant le stade » aujourd’hui. La participation de quatre secrétaires confédéraux - Bernard Thibault (CGT), Marc Blondel (FO), Alain Olive (UNSA) et André Aschieri (FSU) - est prévue. Ils doivent prendre la parole sur une estrade érigée devant le stade Vélodrome, point d’arrivée d’une nouvelle manifestation d’envergure partant le matin du Vieux-Port, ont précisé les syndicats des Bouches-du-Rhône.

« Gaudin, qui est vice-président de l’UMP, a peut-être cédé à d’amicales représentations », a ironisé devant la presse Alain Comba, responsable départemental FO, invité à commenter le veto du maire. Alain Comba a expliqué que les syndicats avaient choisi le stade Vélodrome avec ses 60.000 places assises, car il constituait « la mesure étalon idéale » face aux distorsions croissantes entre les chiffres de manifestants à Marseille annoncés par les syndicats ou par la police.

Le raidissement du maire dans une ville traditionnellement combative sur le plan social a provoqué une levée de boucliers de l’opposition municipale. « Décision étonnante », a lancé Michel Pezet, président du groupe socialiste au Conseil municipal, qui se demande si Jean-Claude Gaudin n’est pas « en train de perdre son sang froid ». Le sénateur PCF de Marseille, Robert Bret, avait pour sa part écrit au maire pour lui demander de « reconsidérer cette décision inopportune ».

Une "petite phrase" sème la diversion dans le débat parlementaire
Au deuxième jour du débat sur le projet de loi de réforme des retraites à l’Assemblée nationale, Jean-Pierre Raffarin est revenu hier sur ses propos concernant l’attitude du Parti socialiste qu’il a lancé la veille. Une polémique qui a incontestablement occulté le débat de fond.

Indignés par les accusations portées mardi par le Premier ministre lors d’un meeting à Asnières, les socialistes sont montés au créneau pour prouver qu’ils ne préféraient pas « leur parti à leur patrie ». En pleine séance de questions, le Premier secrétaire du PS a donc demandé à Jean-Pierre Raffarin de « retirer » séance tenante une « phrase de trop ». Jean-Pierre Raffarin a estimé que « l’incident est clos ».

Cette polémique aussi virulente que brève a totalement occulté les discussions sur le fond du texte. Les députés PCF ont vu là une façon pour le gouvernement de détourner l’attention des Français.« Ce sont des propos scandaleux mais en même temps c’est une provocation organisée pour faire diversion, parce que le vrai débat aujourd’hui c’est l’avenir des retraites », a déploré le président du groupe PCF Alain Bocquet. La séance s’est ensuite poursuivie. La majorité a repoussé, par 263 voix contre 144, une exception d’irrecevabilité du député PS Pascal Terrasse et devait faire de même avec une question préalable du président du groupe PCF. Pas moins de 48 orateurs devaient ensuite monter à la tribune, suivis d’une motion de renvoi en commission du socialiste Gaëtan Gorce. Mais en tout état de cause, cette "petite phrase" du Premier ministre a retardé l’examen des articles du projet de loi et des amendements et a détourné l’attention de l’opinion du fond du débat.

Le MEDEF prépare le recul de l’âge du départ à la retraite
Le MEDEF ouvrira « courant 2004 » de nouvelles négociations sur l’allongement de la vie professionnelle, a annoncé Ernest-Antoine Seillière dans "Le Parisien" d’hier. Pour lui, « l’allongement de la durée de cotisation implique une véritable révolution culturelle et l’organisation d’une seconde partie de la vie professionnelle » et « les entreprises, elles, devront réorganiser le travail de manière à garder les gens plus longtemps ».

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