La FAO

Crise acridienne à Madagascar

20 juin 2013

Une invasion acridienne menace les moyens de subsistance de 13 millions de personnes à Madagascar, dont 9 millions vivant de l’agriculture. Si elles ne sont pas traitées, les infestations acridiennes peuvent dévaster les cultures vivrières et les pâturages et ainsi les capacités des familles à subvenir à leurs propres besoins.

Le riz, ainsi que d’autres cultures, est sous la menace de dégâts majeurs à cause de cette invasion acridienne et cela pourrait avoir un considérable impact négatif sur l’offre interne et le prix des céréales.
(photo d’archives M. DUROS)

Plus de 22 millions de dollars sont nécessaires avant juin 2013 pour lancer la première campagne d’un programme de lutte antiacridienne de trois ans, d’un montant total de 41,5 millions de dollars. Le moteur de cette invasion acridienne est le Sud-Ouest du pays, une région sujette à la sécheresse et aux cyclones, où plus de 80 pour cent de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. En février 2013, le cyclone Haruna a entraîné l’inondation des rizières dans les zones côtières de cette région, et causé des dégâts importants tout en créant des conditions de reproduction idéales pour le criquet migrateur — à noter que le riz est une production agricole essentielle à Madagascar.

Agir maintenant est crucial

Un appui adéquat en temps opportun sauvera non seulement les moyens de subsistance, mais aussi les millions de dollars d’assistance humanitaire que nécessiterait la réhabilitation des productions agricoles et animales. Le défaut de financement au cours des deux précédentes campagnes antiacridiennes, en 2010-2011 et 2011-2012, a permis aux populations acridiennes de croître et d’occuper rapidement de nouveaux territoires, détruisant cultures et pâturages. Ce qui avait commencé comme une recrudescence est devenue une invasion. Avec un financement suffisant, la FAO, avec ses partenaires nationaux, pourra mettre en œuvre les nécessaires opérations à grande échelle pour traiter et protéger 1,5 million d’hectares de septembre 2013 à mi-2014 et un total de plus de 2,15 millions d’hectares jusqu’à 2016.

Les financements permettront également à la FAO de renforcer les capacités nationales de prospection et d’analyse des situations acridiennes, et de lutte antiacridienne ainsi que de suivre l’impact des traitements sur la santé humaine et l’environnement.

Réponse à l’invasion acridienne :

Programme de trois ans 2013-2016

Madagascar est actuellement confrontée à une invasion acridienne qui pourrait toucher les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire et nutritionnelle de 13 millions de personnes. Cette invasion du criquet migrateur malgache a débuté en avril 2012 et aura un impact considérable sur la production agricole et la disponibilité en pâturages pour le bétail. Le riz, ainsi que d’autres cultures, est sous la menace de dégâts majeurs à cause de cette invasion acridienne et cela pourrait avoir un considérable impact négatif sur l’offre interne et le prix des céréales.

Madagascar est fréquemment exposée à des catastrophes naturelles ayant des conséquences très négatives sur les moyens de subsistance des populations rurales les plus vulnérables. Depuis 2009, les effets combinés de la sécheresse et des cyclones, ainsi que l’instabilité politique, ont aggravé les conditions de vie de milliers de ménages, principalement dans le Sud-Ouest du pays, où plus de 80 pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

L’information reçue en février 2013 confirme la gravité de la crise acridienne dans le Sud-Ouest et l’Ouest de Madagascar. Dans le Sud-Ouest, moteur de la dynamique des populations acridiennes, le cyclone Haruna, qui a traversé la zone les 22 et 23 février 2013, a non seulement entraîné des dégâts considérables, mais aussi amélioré les conditions de reproduction du criquet pour une période plus longue que d’habitude. Les données historiques, l’expérience acquise au cours des dernières décennies et l’information récente issues des évaluations de terrain montrent que, en l’absence de campagne en 2012-2013, au moins 1,5 million d’hectares pourraient être infestés par les criquets dans les deux tiers du pays avant septembre 2013.

Les adultes de criquet migrateur peuvent se multiplier rapidement et former des groupes et des essaims très mobiles. En fonction de sa taille et de sa densité, un essaim de criquets peut consommer jusqu’à 100.000 tonnes de végétation verte par jour, y compris des cultures. Les régions administratives infestées par les acridiens représentant 50 pour cent de la superficie agricole totale consacrée à la riziculture et plus de 60 pour cent de la production totale de riz, les dégâts potentiels que de grands essaims mobiles peuvent infliger sont phénoménaux.

Au vu de la détérioration de la situation, le Ministère de l’Agriculture de Madagascar a déclaré, le 27 novembre 2012, l’état d’alerte acridien et effectué une proclamation de calamité publique sur tout le territoire national. En décembre 2012, le Ministère de l’Agriculture a soumis une requête d’assistance technique et financière à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) afin de répondre à l’invasion acridienne en cours et assurer la mobilisation des ressources ainsi que la coordination et la mise en œuvre d’une réponse d’urgence.

Étant donné l’ampleur et l’extension géographique de l’invasion acridienne, la FAO estime que trois ans d’efforts soutenus correspondant à trois campagnes antiacridiennes successives (2013-2016), pour un total de 41,5 millions de dollars, seront nécessaires. De ce montant, 22,4 millions de dollars sont requis avant juin 2013 pour lancer une première campagne antiacridienne d’envergure (2013-2014).

L’expérience démontre qu’à Madagascar, la mise en œuvre d’une campagne antiacridienne efficace (à partir de septembre de l’année 1 à mai-juin de l’année suivante) exige que tous les fonds soient disponibles pour une telle campagne en juin de l’année 1. Il faut noter que la campagne antiacridienne 2010-2011, mise en œuvre en réponse à une résurgence acridienne en 2010, n’a reçu que 50 pour cent des 14,5 millions de dollars requis, ce qui a rendu nécessaire une deuxième campagne estimée à 7 millions de dollars en 2011-2012 — cette dernière financée elle aussi à seulement 26 pour cent du total.

En conséquence, les populations acridiennes non maîtrisées se sont multipliées et ont envahi un territoire plus vaste, et le total des fonds nécessaires pour faire face à l’invasion actuelle a augmenté. Une action immédiate est nécessaire pour éviter que ne se répète une situation similaire à la dernière invasion acridienne à Madagascar qui avait duré trois ans, de 1997 à 2000, et coûté au gouvernement et à la communauté humanitaire internationale 60 millions de dollars pour traiter plus de 4 millions d’hectares.
Madagascar

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