Décentralisation

Une nouvelle organisation territoriale

Le Sénat approuve le projet sur la Corse

16 mai 2003

Les sénateurs ont adopté avant-hier soir le projet de loi autorisant la consultation des électeurs de Corse sur la nouvelle organisation territoriale de leur île. Cette consultation se déroulera le 6 juillet prochain.

Le projet de loi sur le statut corse examiné mercredi dernier et voté dans la soirée par les sénateurs est la première conséquence directe de la réforme constitutionnelle. Celle-ci avait été adoptée par le Congrès le 17 mars dernier.
Dans ce texte, l’une des dispositions portait sur le fait que les électeurs d’une collectivité territoriale pouvaient être consultés pour donner leur avis sur un changement d’organisation administrative de cette collectivité, la consultation devant auparavant avoir été autorisée par le Parlement par le vote une loi. C’est donc ce projet de loi qui était soumis avant-hier aux sénateurs. Et pourquoi les sénateurs avant les députés ? Parce que, tout simplement, d’après la nouvelle Constitution, ce sont les sénateurs qui sont prioritaires pour l’examen des textes concernant les collectivités territoriales.
Les sénateurs ont donc approuvé, après les avoir amendées, les grandes lignes de la future organisation de la Corse. Une organisation qui sera proposée à la consultation, afin que les Corses se prononcent sur les « orientations proposées pour modifier l’organisation institutionnelle de la Corse ».
La nouvelle organisation vise à la mise en place d’une seule collectivité dans l’île, en remplacement des trois existantes, à savoir les deux départements et la collectivité de Corse, qui pourrait s’apparenter quelque peu au Conseil régional ; cette nouvelle collectivité réunira les compétences des trois précédentes.
Si les Corses, par le référendum du 6 juillet, accepte cette nouvelle organisation administrative, le gouvernement soumettra au Parlement un nouveau texte qui fixera dans les détails la nouvelle organisation de la Corse.

Le projet du ministre réécrit

La commission des lois du Sénat a procédé à une réécriture complète de l’annexe qui fixe les compétences des diverses Assemblées. Pour le rapporteur de la dite commission, Jean-Patrick Courtois (UMP, Saône-et-Loire), cela a été fait dans le but de « clarifier le contenu sans remettre en cause sa philosophie » du texte. Nicolas Sarkozy, qui avait déposé le projet de loi, a néanmoins donné un avis favorable à cette réécriture totale.
Par ailleurs, les sénateurs ont adopté un amendement du gouvernement qui précise que « la Corse conservera, au sein de la République, une organisation institutionnelle particulière. Elle sera organisée sous la forme d’une collectivité territoriale unique mais largement déconcentrée, comme le permet la récente révision constitutionnelle ».

Avenir

Deux amendements déposés par les socialistes ont également été approuvés par les sénateurs : l’un explique que les transferts des services à la collectivité unique devront se faire « dans le respect de la garantie statutaire des personnels » et le deuxième traite de la parité : chaque liste de candidats devra être « composée alternativement d’un candidat de chaque sexe ».
Paul Natali (UMP, Haute-Corse) voulait demander par amendement que la question posée aux Corses porte aussi sur « l’avenir de la Corse dans la République française ». « Si nous ne posons pas la question, c’est parce qu’elle ne se pose pas », lui a répondu Nicolas Sarkozy. « Les Corses, dans leur immense majorité, sont fiers d’être Français et veulent le rester. »
Le texte sera discuté à l’Assemblée nationale en première lecture le 27 mai, avant de faire l’objet d’une Commission mixte paritaire (CMP, 7 députés et 7 sénateurs), le gouvernement ayant déclaré "l’urgence", c’est-à-dire une lecture de moins dans chaque assemblée.

La 3ème loi organique en septembre
Patrick Devedjian souhaitait initialement réunir les deux textes soumis hier au conseil des ministres dans une même loi. (Voir notre édition d’hier) Les deux premiers textes portent d’une part sur les référendum, et d’autre part sur les "expérimentations". Une expérimentation qui est en fait une "dérogation". Les collectivités demandent une compétence, à titre "expérimental". C’est ce que l’on appelle "expérimentation". Celle-ci permettra aux collectivités concernées de « déroger, à titre expérimental et pour un objet et une durée limitée, aux dispositions législatives et réglementaires qui régissent l’exercice de leurs compétences ».

Toujours est-il que le ministre a suivi la recommandation du Conseil d’État. Comme le veut la révision constitutionnelle, le texte sur le référendum local sera examiné en premier par le Sénat, à partir du 5 juin.

