Ambiance morose à trois mois des élections présidentielles

12 septembre 2006, par Bernard Yves

Contrairement aux élections antérieures, l’ambiance paraît plutôt morose, alors que la date du 3 décembre pour le scrutin présidentiel vient d’être re-confirmée par le Gouvernement.
Les discussions se poursuivent autour de ce scrutin :
- des parlementaires de l’opposition (députés, sénateurs) ont publiquement exigé la démission du Président Ravalomanana, en dénonçant notamment l’usage abusif de la puissance publique, à des fins électorales
- des juristes, arguent de leur côté que, la date du 3 décembre, au regard de la loi fondamentale est une élection anticipée, qui devrait entraîner la démission préalable du candidat - président en exercice.

Dans le même temps, les rumeurs les plus diverses circulent sur l’existence de malaises au sein de l’armée. Ce problème est d’actualité après les déclarations fracassantes du Général Randrianafidisoa, fervent partisan de Marc Ravalomanana durant la crise de 2001-2002. Ce haut grade a en effet levé un pan du voile qui entourait les attaques de militaires contre la résidence du Gouverneur de la Province de Fianarantsoa, et le Palais du Premier Ministre Tantely Andrianarivo à Mahazoarivo en 2002. Le Général Randrianafidisoa a cité pêle-mêle les noms de généraux encore en activité au sein des Institutions, celui du Premier Ministre actuel, en évoquant ces évènements.
Ce revirement du Général Randrianafidisoa rapporté de long en large par les médias, est une réponse à la déclaration du Ministre de la Sécurité annonçant l’ouverture d’une enquête sur l’assassinat du Général Andrianaivo, en 2002. Rappelons que, au cours des affrontements entre fractions de l’armée à Fianarantsoa, le Général Andrianaivo blessé, fut assassiné sur son lit d’hôpital. On se souvient par ailleurs que le Général Randrianafidisoa, et le Maire actuel de Fianarantsoa, Pety Rakotoniaina, dirigeant du Parti MFM furent parmi les meneurs du mouvement lors de la prise du Gouvernement de Fianarantsoa.
L’un et l’autre ont déclaré qu’ils seraient candidats à la présidentielle du 3 décembre.
Ils ont ouvertement affiché leur volonté de tout " dévoiler " en cas de menaces ou pressions contre leur personne.
Ainsi, le Ministre de la Sécurité, changeant son fusil d’épaule a précisé qu’il n’était pas question d’ouvrir le dossier sur la mort du Général Andrianaivo, mais d’une enquête concernant les attaques à la grenade contre le domicile du Ministre de l’Intérieur, et le siège de la Haute Cour Constitutionnelle, qui ont récemment défrayé la chronique.
Par ailleurs, dans les milieux diplomatiques, comme au sein de la classe politique, et de la société civile, l’idée d’instaurer un bulletin unique poursuit son chemin, provoquant l’irritation du Président Ravalomanana. Lors d’une inauguration, le week-end dernier, le Président a publiquement pris à partie les étrangers partisans du bulletin unique, en invoquant le droit souverain de Madagascar d’organiser à sa guise les élections, les spécificités de la " démocratie " malgache qui n’est ni européenne, ni africaine, ni asiatique, etc...
Les prochaines semaines permettront de voir plus clair dans les joutes électorales qui s’annoncent avec la participation de seize prétendants qui ont publiquement fait acte de candidature.

Bernard Yves


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