Grosse manifestation hier à Paris pour la défense des retraites

Un dernier avertissement lancé au gouvernement

26 mai 2003

Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé hier à Paris pour la défense des retraites. Des grèves sont prévues cette semaine dans plusieurs secteurs. Les travailleurs mobilisés laissent une dernière chance au gouvernement pour lancer de véritables négociations sur le dossier des retraites.

Le cortège était impressionnant. De sources syndicales, il rassemblait plusieurs centaines de milliers de personnes voire un million de manifestants. La préfecture de police de Paris, elle, avançait le chiffre nettement plus modeste de 230.000 à 300.000 personnes... Autant d’estimations qui devaient continuer à évoluer dans l’après-midi.
Les manifestations d’hier vont-elles infléchir la volonté du gouvernement de mener à bien les réformes ? C’est l’objectif des syndicats, CGT en tête, qui voulaient faire de cette nouvelle journée de mobilisation un « dernier avertissement » adressé au Premier ministre, selon l’expression de Bernard Thibault. Les salariés du public mais également du privé étaient appelés par les centrales syndicales opposées à la réforme des retraites (CGT, FO, FSU, UNSA) à défiler. Plusieurs fédérations de la CFDT ont également décidé de participer à la mobilisation contre l’avis de leur direction qui a accepté le plan Fillon. Le syndicat CFDT d’Air France s’est ainsi joint à l’appel à « un arrêt de travail de 24 heures » lancé à la compagnie aérienne pour hier.

À Marseille, 40.000 personnes, selon les syndicats, 10.000 selon la police, ont manifesté hier matin pendant deux heures pour exiger le « retrait » des projets du gouvernement en matière de retraite et de décentralisation dans l’Éducation nationale. La Canebière, grande artère du centre ville descendant au Vieux-Port, était remplie de monde, en grande partie des personnels de l’Éducation nationale, qui défilaient derrière les banderoles de leurs établissements. Pour ouvrir la marche également, un couple grimé en personnes âgées, lunettes sur le nez et canne au poing, représentait "le festival des cannes" et "les instituteurs en fin de carrière". Les manifestants étaient venus de toutes les Bouches-du-Rhône pour cette action soutenue par la CGT, la FSU, FO, l’UNSA, G10 Solidaires, ainsi que la CFDT et des syndicats de l’Éducation nationale. À Lyon, plusieurs milliers de personnes ont défilé hier matin appelant à la « grève générale » et réclamant « le retrait du plan Fillon » de réforme des retraites. À Bordeaux, ville dirigée par le président de l’UMP, ils étaient entre 7.000 et 20.000 personnes. À Montpellier, plus de 10.000 ; tout comme en Avignon. On pouvait observer également des manifestations de moindre importance partout en France : 8.500 à Toulon, 3.000 à Grenoble, 2.500 à Toulouse, 2.000 à Nice. Libourne, Pau, Agen ou encore La Rochelle ont vu des rassemblements de moindre importance, allant d’une centaine à un millier de personnes.
Ces défilés étaient organisé trois jours avant la présentation mercredi en Conseil des ministres du projet de loi Fillon, une date butoir avant un conflit social majeur pour les syndicats. Marc Blondel, pour FO, a estimé que « s’il y a une chance que les discussions reprennent, c’est maintenant », affirmant qu’une fois transmise au Parlement, la réforme des retraites prendra une tournure politique avec un classique affrontement droite-gauche. Sans surprise, cette demande a été écartée vendredi par François Fillon ; le ministre des Affaires sociales a affirmé qu’on « ne peut pas rouvrir en permanence la discussion avec les partenaires sociaux » et que « c’est au Parlement désormais que le débat va s’ouvrir ».

Cette fin de non recevoir place le gouvernement Raffarin dans une stratégie d’épreuve de force avec les travailleurs, une nouvelle journée d’action se profile déjà demain. Fer de lance du conflit, l’Intersyndicale des enseignants (FSU, UNSA, FAEN, CGT, CFDT) a lancé un appel à une « grande journée de grèves et de manifestations » pour le 27 juin, le jour du comité interministériel sur l’éducation qui sera présidé par Jean-Pierre Raffarin.
Les syndicats comptent en effet sur la mobilisation de ce dimanche et sur un début de semaine agité (plusieurs appels à la grève à la Poste et aux télécoms, Finances, aviation civile, hôpitaux) pour faire fléchir le gouvernement et obtenir l’ouverture de véritables négociations. Au cas où celui-ci refuserait, les travailleurs promettent une large mobilisation : des préavis de grève ont été lancés à la SNCF, à la RATP, et dans l’ensemble des « entreprises privées et publiques » des transports.


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