Delta Petroli investit dans le Jatropha pour plus de 50 millions d’euros

17 septembre 2008

Dans le cadre du projet Jatropha initié par la société italienne Delta Petroli, Umberto Morpurgo, ’présidente’ de ladite société, a effectué une première visite sur place pour constater de visu, d’une part, l’avancement du projet, et d’autre part, les efforts à apporter pour le bon développement du projet. L’un des points forts du projet est qu’il bénéficie de la présence et du soutien sur place de l’Ecar Frères Capucins.

La production sera exportée vers l’Italie pour les besoins énergétiques de l’hôpital "Casa Sollievo della sofferenza" à San Giovanni Rotondo (Foggia-Italia) créé par le Padre Pio. Toutefois, une partie (environ 10%) sera gardée sur place (quoique cette quantité soit modifiable selon les besoins locaux).
Si la production de graines de Jatropha marche comme prévu, l’usine d’extraction d’huile fonctionnera dans 3 ans. Cependant, le lieu d’installation de l’usine est encore en études : compte tenu de l’état lamentable des infrastructures routières existantes, la question est de savoir ce qui convient le mieux.
Faut-il installer l’usine près des centres de production de grains de Jatropha (ce qui nécessitera la mise en place de plusieurs dizaines de kilomètres de pipelines pour acheminer l’huile jusqu’au port d’embarquement du produit final) ou bien faut-il installer l’usine sur le port pour faciliter le chargement des navires ? Quoi qu’il en soit, d’importants investissements sont requis dans les deux cas pour remettre les routes en état.
Si l’objectif est de couvrir, à terme, 30.000 Ha (avec une extension possible selon le développement du projet), les plaines de Samimanavaka, de Bekofafa et de Befandrama fournissent déjà plus de 15.000 Ha. Ce sont des terrains domaniaux marginaux fréquemment exposés aux feux de brousse. On espère y récolter entre 40.000 à 70.000 tonnes/an de graines de Jatropha.

Sécurisation de la région

Le projet est situé dans une contrée où le vol de bœufs sévit encore. Les villages nouvellement créés dans le cadre du projet sont installés dans les points de passage des voleurs de bétails. Si pour l’administration décentralisée, la création de nouveaux villages contribue à la sécurisation de la localité, il faut savoir que les gens qui vivent dans ces villages subissent des pressions de la part de ces voleurs qui les découragent de s’y installer : feux de brousse volontaires à proximité des villages...

C’est pourquoi la sécurité est renforcée dans les villages avec la mise en place permanente de vigiles. Une quinzaine de personnes sont affectées spécifiquement pour assurer à la fois la sécurité de chaque village ainsi que celle des plantations.

Spécificités de la culture de Jatropha

Selon Lala Marie Brigitte, ingénieur agronome, responsable technique du Projet Jatropha de Delta Petroli, on peut faire pousser le Jatropha de deux manières : à partir des graines (en semis direct ou en pépinière) ou bien avec des boutures.
Si les plants de Jatropha en bouture donnent des graines après la première année de leur plantation, le semis direct ou la pépinière n’en donne qu’après la seconde année. Par contre, le rendement est bien meilleur à partir de ces derniers procédés. Les boutures produisent moins comparées aux plants issus des graines (environ moins du 1/4 à 1/3).
Les jeunes pousses de Jatropha sont fragiles du fait que si elles demandent beaucoup d’eau dans les pépinières, elles ne supportent pas l’inondation. Toutefois, l’un de leurs avantages est que, même les chèvres n’en mangent pas les feuilles.
A partir de sa troisième année, un pied de Jatropha donne entre 1,5 et 3 kg de graines.
5 kilos de grains de Jatropha donnent 1 litre d’huile. Et un pied de Jatropha a une durée de vie de 50 ans.
Outre l’obtention du bio-carburant, il faut savoir que la population rurale locale utilisait déjà le Jatropha pour de multiples usages : il fournissait de l’éclairage en remplacement des bougies, il est également utilisé par les femmes en tant que produit cosmétique et pour le traitement de la chevelure...

De nombreux avantages

Le lieutenant-colonel André Randriamandresy, chef de région de la Sofia, a bien apprécié à leur juste valeur, les avantages que la région peut tirer de cet investissement agro-industriel. Avec les 10.000 Ha qui seront cultivés à la prochaine campagne culturale d’octobre, 1.200 personnes seront mobilisées. C’est autant d’emplois qui seront créées dans la région.
La culture de Jatropha participe aussi à la protection des sols par le biais de leur nouvelle fertilisation grâce à la couverture fournie par les plantes. Ce qui contribue également au recyclage du dioxyde de carbone.
Avec l’extraction d’huile de Jatropha qui sera faite sur place, les déchets obtenus (la biomasse) peuvent être utilisés comme engrais.
Mais les plus grands avantages qu’apportera le projet Jatropha de Delta Petroli se situeront au niveau des infrastructures qui seront forcément construites (hôpital, écoles, routes, port...), sans compter les investissements qui seront faits pour doter les villages avoisinants d’eau potable. En d’autre terme, le projet entraînera un véritable changement du monde rural.


Témoignage

Pour de nombreuses personnes qui vivent dans les villages environnants, le projet offre une opportunité en termes d’emploi, donc, pour avoir des sources de revenus stables.

Selon Germaine (une des femmes employées par le Projet dans le village de Samimanavaka) : « Je viens du village d’Ambohimanaga situé à environ 4 km d’ici, mais je vis ici actuellement, et cela depuis huit mois. Je travaille pour le projet comme les hommes. Je fais ce travail pour faire vivre mes six enfants et pour pouvoir réhabiliter ma maison qui se trouve dans mon village d’origine. J’espère y arriver avec mon salaire mensuel (elle est payée à 2.000 ariary journalièrement) ».

Energies renouvelablesJatropha

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Messages

  • Certes, le projet Delta Jatropha Madagascar est vraiment intéressant. Mais, on s’inquiète fort sur la traçabilité du projet et la vie des villageois sur le site d’exploitation ; car les villageois en question espèrent encore la continuité du projet, alorsqu’une annonce a été récemment diffusé sur les Radio local (Antsohihy). Des rumeurs courrent sur l’arrêt momentanée du projet. Ce qui provoque un souci pour les ouvriers qui ont déjà travaillés sur ce projet pendant la phase d’expérimentation.
    La question est donc : est-ce que le projet est définitivement arrêté ou cet arrêt est momentanée comme je l’ai dit auparavant.
    Tous mes remerciements anticipés, et je souhaite déjà une reponse favorable de votre part.


Témoignages - 80e année


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