Et pour "arrondir les angles" avec l’assemblée nationale, ce seront les députés qui étudieront en premier le texte sur les expérimentations. On peut même supposer que c’est pour tenter d’amadouer le président de cette assemblée, qui n’est autre que Jean-Louis Debré, que la manœuvre a été lancée. Non seulement il n’a pas apprécié cet état de fait, mais, en plus, il s’était montrer fort critique sur cette réforme constitutionnelle....

Tout n’est pas fini pour autant, puisqu’il est nécessaire de passer par une troisième loi organique. Celle-ci reste à venir. Tout porte à croire qu’elle sera soumise au conseil des ministres en septembre. Et ce n’est pas le plus petit morceau, puisque cette loi organique a pour objectif le rééquilibrage progressif des finances locales....

Pour l’U.M.P. de Guyane
Oui à l’évolution institutionnelle, à condition qu’on rattrape les retards

Le Conseil général de Guyane a rejeté avant-hier mercredi la convocation d’un congrès sur l’évolution institutionnelle. La proposition du président Joseph Ho Ten You (Divers Gauche) de convoquer un congrès, réunissant les élus régionaux et départementaux le 4 juin, n’a pas obtenu la majorité des voix. Les élus du groupe d’opposition "Entente Démocratique", regroupant des conseillers UMP et non inscrits, a rassemblé 10 voix contre 8 au groupe de la majorité départementale "Nouvel Élan" qui rassemble des conseillers du Parti socialiste guyanais (PSG), divers gauche, MDES (indépendantistes) et un conseiller UMP.

Joseph Ho Ten You et le président de la Région Guyane, Antoine Karam (PSG,) avaient annoncé fin avril la convocation du congrès appelé à se prononcer sur l’avant-projet d’accord sur l’avenir institutionnel de la Guyane. Mais la délégation guyanaise, réunissant des élus de tous bords, n’a pas réussi a se mettre d’accord sur le cadre constitutionnel de cette évolution (article 73 ou article 74).

Les positions divergent ou sont floues entre les partisans de l’article 73, qui consacre la possibilité pour les nouvelles collectivités territoriales d’adapter les lois et règlements et ceux de l’article 74, qui autorise l’adoption de lois locales comme en Nouvelle Calédonie.

Faute de consensus politique, le document, qui comprend un certain nombre de dispositions jugées anti-constitutionnelles par la ministre de l’Outre-Mer, aurait été proposé au vote du congrès en l’état. « Nous souhaitons que le document, qui n’est pas en adéquation avec la Constitution, soit réécrit (...) nous sommes contre toute évolution institutionnelle sans qu’il y ait des mesures spécifiques de rattrapage, ce n’est pas la peine d’avoir des pouvoirs sans avoir les moyens de les assumer », a déclaré Lucien Prévot (UMP), au nom du groupe "Entente Démocratique".

Proposition de loi pour Mayotte
Pour l’extension du régime de l’épargne logement

Le député Mansour Kamardine a déposé une proposition de loi visant à étendre le régime de l’épargne logement à Mayotte. Cette proposition a été co-signée par bon nombre de députés UMP, dont André Thien Ah Koon.

Dans l’exposé des motifs, les députés expliquent que « l’acquisition d’un bien immobilier au titre de l’épargne logement n’est pas possible à Mayotte alors que le niveau de vie sur l’île et le coût exorbitant de la construction commanderaient au contraire la mise en place au plus tôt d’un régime d’aide visant à inciter et à faciliter les conditions d’accès à la propriété, et notamment en direction des plus démunis ».

Ils rappellent que ce régime est applicable dans les départements d’outre-mer, et plus particulièrement à la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon depuis la loi 93-1 du 4 janvier 1993 portant "dispositions diverses relatives aux départements d’outre-mer, aux territoires d’outre-mer et aux collectivités territoriales de Mayotte et de Saint-Pierre-et-Miquelon".

Ils rajoutent que « l’épargne logement à Mayotte contribuerait à stimuler le développement de l’économie locale et améliorerait l’habitat tant la présence de logements insalubres doit être éradiquée au plus tôt. À l’instar de ce qui s’est produit outre-mer, ce programme donnerait à l’habitat social des moyens supplémentaires qui font cruellement défaut actuellement ». Et de conclure sur l’effet immédiat qu’aura la mesure « puisqu’elle permettrait aux clients des établissements bancaires mahorais, qu’ils soient métropolitains installés à Mayotte ou Mahorais ayant souscrits un plan d’épargne logement ou un compte d’épargne logement arrivé à terme, de ne plus se voir refuser la possibilité d’acquérir un bien immobilier sis à Mayotte au titre de l’épargne logement ».


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