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Le début de l’engagement politique de Gisele Rabesahala -7-
9 janvier, par
En décembre 1949, Gisèle Rabesahala prend la première fois la parole en public, c’était lors de la Conférence des Femmes progressistes d’Asie à Pékin. Elle informe alors le monde sur la répression et les mauvais traitements infligés aux prisonniers politiques capturés lors de la révolte de 1947 contre le colonialisme français. De retour à Madagascar, elle fit partie des jeunes militants qui fondèrent, le 3 mai 1950, le Comité de solidarité de Madagascar. Les fondateurs du Fifanampiana Malagasy revendiquent l’héritage du mouvement de rénovation et reprennent la revendication d’indépendance de Madagascar. Gisèle Rabesahala fit alors la connaissance de Raymond Vergès, le fondateur de « Témoignages » qui devint l’un de ses mentors.
Le groupe de jeunes, amis de Rabesahala et les familles de prisonniers constituent un petit comité d’aide improvisé aux prisonniers politiques (1), non déclaré par peur de la répression. Malgré cette menace, Gisèle Rabesahala reste très active au sein de ce comité. Avec ses deux écoles politiques, le Groupe d’étude communiste (GEC) et le MDRM, elle devient une militante nationaliste de gauche très engagée. Elle assure la distribution et l’envoi des vivres, des médicaments, des vêtements, des livres collectés auprès des bienfaiteurs nationaux et étrangers pour les prisonniers disséminés dans différentes prisons de l’île. Elle établit des relations entre les prisonniers et leurs familles. Tous les trois jours, elle envoie des colis par voie postale dans les villes où il y a des prisonniers de la répression de l’insurrection.
En décembre 1949, quelques mois après la prise de pouvoir du Parti communiste chinois et la naissance de la République populaire de Chine, une Conférence des Femmes progressistes d’Asie se tient à Pékin. L’Union des Femmes française (UFF), une organisation affiliée au PCF est invitée à cette conférence. Pierre Boiteau, ayant bien remarqué le dynamisme et la bravoure de Gisèle Rabesahala au sein de ce comité, lui suggère de participer à la conférence de Pékin avec ses consœurs de l’Union des Femmes française. Pierre Boiteau, devenu son mentor politique est à ce moment sur le point de quitter Madagascar après avoir été considéré par l’administration comme une persona non grata. Arrivé en France, il utilise tous les moyens pour faire venir Gisèle à Paris pour qu’elle puisse partir avec ses pairs de l’UFF. Pour son voyage, elle ment à sa mère en disant qu’elle va poursuivre ses études en France (2). Arrivée à Paris, elle part pour Pékin avec les membres de l’Union des Femmes française. Elles font un long périple ferroviaire en passant par Prague, Varsovie, Moscou, Sibérie.
A la Conférence de Pékin, Gisèle Rabesahala prend la parole devant des milliers de femmes venant de plusieurs pays, c’est une occasion pour elle de faire connaître à toute assistance internationale ce qui se passe à Madagascar, les conditions vécues par les prisonniers politiques et la répression colonialiste. Indignées en apprenant l’information sur la Grande île partagée par la jeune militante malgache, les participantes à cette conférence adoptent une résolution demandant au gouvernement français la fin de la répression et la libération des patriotes emprisonnés (3). C’est donc la première apparition publique de Gisèle Rabesahala. De retour, elles s’arrêtent à Moscou pour participer à un meeting de compte rendu de la Conférence de Pékin organisé par le Comité des Femmes soviétiques. C’est une occasion pour elle de voir Staline qui est présent à ce rassemblement. Elle est donc la première Malgache à mettre ses pieds à Moscou.
