4e cyclone en deux mois à Madagascar : l’urgence de la solidarité

Emnati à Madagascar : 14 morts, plus de 153.000 sinistrés et près de 45.000 réfugiés

1er mars 2022, par Manuel Marchal

Pendant que les deux camps impliqués dans la guerre en Ukraine cherchent à obtenir le soutien de Madagascar, nos voisins doivent faire face aux nombreux drames causés par le passage du cyclone Emnati. Le bilan officiel fait état de 14 morts et plus de 153.000 sinistrés. Ils s’ajoutent aux plus de 120 morts et 125.000 sinistrés causés par Batsiraï, et aux 34 morts et 62.000 sinistrés provoqués par Ana sans oublier plusieurs décès et plusieurs milliers de sinistrés en raison de la tempête Dumako. Toutes ces catastrophes ont eu lieu en moins de deux mois, elles appellent à une solidarité urgente. Cette solidarité était-elle la préoccupation principale des ambassadeurs des deux camps impliqués dans la guerre en Ukraine qui ont défilé hier dans le bureau du ministre des Affaires étrangères pour tenter d’obtenir le soutien de Madagascar ?

Dimanche soir, le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC) a publié le dernier bilan officiel du passage du cyclone tropical intense Emnati dans le Sud de Madagascar. Voici le détail donné par notre confrère 2424.mg :
« Le bilan du passage du cyclone Emnati s’alourdit avec la confirmation des décès notifiés auprès du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC). Le rapport publié dimanche soir fait état de 14 morts confirmés liés aux intempéries. Quatre d’entre eux sont enregistrés à Farafangana, quatre autres à Manakara, trois à Vangaindrano, deux à Ihosy, et un à Mananjary.
Côté sinistrés, le BNGRC en enregistre officiellement 153.423 personnes issues de 40.470 ménages. 43.793 d’entre elles, soit 9.862 ménages, sont encore actuellement déplacées. Ils ne peuvent rentrer chez eux en raison de la destruction de leur maison d’habitation, ou des inondations. Selon les chiffres du BNGRC, Emnati a détruit 6.118 cases d’habitation, endommagé 11.404 cases et causé l’inondation de 5.792 cases ».
Le même bilan fait état de 1.114 établissements scolaires et neuf bâtiments administratifs endommagés. « 2.410 salles de classe sont complètement détruites, 376 autres sont partiellement détruites et 736 salles de classe sont totalement décoiffées ». Au total, plus de 100.000 jeunes malgaches sont privés d’école. Rappelons que le passage de Batsiraï avait été encore plus dévastateur sur ce point, avec plus de 200.000 élèves privés de classe en raison des dégâts.

L’Ukraine préoccupation principale des ambassades étrangères qui courtisent Madagascar

Hier, un ballet diplomatique rarement vu a eu lieu à Antananarivo. Le ministre des Affaires étrangères a reçu le matin les représentants de l’Allemagne, de la République de la Corée, des États-Unis, de la France, du Japon, de la Norvège, du Royaume-Uni, de la Suisse et de l’Union européenne, puis quelques heures plus tard, l’Ambassadeur de la Fédération de Russie à Madagascar. Le but principal des diplomates des deux camps impliqués dans la guerre en Ukraine était de rallier Madagascar à leur position. Par exemple, le communiqué des diplomates reçus le matin ne dit pas un mot sur les dégâts des cyclones et la solidarité avec les victimes.

De nombreux morts et des centaines de milliers de sinistrés en deux mois

Or, depuis le début de l’année, Madagascar a subi les dégâts liés au passage de quatre des cinq tempêtes suffisamment intenses pour être nommées :
– En janvier, Ana a causé la mort d’au moins 34 personnes et 62.000 sinistrés. Les dégâts ont surtout concerné les Hautes terres, en particulier la capitale Antananarivo.
– Début février, Batsiraï a tué plus de 120 personnes. Plus de 125.000 sinistrés sont à déplorer. Le Sud-Est a été la région la plus touchée.
– Mi-février, Dumako est à l’origine de plusieurs morts et milliers de sinistrés. Toamasina, deuxième ville du pays, a été inondée durant plusieurs jours.
– Fin février, Emnati a ravagé le Sud-Est de Madagascar : au moins 14 morts et plus de 153.000 sinistrés.

La responsabilité des États d’Europe et d’Amérique du Nord dans la crise climatique

En deux mois, l’enchaînement des cyclones et des tempêtes qui ont touché Madagascar sont à l’origine de près de 200 morts, et de plusieurs centaines de milliers de sinistrés. C’est un choc considérable pour n’importe quel pays. Il faudra d’importants efforts pour surmonter cette épreuve. Or, comme de nombreux pays en développement, Madagascar doit également faire face à une grande pauvreté, et à l’augmentation rapide de sa population.
La succession de ces catastrophes rappelle que le changement climatique rendra les cyclones plus intenses. Le dérèglement du climat actuel résulte de l’accumulation des gaz à effet de serre lié à un mode de production reposant sur la consommation de charbon et de pétrole datant du 19e siècle. Les pollueurs historiques sont les pays de l’Europe, de l’Amérique du Nord ainsi que le Japon dans une moindre mesure. Les représentants de tous ces pays ont défilé hier dans le bureau du ministre des Affaires étrangères de Madagascar. La réparation des dégâts causé par leur « modèle » de développement et l’important devoir de solidarité qui en découle étaient-ils leur préoccupation principale ?

M.M.

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