Aide publique et IDE

20 mai 2006

La France promet 250 millions d’euros sur 5 ans. À 6 mois de l’élection présidentielle, le gouvernement de Marc Ravalomanana veut séduire les investisseurs étrangers en général, français en particulier.

De passage en France où il a participé, jeudi 18 mai, à un séminaire organisé par Ubifrance, le Premier ministre malgache Jacques Sylla a reçu du gouvernement français la promesse d’une aide publique de la France de 250 millions d’euros pour les 5 prochaines années, destinés à 4 secteurs prioritaires, dont l’éducation et la santé.
Un an après la signature du premier programme d’aide (110 millions de dollars sur 4 ans) marquant le soutien des États-Unis au gouvernement malgache au titre du "Millenium Challenge Account", ce nouvel engagement témoigne des efforts consentis par le gouvernement malgache pour tenter de redresser une situation économique fortement compromise depuis la crise de 2002. Il faut y ajouter une aide de l’Union européenne supérieure à 440 millions d’euros, en appui au Plan d’action pour Madagascar (MAP), plan quinquennal (2007-2011) rendu public fin mars 2006, qui met en avant "8 engagements prioritaires" pour tourner le dos à la pauvreté.
La façon "brutale et impulsive" qui caractérise la "gouvernance Ravalomanana", selon un observateur français, lui a valu les faveurs de Washington et un début de prospections pétrolières, par ExxonMobil Corporation, au large des côtes de Mahajanga - un investissement total de 3 à 4 milliards de dollars US.
Elle a aussi favorisé l’annulation partielle de la dette de Madagascar par le FMI et la Banque mondiale : 38 milliards d’ariary (17, 5 millions de dollars US) remis dernièrement par le FMI ont porté l’effacement à 400 milliards d’ariary (185 millions de dollars US) ; tandis que la BM a officialisé la décision du Sommet de Gleneagles en effaçant la dette d’une trentaine de pays, dont Madagascar, où plus de 70% de la population vit dans une extrême pauvreté, aggravée par l’inflation.

Au mieux de ses relations avec Paris, le gouvernement malgache va chercher à attirer vers la Grande île un flux croissant d’investisseurs français, dans le but affiché de "booster" une croissance encore entravée par un environnement décrit comme "insuffisant" sur le plan juridique et peu incitatif.
C’est à quoi répond aussi le récent séjour parisien du Premier ministre malgache, en participant avec le "patron des patrons" de Madagascar, Naina Andriantsitohaina, à un séminaire organisé par l’Agence française pour le développement international des entreprises (Ubifrance), sur le thème : Ce qui change à Madagascar.
Le séminaire a été préparé en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie de Paris et la Mission économique de Madagascar, à l’attention des entrepreneurs français que les autorités malgaches souhaitent convaincre d’investir dans les domaines de l’aménagement urbain, des travaux publics (reconstruction du réseau routier), dans l’éducation primaire et la santé publique ainsi que pour un objectif de modernisation de l’administration malgache. Par ailleurs, les secteurs minier, agricole et touristique sont considérés par les pouvoirs publics comme les moteurs de croissance de l’économie malgache pour les prochaines années.

Entre 2004 et 2005, les investissements directs étrangers (IDE) ont atteint près de 100 milliards de dollars (+45%), mais il faut constater que les projets-phares donnés en exemple sont surtout américains.
Ainsi, la multinationale canadienne QMM Rio Tinto s’installe dans le grand Sud malgache pour un projet d’extraction d’un gisement d’ilménite, d’un montant de 585 millions de dollars tandis que Dynatec, autre groupe canadien, doit extraire du nickel et du cobalt - un investissement de 2,5 milliards de dollars.
Si certains critères laissent croire en des performances économiques réalisables, les Malgaches veulent surtout, à quelques mois d’une échéance politique décisive, dresser le bilan politique et économique des 4 dernières années et évaluer les chantiers en cours.

P. David


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