Témoignages - Journal fondé le 5 mai 1944
par le Dr Raymond Vergès

Cliquez et soutenez la candidature des Chagossiens au Prix Nobel de la Paix

Accueil > International > Madagascar-Grande Ile

Élection présidentielle à Madagascar : des foules immenses pour voir les artistes et 2 candidats

16 novembre 2023 : premier tour de l’élection présidentielle

jeudi 16 novembre 2023, par Manuel Marchal


Ce 16 novembre doit se tenir le premier tour de l’élection présidentielle. Deux candidats ont fait campagne ces dernières semaines : Andry Rajoelina, président sortant, et Siteny, dirigeant du PSD et député. Des foules considérables ont suivi la campagne électorale de ces deux candidats. Ce fait ne doit pas être occulté. Car notamment dans les provinces, les meetings étaient aussi des festivals de musique gratuits, rassemblant une part importante des artistes les plus connus de Madagascar. Parfois des dizaines de milliers de personnes se pressaient pour voir Jaojoby, Tence Menia, Rootsmann, Black Nadia, Big MJ… chanter les louanges du candidat. Pas étonnant que des foules immenses étaient là quand le candidat arrivait du ciel en hélicoptère.


Fin d’après-midi de ce mois d’octobre à Madagascar. Cela eut lieu à Antsiranana, à Anivorano-Nord, Ambilobe, Ambandja, Antsohy, Antahala, Mahajanga, Toamasina… Un hélicoptère survole une foule de plusieurs milliers de personnes. Il se pose près du public, la porte s’ouvre, celui qui sort est un candidat à l’élection présidentielle de ce 16 novembre. Pendant qu’un artiste joue un morceau à sa gloire au rythme du salegy, le candidat fend la foule, au milieu des danseurs. Il monte sur le podium, commence à danser au rythme de la musique et participe au spectacle musical.

Festivals et meetings

Autour de lui, les artistes parmi les plus connus de Madagascar : Jaojoby, Tence Menia, Rootsmann, Black Nadia, Big MJ… voilà ce qui a été proposé gratuitement par Andry Rajoelina et Siteny aux habitants de nombreuses villes à Madagascar ces dernières semaines. Il n’est donc pas étonnant que les foules se pressaient pour voir les candidats et les artistes qui les soutiennent. Ils pouvaient être des dizaines de milliers de personnes rassemblés dans un stade, ou sur une place. Et en plus, des Tee-shirts, lamba hoany, robes boubou, parasols étaient offerts.
Une robe-boubou, c’est 140 000 ou 28 000 ariary. Cela représente beaucoup. Un vendeur dans la rue gagne en effet les revenus suivants : 2000 francs ou 400 ariary comme bénéfice de vente d’un paquet de cigarettes, une commission de 2000 francs pour la vente de 50 000 francs de crédit d’un opérateur de téléphonie mobile. Un parasol pour ces vendeurs de rue représente l’économie de la location d’un moyen indispensable de se protéger du soleil, soit 15 000 francs par semaine. Cela représente une économie de dépense annuelle de 156 000 ariary, soit plus communément 780 000 francs.

Les artistes au cœur de la campagne

Il n’est donc pas étonnant qu’à Antananarivo la capitale, dans les rues d’Itaosy, de 67 hectares, d’Andavamba de Isotry, Ambohijatova, Analakely, des tables de commerçants soient surmontées d’un parasol, et que t-shirts en lamba hoany des candidats soient souvent portés pendant plusieurs années.
Le bulletin de vote est une feuille sur laquelle se trouve l’intégralité des candidats, qui ont un numéro. La communication se fait alors sur deux points : le numéro et le nom du candidat.

Carnaval de supporters du candidat Numéro 3, Andry Rajoelina, à Antsiranana le jour de la venue de Siteny dans la ville.

