Antananarivo (Madagascar)

Dialogue rompu entre le pouvoir et l’opposition

29 janvier 2009, par Bernard Yves

« Nous sommes déterminés, nous irons jusqu’au bout. Nous ne pouvons pas laisser le pouvoir entre les mains du gouvernement actuel ». Andry Rajoelina, le maire d’Antananarivo, a tenu un meeting ce mercredi 28 janvier 2009 devant plus de 15.000 personnes rassemblées sur la place du 13 Mai.

Il s’agissait de rendre hommage au jeune homme de 14 ans tué par balle lundi, lors de l’attaque d’une chaîne de télévision privée appartenant à Marc Ravolamanana. Devant la dépouille de la victime, l’opposant du président a déclaré : « Ce n’est pas possible de laisser faire cela. Le peuple en a assez ».
Il accuse ainsi directement le président de la République d’être à l’origine des émeutes qui secouent la ville depuis lundi. « Il n’y a pas de conciliation possible entre le président de la République et nous », affirme Andry Rajoelina. Sous les acclamations du public, il a lancé : « Il faut qu’il parte, qu’il quitte le pouvoir. Le pouvoir appartient au peuple ».

Un dispositif de sécurité impressionnant entourait le maire d’Antananarivo lors de son discours. Le public ne pouvait voir que le haut de son visage. « J’ai peur pour ma vie. Des commandos ont été formés et sillonnent les rues de la ville pour me tuer. Est-ce que c’est cela la démocratie ? », demande-t-il. Andry Rajoelina a ensuite longuement rendu hommage à toutes les victimes des émeutes, dont le bilan ne cesse de s’alourdir. Le chiffre avoisinerait désormais les 70 morts.

Le rassemblement s’est terminé dans le calme en début d’après-midi, mais la situation demeure extrêmement précaire. Des troubles continuent d’être signalés dans plusieurs villes du pays. Marc Ravolamanana, qui s’est rendu sur plusieurs sites pillés lundi et mardi - dont sa chaîne de supermarchés -, a indiqué qu’il ne laisserait pas « cette situation insurrectionnelle perdurer ».

Andry Rajoelina affirme, pour sa part, que plusieurs de ses proches seraient menacés d’arrestation. En hommage aux victimes des émeutes, le maire d’Antananarivo a appelé à une journée « ville morte » pour jeudi. « Nous verrons ensuite ce que nous ferons », a-t-il conclu.


Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères

La Fance restera neutre

Le président malgache Marc Ravolamanana a annoncé avoir lancé un mandat d’arrêt contre Roland Ratsiraka avec soi disant l’accord de la France. Cependant après l’entretien du ministre Bernard Kouchner avec le président Ravalomanana, Andry Rajoelina et Roland Ratsiraka, un communiqué du ministère des affaires étrangères et européennes a été envoyé où il est écrit :
« Le ministre a appelé tous ses interlocuteurs au dialogue, à la retenue et à l’unité nationale afin de trouver une issue pacifique et durable à la crise que vit actuellement Madagascar. Il a souligné que la France était attachée à ses liens d’amitié avec Madagascar et au respect de la légalité et entendait rester strictement impartiale ».
La France ne se mêlera pas des affaires internes de Madagascar mais souligne « l’importance d’assurer la protection et la sécurité des populations quelles soit malgaches ou étrangères ».


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