De retour à Paris, elle est accueillie par la famille de Pierre Boiteau. Pendant son séjour à Paris, son agenda est surchargé. Elle s’entretient avec des Malgaches résidents en France voulant s’informer sur la situation à Madagascar. La Fédération des Étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) organise une conférence en solidarité avec les prisonniers politiques en Afrique ; Gisèle Rabesahala est invitée à y intervenir. Elle explique la situation malgache. Elle est aussi reçue au siège du Secours populaire français. C’était une occasion pour les journalistes de La Défense de l’interviewer. Elle révèle les traitements horribles infligés aux prisonniers de l’insurrection et lance un appel de détresse pour les sauver : « les autorités essaient de cacher la vérité, mais les lettres des prisonniers nous l’informent… les mauvais traitements, la faim, le manque total des soins les plus nécessaires. En février 1949, nous avons appris la mort d’Emmanuel Randrianatoandro, à Sambava, qui a succombé à la suite des sévices de ses gardiens… Nos amis risquent de mourir des maladies contractées sous ce régime inhumain. La solidarité des Malgaches se manifeste constamment… Un comité d’aide est formé à leur intention. Malheureusement, beaucoup des médicaments nécessaires sont introuvables sur l’île… Il faut secourir nos frères malgaches » (4).
A cause de son courage pour dénoncer la répression infligée aux prisonniers politiques malgaches, elle court de grands risques et périls pour sa personne à son retour à Madagascar.
De retour à Madagascar, forte de ses expériences de rencontres internationales et de ses contacts avec des organisations progressistes de différents pays voulant aider les détenus politiques malgaches, Gisèle Rabesaha qui vient d’avoir 21 ans, l’âge légal pour déposer les statuts d’une association, décide de créer le Comité de solidarité Madagascar (COSOMA), le 3 mai 1950. Dans cette entreprise audacieuse, la jeune militante est assistée par ses amis, Arsène Ratsifehera, Basile Andriantseheno, Victor Razafimahazo, Clément Ramamonjisoa, Maurice Rakotobe, Henri Rakotobe, Remi Rakotobe, déjà connus dans le monde du syndicalisme. Au sein de cette nouvelle organisation, Gisèle Rabesahala occupe la fonction de secrétaire générale et Henri Rakotobe est désigné comme président. Très vite, le comité s’installe dans plusieurs régions de Madagascar. Il utilise le réseau du MDRM et recrute comme membre les rescapés du mouvement et les membres des familles de prisonniers.
Les statuts du comité fixent ses principaux objectifs, dont, premièrement, la lutte pour la libération et l’amnistie de tous les patriotes emprisonnés à la suite des événements de 1947-1948 et deuxièmement, la solidarité aux victimes des calamités naturelles.
Au-delà des objectifs humanitaires stipulés dans les statuts, cette équipe de jeunes militants fondateurs du Comité de solidarité a des buts clairement politiques : donner un nouveau souffle aux sentiments patriotiques mis à mal par le massacre de nombreux cadres du MDRM (5). En jetant en prison les cadres et responsables du MDRM, l’administration espère avoir décapité la velléité indépendantiste à Madagascar. Pendant trois ans après l’insurrection, la revendication de l’indépendance immédiate devient un sujet tabou. Les nationalistes, qui n’étaient pas arrêtés, sont contraints d’observer le silence. Ces jeunes militants qui prêtent main forte aux condamnés de la révolte de 1947, montrent manifestement leur initiative de continuer le combat politique entamé par le MDRM. Ils revendiquent l’héritage du mouvement de rénovation et reprennent la revendication d’indépendance de Madagascar. Le comité mène simultanément des actions humanitaires et des activités politiques.
Dans ses actions humanitaire et politique, le COSOMA de Gisèle Rabesahala est épaulé par le parti PCF et sa Fédération réunionnaise. Raymond Verges, député et secrétaire général de la Fédération du Parti communiste français à La Réunion devient en quelque sorte le mentor politique de la jeune militante.
(à suivre)
Georges Radebason
(1) Les nationalistes, membres du MDRM (Mouvement démocratique de la rénovation malgache) arrêtés suit à la révolte de 1947.
(2) Gisèle Rabesahala, op cit p. 80
(3) Ibid
(4) La Défense n°259 du 17 février 1950
(5) Rabesahala Gisèle, « Témoignage de Gisèle Rabesahala », in Omaly sy Anio n° 41-44, Antananarivo, 2001, P. 17
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