Dans les provinces, par exemple à Antsiranana, des camions sono ou voitures équipées de hauts parleurs parcourent les rues de la ville en diffusant en boucle une chanson : « Hira Faneva », du candidat numéro 3 Andry Rajoelina, et « Hira Faneva Siteny 2023 » du candidat numéro 13 Siteny.
Dans cette chanson, des artistes parmi les plus connus de Madagascar déclament le programme du candidat. Par exemple, un groupe musical de l’Antandroy chante « Veloma kere » quand des images montrent les travaux d’un pipe-line. Cela veut dire « Adieu le kéré ». Le kéré est le manque d’eau dans le Sud empêchant de cultiver la terre. Il oblige à acheter la nourriture, or l’argent manque.
Chacune de ces chansons se finit par un mot d’ordre clair clamé par un artiste : « fidio » numéro 3 ou numéro 13.
Les voitures et camion sono ne diffusent que ces chansons, et à aucun moment n’est entendue la voix d’un candidat. Les militants sillonnent rues et ruelles et ne distribuent aucun tract. Ils annoncent leur venue par un « Ody » et la porte de la cour leur est ouverte par un « Mbola tsara ». Alors les militants discutent un peu et distribuent des t-shirts à l’effigie de leur candidat aux personnes qui souhaitent.

Les Malgaches bien au courant de l’actualité

Meeting du candidat Numéro 13, Siteny, à Antalaha.

Le soir, quand un des deux candidats est annoncé, la foule se presse sur le lieu du rendez-vous. Elle a droit à un concert gratuit d’artistes parmi les musiciens les plus célèbres de Madagascar. Puis arrive du ciel le candidat à bord d’un hélicoptère.
C’est comme cela que la campagne électorale de la présidentielle est vécue par la majeure partie du peuple malgache. Mais toute cette animation semble occultée par les reportages des télévisions occidentales, notamment françaises qui sont exclusivement relayés à La Réunion.
Pourtant, les Malgaches se tiennent au courant des manifestations du Collectif des 11 puis des 10 candidats qui défilent à Antananarivo habillés en blanc. Ils ont vu les vidéos des reportages qui couvrent ces événements. Les Malgaches sont donc informés et ils s’intéressent au développement de cette affaire. Il n’est pas étonnant que ces manifestations soient évoquées dans les conversations. Mais ces candidats, ils ne les voient pas. C’est pourquoi Siteny et Andry Rajoelina occupent l’essentiel des discussions portant sur l’actualité.
Pour beaucoup de Malgaches, c’est par Facebook que les informations arrivent et que les échanges se font. Les opérateurs téléphoniques proposent des forfaits vendant 700Mo de Facebook exclusivement contre 2500 francs. Il est donc possible d’être connecté plusieurs jours.

Conscience patriotique très développée à Madagascar

Voilà le contexte du premier tour de l’élection présidentielle qui doit se dérouler ce 16 novembre à Madagascar :
- 2 candidats ont fait campagne avec des moyens financiers considérables ;
- 10 autres candidats qui n’ont pas fait campagne et qui organisent des manifestations à Antananarivo pour demander la disqualification d’Andry Rajoelina, et la refonte des institutions chargées de contrôler le processus électoral ;
- Madagascar a un président de la République, qui dirige le pays : le Général Richard Ravalomanana est chef de l’État par interim, les administrations continuent de fonctionner.

Cérémonie militaire à la base navale d’Antsiranana (Diego Suarez) à l’occasion de la promotion de militaires de la Marine et de l’Armée de terre.

- Les Malgaches s’informent en allant sur Facebook.
- Pour les Malgaches, la vie quotidienne suit son cours. Vendeur est un des métiers les plus répandus dans les villes. La moitié d’entre eux travaille 7 jours sur 7, l’autre moitié s’accorde le dimanche comme jour de repos par semaine. L’élection a lieu un jeudi, jour de forte affluence en ville. La vendeuse de crédits, de chewing gum et de cigarettes, le vendeur de kat, le chauffeur de Bajaj ou de taxi-be peuvent se poser la question : renoncer à une demi-journée de salaire pour aller voter ?
La conscience patriotique est très développée à Madagascar, et par respect pour leur pays, de nombreux Malgaches se presseront pour aller voter ce 16 novembre 2023 pour le premier tour de l’élection présidentielle à Madagascar.

M.M.


Un message, un commentaire ?

signaler contenu

Plan


Facebook Twitter Linkedin Google plus