Séance d’autocongratulation à l’occasion du bilan d’étape d’Yves Jégo

7 juillet 2008

Le secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer a dressé le bilan d’étape de ses 100 premiers jours à la tête du SEOM. Un bilan en forme d’autosatisfaction dont le seul but est d’acquérir une stature nationale pour recevoir l’adoubement du chef de l’Etat et prétendre à la candidature de la présidence de la Région Ile-de-France.

Yves Jégo a de la constance dans les idées. Le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer n’a en effet qu’une idée en tête : que Nicolas Sarkozy, qui l’a nommé à ce poste afin qu’il se fasse les dents sur un poste ministériel, soit satisfait de lui. Alors, il se démène et met du cœur à l’ouvrage. Sans rechigner. Dans un style proche de son patron, il sillonne l’Outre-mer et se targue d’avoir effectué 13 déplacements en 14 semaines de fonction. Comme le chef de l’Etat, il prône le contact direct avec la population sur le terrain et n’hésite pas à faire des sauts de puce sur place, bousculant le protocole, les principes et les idées reçues. A l’instar de Nicolas Sarkozy, il voudrait passer au-dessus des élus locaux arguant de leur « archaïsme ». Récemment encore, il fustigeait les élus qui préfèrent, selon lui, parler d’évolution institutionnelle au lieu de se préoccuper des intérêts de leur population. L’homme est ambitieux et, à l’instar du chef de l’Etat en son temps, veut parfois brûler les étapes. Ce mimétisme est tel qu’Yves Jégo prend souvent des accents "sarkozistes". Mais n’est pas Sarkozy qui veut. Et le style empreint d’une certaine suffisance, voire de la condescendance, agace quelque peu ses interlocuteurs. Ainsi, lors de son avant-dernière visite aux Antilles, il s’est quasiment mis tout le monde à dos - élus, socio-professionnels et journalistes - par son arrogance. Mais Yves Jégo n’en a cure. Il veut être à l’image et à l’unisson de son mentor, Nicolas Sarkozy.

Une ambition : la présidence de la Région Ile-de-France

Récemment, il a dressé un bilan d’étape de ses premiers 100 jours à la tête du ministère de l’Outre-mer. Une véritable séance d’autocongratulation au cours de laquelle il a détaillé les 7 grandes mesures prises depuis le début de sa prise de fonction, parmi lesquelles la réforme du secrétariat d’Etat à l’Outre-mer (SEOM) qui porte sur une fusion des deux Directions actuelles en délégation générale. Mais sur ce sujet, le locataire de la rue Oudinot omet de préciser que cette réforme prévoit un budget en baisse en 2009. L’autre mesure phare chère aux yeux du ministre porte sur la mise en œuvre du projet de Loi de Développement pour l’Outre-mer (LODOM) qui comprend les Zones Franches Globales d’Activités (ZFGA). Un projet de loi tellement décrié par les socioprofessionnels et les élus ultramarins que le gouvernement a du profondément le remanier. Exit la LOPOM qui a subi un "détricotage" en règle au point que Brigitte Girardin, ex-ministre de l’Outre-mer du gouvernement Raffarin et conceptrice de cette loi, est montée au créneau pour reprocher vertement au gouvernement de « détricoter sa loi » et de ne voir dans l’Outre-mer que des « danseuses ou des niches fiscales ». Mais cette sortie de Brigitte Girardin n’émeut guère l’ambitieux Jégo. Bonjour donc à sa LODOM, qui porte désormais son empreinte. Car le maire de Montereau a besoin d’imprimer sa marque de fabrique pour acquérir une stature nationale et recevoir l’adoubement et l’onction du grand patron, la seule condition pour prétendre à la candidature de la présidence de la Région d’Ile-de-France convoitée déjà par son ennemi intime, Roger Karoutchi, secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement. Et quand on sait que ce poste est l’objet de tous les désirs d’Yves Jégo, son graal à lui, l’Outre-mer vaut bien quelques sacrifices.

E. B. DomHebdo


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