La population d’Antananarivo “punie” pour avoir “mal” voté : de nombreux quartiers privés d’eau et d’électricité !

De notre correspondant particulier Bernard Yves

8 janvier 2008, par Bernard Yves

Les élections communales et municipales du 13 décembre 2007, notamment la victoire de Andry Rajoelina dans la capitale, qui a marqué la défaite du TIM, continuent de défrayer la chronique et d’entretenir les débats dans tous les milieux.
Même si le parti au pouvoir se vante d’avoir gagné la majorité dans les quelque 1500 communes à travers le pays, tous les observateurs constatent un changement notable dans le comportement des électeurs qui dans de nombreuses communes (plus d’une dizaine selon les médias), ont ouvertement manifesté le mécontentement face aux manœuvres frauduleuses de l’administration, en vue de donner la “victoire” aux candidats Maires présentés par le TIM. Manifestations de rues avec port de banderoles, grèves à l’endroit des petits commerçants connus pour leur accointance avec le TIM, plaintes devant les tribunaux, rassemblements devant les bâtiments administratifs. Telles sont quelques-unes des manifestations de contestation, au cours desquelles les électeurs ont dénoncé la manipulation des résultats électoraux. Ont été notamment citées à ce propos, les manifestations populaires à Vatomandry, Maintirano, Ambohitrimanjaka, Ampefy, Miarinarivo,
Mais l’opinion suit avec un grand intérêt l’évolution de la situation à Antananarivo, où le Maire Andry Rajoelina, nouvellement élu, est confronté dès sa prise de fonction à des difficultés sans nombre, qui aux yeux de l’opinion, relèvent purement et simplement du “sabotage” sciemment organisé.
Le Maire Andry Rajoelina, et son équipe ont décidé de demander un audit des comptes de la Commune urbaine d’Antananarivo, ayant constaté un trou de plusieurs milliards d’ariary, outre les dettes énormes contractées par la commune à l’endroit de différents prestataires de service qui n’ont pas encore perçu leur dû. Ainsi, les fournisseurs de carburants pour le fonctionnement des engins chargés du transport des ordures, ont refusé de continuer à ravitailler la commune, en raison de factures impayées depuis des mois. Plus grave encore, au cours d’une interview récente donnée à une station de Télévision privée, le Maire Andry Rajoelina,a fait savoir que la JIRAMA avait décidé unilatéralement de couper l’eau et l’électricité dans certains quartiers de la capitale, pour cause de factures impayées. Il faut souligner à ce propos selon les informations données par le Maire, que entre janvier 2006 et août 2007, les factures impayées par la Commune d’Antananarivo à la JIRAMA se chiffrent à 1.481 millions d’ariary. Pourquoi ces coupures au lendemain des élections ? Pourquoi la JIRAMA n’a telle pas procédé à ces coupures, en septembre, octobre ou novembre 2007 ?
Les réactions de la population sont unanimes : le pouvoir veut “punir” Antananarivo, pour avoir voté contre le candidat TIM !
En conclusion de cette interview, le Maire d’Antannarivo a annoncé que jusqu’ici, les démarches initiées par son administration se sont heurtées à l’inertie de la JIRAMA qui fait état d‘ordres « venus d’en haut ». Une rencontre entre la Direction Générale de la JIRAMA et les dirigeants de la Commune se tiendra incessamment pour tenter de débloquer cette situation qui pénalise des populations déjà en difficulté, y compris les écoles primaires publiques qui ne pourront pas fonctionner normalement.

B.Y.


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