Loi-programme

Une intransigeance qui bouche notre horizon

Le gouvernement décide le passage en "urgence déclarée"

16 mai 2003

Le gouvernement vient de décider de faire passer la loi-programme pour l’outre-mer en "urgence déclarée". En clair, cela veut dire que l’espace de discussion est réduit à sa plus stricte portion, qu’il n’y aura pas de "deuxième lecture" ni au Sénat ni à l’Assemblée, afin que chacune des deux puisse bénéficier des amendements déposés par l’autre, ce que l’on appelle "la navette". Et s’il y a désaccord entre les textes votés par les deux assemblées, ce sera une commission mixte paritaire qui tranchera. Celle-ci sera composée de 7 sénateurs et 7 députés.
Cette loi-programme aura, jusqu’à maintenant, été caractérisée par une seule et même idée : le passage en force. L’absence de prise en compte de toutes demandes, remarques et suggestions formulées. Et elles ont été nombreuses, ces demandes, tant sur le fond que que la forme.
Sur le fond même de la loi-programme, qui a suscité un avis général : elle est insuffisante pour permettre à l’outre-mer en général et à La Réunion en particulier de s’engager sereinement dans la voie du développement dans les 15 années à venir, au vu des défis auxquels notre pays aura à faire face durant cette période.
Ainsi, les solutions proposées pour l’emploi ne permettront pas de respecter le droit au travail des 120.000 demandeurs d’emplois réunionnais actuels. Et encore moins celui des 140.000 Réunionnais qui arriveront à l’âge de travailler d’ici l’an 2030. Pas plus de solution pour les aides-éducateurs et les autres emplois-jeunes. Impasse sur le codéveloppement. Rien sur la titularisation des 13.000 "journaliers communaux". Une continuité territoriale réduite à sa plus simple expression. Etc. Etc. Etc.
Sur la forme même : des élus, des forces vives, des institutions ont demandé, à plusieurs reprises, que l’on reporte - raisonnablement - le vote de cette loi-programme, pour avoir le temps de l’enrichir, après une concertation la plus large possible, de toutes les forces vives, politiques, économiques, syndicales, institutionnelles, associatives.
Drôle de "porte de sortie" donc, que vient de trouver le gouvernement. Il n’a voulu céder en rien, et cela n’est pas une première depuis qu’il est aux commandes.
Une telle attitude ne peut avoir qu’un seul effet : le raidissement de la situation sociale. Une situation déjà fort tendue. L’option prise pour cette loi est non seulement la preuve d’une intransigeance extraordinaire, mais aussi apparaît comme une réponse cinglante vis à vis des populations ultra-marines. Leur horizon, notre horizon se bouche. Irrémédiablement.
Plus que jamais la concertation entre Réunionnais sans exclusive doit se poursuivre pour élaborer un projet de développement durable et solidaire. C’est le seul moyen d’éclaircir l’horizon.


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