Début de campagne sous tension

21 novembre 2006, par Bernard Yves

La campagne pour la présidentielle du 3 décembre s’est ouverte le 12 novembre pour 3 semaines. Contrairement à ce qui s’est vu habituellement dans le passé, un silence pesant entoure ce début de campagne. Ce silence qui étonne certains s’explique par les évènements qui se sont produits au cours des 10 derniers jours :

Relevons à ce propos la rencontre entre les candidats et les représentants des pays qui ont apporté une contribution matérielle et financière au Gouvernement malgache, en vue d’assurer les conditions d’un scrutin “transparent et démocratique”. Parmi ces bailleurs, citons la France, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Suisse, le Japon. Leur contribution est gérée par la représentation du PNUD à Antananarivo.

Treize candidats (sur 14) assistaient à cette rencontre, y compris le représentant du candidat-Président qui y a fait un passage éclair. Au cours de ces entretiens, ont été formulées les critiques unanimes des candidats sur la préparation des élections : listes électorales suspectes et truffées d’erreurs, bureaux de vote et nombre d’électeurs encore inconnus jusqu’à ce jour, limitation du temps de parole des candidats à 5 minutes sur les médias publics, alors qu’à longueur d’images et sur les ondes, le candidat-Président dispose d’un temps illimité lors d’inaugurations et autres manifestations officielles.

Les candidats se sont également étonnés du revirement des bailleurs qui représentent des pays qui ont pourtant reconnu la date du 6 mai 2002 comme marquant la prise de fonction officielle de Marc Ravalomanana. Selon la Constitution, cette date prévoit de nouvelles élections présidentielles en 2007 et non en 2006. Le 3 décembre signifie ainsi qu’il s’agit d’élections anticipées, entraînant de fait la démission préalable du Président sortant.

Les diplomates n’ont fait qu’enregistrer ces doléances, en évitant tout engagement.
D’autres évènements plus préoccupants se sont également produits :

- à Antananarivo, le Maire et le Préfet ont autorisé le candidat Ny Hasina Andriamanjato a tenir son meeting électoral, à condition qu’il évite tout cortège (!) qui pourrait être assimilé à une quelconque manifestation de rue. L’intéressé a préféré annuler le meeting.

- le candidat Norbert Ratsirahonana et son Comité de soutien ont dénoncé, au cours d’une conférence de presse, les attaques dont sont victimes les membres de leur parti, l’AVI : tentatives de corruption, pressions multiformes, agressions physiques perpétrées par des membres du parti présidentiel TIM, ayant entraîné la mort de 2 maires du parti AVI.

Le porte-parole du Comité de soutien du candidat AVI dénonce le Vice-président de l’Assemblée nationale (TIM) qui a menacé en personne les élus de son parti.
Par ailleurs, des magistrats expriment leur soutien aux prises de position du “Comité pour la défense de la légalité” initié par un de leurs pairs, le magistrat Richard Razakavonison qui dénonce l’illégalité et l’anti-constitutionnalité de la date du 3 décembre.
Face à tous ces éléments propices à des dérapages imprévisibles, 9 candidats ont décidé d’un commun accord de demander le report de la date des élections présidentielles et de créer un large “Comité national” pour la défense de la légalité et de la Constitution, afin d’éviter que la situation actuelle ne perdure avec les risques d’affrontements qu’elle comporte.

Bernard Yves


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