Après le référendum : des résultats contestés

De notre correspondant permanent Bernard Yves

16 avril 2007, par Bernard Yves

Contrairement aux affirmations du Premier ministre et Ministre de l’Intérieur, le Général Charles Rabemananjara, les résultas complets du référendum du 4 avril n’ont pu être rassemblés que le 11 avril au lieu du 8 avril, et la proclamation officielle du scrutin par la Haute Cour Constitutionnelle a été retardée d’autant.

Les chiffres “officieux” rendus publics le 12 avril donnaient les résultats suivants :

Inscrits : 7 millions 380.926
Votants : 3 millions 227.172
Blancs et nuls : 65.723
Oui : 2 millions 283.234 (75,38%)
Non : 738.215 (24,62%)
Participation : 73,72%

Rappelons déjà que, dès le départ, c’est la tenue même du référendum qui a soulevé la réprobation de larges couches de la population qui, face à la situation sociale et aux graves conséquences des derniers cyclones et inondations, estimaient que ce référendum ne constituait pas pour eux une priorité.

En outre, l’énoncé de la question posée aux électeurs était on ne peu plus flou : « Acceptez-vous ce projet de révision de la Constitution pour le développement rapide et durable de chaque région afin d’améliorer le niveau de vie des Malgaches ? »

A l’instar de nombreux partis et groupements politiques, acteurs de la société civile, l’association Catholique Justice et Paix, reprenant l’essentiel des critiques de la Conférence Episcopale (Assemblée des Evêques de l’Ile) contre la tenue de ce référendum, avait lancé un appel au pouvoir déclarant en résumé :

- faites que le texte à soumettre ne comporte aucun piège,
- qu’il n’y ait pas d’interférence entre un programme de Gouvernement (le MAP) et la loi fondamentale.

Mais les tenants du pouvoir ayant fait la sourde oreille, les résultats du scrutin étaient prévisibles. Jamais dans l’histoire électorale de Madagascar, on avait noté un si fort taux d’abstentions. 70% ont estimé des observateurs impartiaux. Une panne informatique “providentielle” d’une journée a permis de renverser la tendance en faveur du pouvoir et des partisans du “oui” donnant les chiffres énoncés plus haut.

En dépit de ce score suspecté par l’opinion, il est évident que plus de la moitié de l’électorat a manifesté son mécontentement.

Des médias ont relevé à titre d’exemple les résultats provisoires de la province d’Antananarivo (régions Analamanga, Itasy, Bongolava, Vakinankaratra) reçus de 3.800 bureaux de vote :
Electeurs inscrits : 2 millions 578.202
Votants : 1 million 149.228 (44,57%)
856.226 (76,78%) ont voté “oui” et 257.367 (23,22%) ont voté “non”.

En résumé, le total des abstentionnistes, des partisans du “non” et des bulletins blancs et nuls démontrent que quelque 57% des électeurs ont rejeté les amendements à la Constitution.

Et maintenant, que va-t-il se passer ?

Les partisans du “non”, qui ont créé une plate-forme rassemblant quelque 21 partis et groupements politiques pour participer à la campagne référendaire, ont pour la plupart dénoncé les irrégularités qu’ils ont constatées avant et pendant le scrutin, notamment l’omniprésence de l’administration à tous les niveaux. La plupart, sinon la totalité des membres de cette plate-forme, ont déclaré qu’ils n’entendaient pas déposer de requête auprès de la Haute Cour Constitutionnelle, en exprimant ouvertement leur méfiance à l’endroit de cette institution judiciaire dont l’impartialité vis-à-vis du pouvoir exécutif est sujette à caution.

Le Président Ravalomanana, de son côté, a décidé de poursuivre sur sa lancée et annonce la tenue d’élections sénatoriales et l’élection des Maires, au cours des prochains mois.

Pourtant, l’amélioration des conditions de vie, la montée de l’inflation, la reconstruction des infrastructures, des écoles et hôpitaux, endommagés par les cyclones, la restauration de milliers d’hectares de cultures restent la préoccupation principale de la majorité de la population.

B.Y.


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